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reste l’effort volontaire qui applique a l’accomplissement de l’action les facultés exécutrices. Ces facultés exécutrices varient suivant les actions a réaliser, l’esprit, s’il s’agit d’un travail intellectuelles membres, s’il s’agit d’un labeur matériel, etc. Cette réalisation, pour se continuel’, est le lait d’une motion volontaire persévérante. Ibid., q. xvi, a.’A, ad l" m.

Onzième acte : la satisfaction de la volonté qui a conquis la fin désirée. —

Enfin, cette exécution même met dans la volonté la joie de posséder en lin le bien désire, la fin escomptée. L’action a son résultat. Le cycle de cette action est terminé.

Voilà donc l’action humaine dans sa complexité, dans sa coupe foncière et sa configuration psychologique. Nous en donnons ici un tableau résumé.

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ACTES D’INTELLIGENCE ET DE VOLONTÉ

QUI INTÈGRENT UN ACTE VOLONTAIRE COMPLET

D’APRÈS SAINT THOMAS
Actes de l’intelligence. Actes de volonté. colspan="3" style="text-align : center ; " | 1° En regard de la fin : 1. Idée d’un bien aimable,
d’une fin désirable.
2. Amour de complaisance pour
ce bien, pour cette fin.
3. Jugement appréciant la
possibilité de conquérir ce bien,
de réaliser cette fin.
4. Volonté efficace de tendre
à la réalisation de la fin.
colspan="3" style="text-align : center ; " | 2° En regard des moyens : 5. Conseil institué pour rechercher
les moyens de réaliser la fin.
6. Consentement à ces divers moyens
proposes par l’esprit.
7. Jugement qui détermine
le moyen le plus apte.
8. Choix (élection)du moyen
jugé le plus apte.
colspan="3" style="text-align : center ; " | 3° En regard des réalisations : 9. Intimation ou précepte de
la réalisation du moyen, de l’action.
10. Vouloir qui applique les
facultés exécutrices,
11. L’acte étant réalisé par
l’une ou l’autre des facultés
dont il relève, la volonté jouit
de la possession de la fin obtenue.

Quand nous disons que tous ces actes interférents d’intelligence et de volonté composent l’action humaine, nous entendons celle-ci de l’action humaine intérieure par opposition à l’action humaine extérieure. Qu’est-ce à dire ? L’action humaine extérieure, c’est l’action particulière réalisée : tel acte vertueux, tel acte de vertu ou de devoir d’état, cette étude, ce renoncement, cette prière, cette démarche, ce service rendu, etc., en un mot, toute œuvre que nous faisons, toute besogne que nous accomplissons, toute activité que nous déployons. Nous la nommons extérieure, non parce qu’elle se manifeste toujours extérieurement par des mouvements corporels, mais parce qu’elle est en dehors de l’action intérieure de discernement qui la commande raisonnablement. Cette action humaine intérieure est précisément ce complexe d’actes d’intelligence et de volonté dont nous venons de parler en tout ce chapitre. Il me faut, pour faire œuvre raisonnable d’étudier, de prier, d’être charitable, etc., avoir raisonné préalablement, en conformité avec un but précis, de l’opportunité de l’action en cause. La raison du but, la raison du moyen : voilà le raisonnable obligé de l’action humaine. Au sein de cette action intérieure, de cette réflexion et de ce jugement pour l’action raisonnable, le discernement, on l’a vii, affecte trois actes qui sont actes d’intelligence : le conseil, le jugement et l’intimation. Et ce sont précisément ces actes qui, lorsqu’ils seront parfaits, c’est-à-dire intelligents, lucides, sagæcs, accommodés aux exigences de la loi morale et à celles des actions pratiques qu’ils commanderont, constitueront la vertu cardinale de prudence ou vertu du gouvernement de soi même. Dans la conscience surnaturelle, la vertu infuse de prudence sera également le parfait usage de ci s trois acte* intellectuels en vue de discerner, sous l’impulsion de l’amour de I tien, les actes qui accomplissent sa loi. I.e vrai prudent sera l’homme du bon conseil, du bon jugement et de la bonne décision impérative. Les perfectionnements nécessaires a la prudence auront pour effet d’assurer plus d’acuité intellectuelle a ces trois actes, (/est aussi par la déficience ou l’imperfection de l’un ou l’autre de ces mêmes actes que seront caractérisés les vices opposés a la vertu de prudence.

Est-ce que tous ces actes d’intelligence et de volonté qui composent l’action humaine intérieure jouent à propos de tout ce que nous faisons, et j’entends parler ici de toutes nos actions raisonnables ? Non, pas toujours, de façon aussi explicite : quelques-unes de nos actions se présentent sans complication, car elles se renouvellent dans des circonstances quasi inchangées, elles n’ont pas besoin d’être précédées d’un conseil informateur ni d’un long raisonnement, surtout si elles sortent d’habitudes depuis longtemps fixées et orientées. I » -IIæ, q. xiv, a. 4, ad 2°™, ad 3um. Au début, il a fallu réfléchir ; mais le raisonnement, au moins dans sa complication, n’a plus à intervenir. Toutefois, ces automatismes ont besoin d’être surveillés : le discernement doit toujours être attentif à toute action, même habituelle, à cause des modifications inattendues dans les circonstances qui l’accompagnent. La vertu de prudence donne à notre conscience d’appliquer sa clairvoyance à toutes nos situations, embarrassées ou simples, et d’en faire sortir le verdict de l’action morale.


IV. La prudence vertueuse.

La prudence est une vertu morale, parce qu’elle suppose la rectification de la volonté vis-à-vis de tout le bien moral ; il s’agit d’accomplir de bonnes actions en les discernant partout où elles sont exigées. Elle est sans doute une perfection de l’intelligence, mais son discernement est au service de la volonté rectifiée vis-à-vis de tout le bien raisonnable. Le prudent ne discerne pas pour le plaisir d’examiner des cas compliqués et de faire preuve de souplesse et de perspicacité d’esprit, mais parce qu’il veut bien faire, pratiquer la vertu, obéir à la loi de Dieu. La prudence est préceptive du bien. II a -II a, q. xlviii, a. 4.

La prudence est une vertu spéciale.

Elle se distingue des autres vertus. Nous savons qu’il y a trois cadres principaux de vertus : les vertus intellectuelles d’ordre spéculatif, les vertus intellectuelles d’ordre pratique, et les vertus morales. Tout d’abord, la prudence se distingue des vertus intellectuelles spéculatives. Celles-ci se divisent en deux catégories : la sagesse ou les sagesses, puis les sciences. La sagesse, et les sciences visent à connaître le vrai, qu’il s’agisse du vrai, explication dernière des choses comme la sagesse, ou qu’il s’agisse du vrai par raisonnement ou par induction, comme les sciences. Elles ont trait à ce qui est vrai en tout état de cause, en dehors de toute contingence : la philosophie étudie les raisons premières des êtres ; les sciences étudient les lois générales des phénomènes et des faits. La prudence, tout comme le-vertus intellectuelles, discerne le vrai, mais le vrai pratique, l’action à réaliser en tant qu’elle est conforme à la loi du bien, à la volonté de Dieu..Mai n’est pas la même façon de raisonner que dans les sciences spéculatives : on ne cherche pas à connaître pour connaître, pas même à devenir savant en fait de doctrine morale, tel le moraliste, ou en fait de cas pratiques, tel le casuiste : on cherche seulement à voir comment il faut agir pour être vertueux et pour bien se conduire.

La prudence se distingue des vertus intellectuelles pratiques ordonnées aux « ’livres de métier, aux be