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PRUDENCE. LES PHASES DE L’ACTE HUMAIN
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circonstances Immédiates et concrètes, quelle est l’ac lion à poser <>n à Interdire, pour que soi i obéie la loi de Dieu et que soient observées toutes les exigences du devoir. Qu’est-ce que je dois faire en ce moment, en face <le ce devoir, dans cette difficulté, disant cette tentation, pour rire Adèle à l’amour de Dieu ? Voilà l’enjeu, continuellement insistant dans nos vies, du discernement prudent ici.
3° La prudence présuppose la volonté du bien vertueux. Ce n’esl pas seulement dans nos discernements de prudents que nous mettons en œuvre notre raison pratique. Continuellement, nous utilisons celle ci pour diriger nos besognes matérielles et intellectuelles, nos occupations journalières, nos labeurs de toute sorte qui demandent réflexion, raisonnement, attention de notre esprit. Les besoins humains créent sans cesse toute une activité de savoir-faire professionnel, de métiers, d’arts techniques. Mais, dans toutes ces occupations raisonnables et intelligentes, l’esprit pratique n’est pas nécessairement au service d’une fin morale. Des habiletés techniques sont souvent utilisées en vue de buts immoraux, réprouvés par la loi de Dieu. On peut être un bon artisan, un bon chauffeur d’auto, un sculpteur génial, une dentellière aux doigts ailés et délicats, et ne rien valoir au point de vue religieux ni au point de vue moral. Évidemment, nous devons — si nous avons une conscience surnaturelle — sanctifier nos tâches, ne rien produire au point de vue métier, enseignement, écrit, art, besogne matérielle, occupations courantes, qui offense la loi de Dieu ou l’honnêteté. Mais la réussite technique de l’œuvre que nous faisons et dans laquelle peut se déployer toute l’ingéniosité de notre esprit ne dépend pas du but que nous nous donnons : ce but peut être bon ou mauvais, utilitaire ou désintéressé, visé pour Dieu ou pour l’applaudissement public.
Le discernement prudentiel, au contraire, ne s’exerce qu’en vue d’une fin moralement bonne, il suppose nécessairement la volonté efficace du bien vertueux. Ha-i [æ ; q. xlvii, a. 4. C’est sous l’impulsion de cette volonté, à l’état d’amour, que se déploie la sagacité intellectuelle de la prudence : on veut accomplir son devoir et, à cause de cela, on s’empresse de trouver la meilleure ligne de conduite ; on aime Dieu et, parce qu’on l’aime, on veut lui prouver son amour par des actes vertueux conformes à sa loi. Règle péremptoire : le discernement prudentiel est sous l’intimation du vouloir moral ; dans la conscience surnaturelle, il est sous l’intimation de la charité pour Dieu. Le discernement de raison au service du mil, c’est la prudence de la chair, la fausse prudence, celle du pécheur. Dans le discernement moral, on ne raisonne que pour faire une bonne action, le point de vue n’est pas tant d’agir que de bien agir. Cette finalité morale est caractéristique du discernement prudentiel et qualifie en lui l’activité de l’esprit. Il s’agit d’un raisonnement pour - la vertu, d’une logique déployée pour la bonne conduite. La même raison, qui a établi en nous les convictions morales en donnant à notre volonté de les viser comme des buts décisifs et des intentions préférées se porte, par son discernement, sur les moyens d’y parvenir. Ces moyens, quels peuvent-ils être, sinon nos actions concrètes et nos réalisations vertueuses ? La prudence y pourvoit : son choix réfléchi marque au coin du raisonnable le déploiement de toutes nos aet ions.
III. Les phases du discernement prudentiel. —
Ce que nous venons de dire de la nature de la prudence n’est encore qu’une vue sommaire. Cette sagesse de l’action vertueuse est un tout complexe qu’il nous faut désormais analyser. Et, pour cela, nous devons rappeler les diverses phases et articulations de l’acte humain. Sans doute, cette psychologie de l’action. nous l’envisagerons en dehors de sa qualité morale ; nous regarderons comment notre raison et notre volonté fonctionnent en prescrivant nos actions bonnes ou mauvaises ; mais, dans cette description, il nous sera pourtant loisible de marquer l’endroit des convictions morales et celui du discernement prudentiel. L’action humaine, c’est l’ad ion propre a l’homme et dont l’animal n’est |ias capable. On l’appelle encore l’action volontaire, l’action raisonnable ; notre raison en est maîtresse, parce qu’elle la commande comme adaptée à un but, comme appropriée à une fin. A cause de cela, cette action volontaire est responsable : elle sort dînons, elle ne nous est pas imposée du dehors, par cont rainte. C’est nous et nous seulement qui la posons : nous y consentons, nous la décrétons ; elle est donc libre. Selon la fin bonne ou mauvaise a laquelle notre raison l’adapte, l’action est elle-même bonne ou mauvaise. Mais, quelle que soit sa qualité morale, l’action humaine est la réalisation d’un acte adapté à une lin sous le gouvernement de la raison.
Comment cela se fait-il ? Nous donnons l’aumône à un pauvre, nous nous vengeons d’un ennemi ; voila des actions réalisées par nous extérieurement. Mais, avant leur réalisation, que se passe-t-il en nous ? Nous le savons déjà : notre raison intervient. Mais comment intervient-elle, par quel acte, par quels procédés ? En jugeant ? en raisonnant ? en commandant ? Sans doute. .Mais notre raison n’est pas seule à intervenir. D’une action humaine, nous ne disons pas seulement qu’elle est raisonnable, mais encore qu’elle est volontaire. Autant dire qu’elle est le fruit du jeu combiné de notre raison et de notre volonté. Et c’est un jeu très compliqué, une entrecroisement très serré d’actes d’intelligence et d’actes de volonté. Il s’agit donc de décrire ces composantes d’une action humaine. Dans le langage courant, avant d’agir, nous disons parfois : t Je vais réfléchir. » Toutes les actions que nous posons comme responsables sont soumises à notre réflexion. Or, cette rumination intérieure qui précède nos actions se compose d’une série d’actes d’intelligence et de volonté entrecroisés et dont on doit distinguer trois étapes successives : 1° phase de l’intention ; 2° phase de la consultation et du choix des moyens ; 3° phase de la réalisation.
1° Phase de l’intention ou de la fin. —
Premier acte : l’idée d’un bien aimable, d’une fin désirable. —
Avant d’agir, je dois avoir un but. Une fin générale est ainsi posée devant mon esprit. L’idée d’un but désirable, d’un bien à conquérir, d’une satisfaction à obtenir, est le point de départ de toute action. C’est notre intelligence qui met en avant l’idée de la fin, que cette idée nous vienne spontanément ou qu’elle soit le fruit de réflexions antérieures. C’est moins notre raison spéculative qui assigne ainsi des buts à notre activité que notre intelligence pratique, intelligence qui est inspiratrice d’un amour, d’un désir, d’un vouloir. Car c’est un but aimable, un bien désirable, une satisfaction alléchante, vus comme tels, motivés comme tels par notre esprit, qui vont mettre en branle notre volonté. Le premier mouvement de l’action humaine donc un acte d’intelligence. Ia-II 33, q. ix. a. 7, ad 2um.
Deuxième acte : amour de complaisance pour le bien qui finalise. —
Dès qu’on a l’idée d’une fin désirable, il est impossible que la volonté n’y soit pas complaisante : elle acquiesce à la fin suggérée ; elle adopt bien proposé par l’intelligence et se sait inclinée vers lui. Le second mouvement de l’action est donc dans la volonté ; c’est la complaisance en ce bien, en cette tin désirable. I a -II®, q. viii, a. 7.
Troisième acte : jugement appréciant la possibilité de conquérir ce bien, de réaliser cette fin. —
Jusqu’ici, nous n’avons pour ainsi dire qu’un optatif, un but qui pourrait être, dans lequel nous nous complaisons ; mais