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    1. PROVIDENCE##


PROVIDENCE. THÉOLOGIE, L’ABANDON DIEU

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ment’.' C’est là le in stère, La réponse est celle i<- saint Paul aux Romains, i. 19’_' i : Val il « le l’injustice H Dieu ? Loin de là, car il dii à Moïse : Je [erai miséricorde à qui je veux faire miséricorde… <> homme ! < 1 Il i es tu pour contester avec Dieu ? //>/L. xi, 33 :

iiliilmlii divitiarum sapientise et scienliæ Deil Nulle intelligence créée, humaine ou angélique, avant d’avoir reçu la vision béatiflque, ne peut voir l’intime conci liation des deux principes dont nous venons de parler. Ce sérail voir comment l’infinie justice, l’infinie mise ricorde et la souveraine liberté s’identifient, sans se détruire, dans l’éminence de la Déité, dans la vie intime de Dieu, dans la lumière inaccessible où Dieu habite,

1 Tim., vi, 16, lumière trop forte pour ims faibles yeux et qui nous fait l’effet de l’obscurité ; c’est <lle que les mystiques appellent la grande ténèbre —,

L’important ici est de ne pas nier le clair à cause de

l’obscur : ce serait tomber dans l’absurde, et de laisser le mystère à sa vraie place, là où il est, au-dessus de tout raisonnement et de toute spéculation théologique, objet <le foi et de contemplation surnaturelle.

X. La prière et l’abandon confiant a la Providence. — 1° Signification de la prière. — Lorsqu’il est question de l’infaillibilité et de l’immutabilité des décrets providentiels, il n’est pas rare qu’une difficulté se présente à l’esprit : si la Providence infaillible est universelle et si elle a tout prévu, quelle peut être l’utilité de la prière ? Comment nos supplications pourraient-elles éclairer Dieu et lui l’aire changer ses desseins, à lui qui a dit : Ego sum Dominas, et non mutor ?

Par ailleurs, il est dit dans l’Évangile : < Demandez et vous recevrez. » En réalité, cette objection, souvent formulée par les incrédules, en particulier par les déistes du xviir et du xix l siècle, vient d’une erreur sur la cause première de l’efficacité de la prière et sur le but auquel elle est ordonnée. Voir l’art. Prière, col. 201.

Comme l’explique saint Thomas, II a -Il æ, q. lxxxiii, a. 2, la prière n’est pas une force morale qui aurait son premier principe en nous, ce n’est pas un effort de l’âme humaine qui essaierait de faire violence à Dieu, de lui faire changer ses dispositions providentielles. Si l’on parle ainsi quelquefois, c’est par métaphore.

La prière a été voulue par Dieu bien avant que nous voulions nous mettre à prier. De toute éternité, Dieu a voulu la prière comme une cause des plus fécondes dans notre vie spirituelle ; il l’a voulue comme un moyen d’obtenir la grâce qui nous est nécessaire. C’est lui-même qui l’a inspirée aux premiers hommes qui, comme Abel, lui ont adressé leurs supplications ; c’est lui qui la faisait jaillir du cœur des patriarches et des prophètes.

La réponse à l’objection que nous venons de rappeler est au fond très simple, malgré le mystère de la grâce qui s’y trouve contenu. Cette réponse consiste en ceci : la vraie prière faite dans les conditions voulues est infailliblement efficace, parce que Dieu, qui ne peut pas se dédire, a décrété qu’elle le serait.

Non seulement tout ce qui arrive a été prévu et voulu (ou au moins permis) par un décret providentiel, mais la manière dont les choses arrivent, les causes qui produisent les événements, les moyens par lesquels s’obtiennent les lins. Dans tous les ordres, depuis celui de la matière brute jusqu’à celui de la vie de la grâce, en vue de certains effets, Dieu a préparé les causes qui les doivent produire ; en vue de certaines fins, il a préparé les moyens proportionnés.

Or, la prière est une cause ordonnée de toute éternité par la providence à produire cet effet qui est l’obtention des dons de Dieu nécessaires au salut. Et donc l’immutabilité des desseins de Dieu, bien loin de s’opposer a l’efficacité de la prière, en est le suprême fondement. Le Seigneur, lorsqu’il nous dit : ’Demandez

ei vous recevrez, est comme un père qui est résolu

d’avance d’accorder un plaisir a ses enfants et qui les porle a le lui demander. Mais, pour que la prière soit bien ordonnée, elle doit se rappeler cette parole il. l’Évangile : Cherchez le royaume des deux, et tout le reste VOUS sera donné par surcroît. Ainsi, elle est un culte rendu a la Providence, elle reconnaît con stamment que nous sommes sous le gouvernement de Dieu, el même celui qui prie comme il faut, avec humilité, confiance et persévérance, en demandant, pour soi et pour les autres, les biens nécessaires au salut, coopère au gouvernement divin, car Dieu a décidé’de toute éternit é de ne produire tel effet salutaire qu’avec notre concours, qu’à la suite de notre intercession.

2° L’abandon à P/ providence. - La prière doit s’accompagner d’abandon confiant a la providence. Il importe ici de rappeler brièvement les principes du véritable abandon, ils dérivent de la notion de la providence qui a été exposée plus liant.

La doctrine de l’abandon a la providence, manifestement fondée sur l’Évangile, a été faussée par les quiétistes, qui se sont laissés aller a la paresse spirituelle, ont plus ou moins renoncé à la lutte nécessaire a la perfection et ont gravement diminué la valeur et la nécessité de l’espérance, tandis que le véritable abandon est unv forme supérieure de la confiance ou espérance, unie à l’amour de Dieu [jour lui-même. On peut, il est vrai, s’écarter aussi de la doctrine de l’Évangile sur ce point par un défaut opposé à celui des quiétistes ; ce défaut opposé à leur paresseuse quiétude est l’inquiétude vaine et l’agitation stérile.

Ici comme ailleurs la vérité est un point culminant, au milieu et au-dessus de ces deux erreurs extrêmes opposées entre elles. Pour se préserver des sophismes qui ne contiennent qu’une fausse apparence de perfection chrétienne, il importe de rappeler ici le sens et la portée de la vraie doctrine de l’abandon, en disant pourquoi et comment nous devons nous abandonner à la providence.

1. Pourquoi devons-nous nous abandonner à la providence ? — Tout chrétien répondra : à cause de sa sagesse et de sa bonté. C’est certain, mais, pour le bien entendre et éviter l’erreur quiétiste, qui renonce plus ou moins à l’espérance et à la lutte nécessaire au salut, pour éviter aussi l’autre extrême, l’inquiétude vaine et l’agitation, il faut rappeler quatre principes qui dérivent de la notion de providence qui nous est donnée par la révélation.

Le premier de ces principes est celui-ci : « Rien n’arrive que Dieu ne l’ait prévu de toute éternité et qu’il ne l’ait voulu (si c’est un bien) ou du moins permis (si c’est un mal). »

Le second principe est que Dieu ne peut rien vouloir et rien permettre qu’en vue de la fin qu’il s’esl proposée en créant, c’est-à-dire qu’en vue de la manifestai ion de sa bonté, de ses perfections infinies, et en vue de la gloire de FHomme-Dieu, Jésus-Christ, son Fils unique. Omnia enim vesira sunt, vos autem Christi, Christus autem Dei. » I Cor., m. 23.

A ces deux principes s’ajoute celui-ci, formulé par saint Paul, Rom., viii, 28 : Nous savons que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein et qui persévèrent dans son amour. Dieu fait concourir à leur bien spirituel non seulement les grâces qu’il leur accorde et les qualités naturelles qu’il leur a données, mais aussi les maladies, les contradictions, les échecs, jusqu’à leurs fautes, dit saint Augustin, qu’il ne permet que pour les conduire à une humilité plus vraie, à un amour plus pur, comme il permit le triple reniement île Pierre pour le rendre plus humide et plus déliant de lui-même, par là même plus confiant en la divine miséricorde et plus fort. Voir saint Thomas, Comment.