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PH0V1DENCE. THÉOLOGIE, l.’l N1VERSALITÉ

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vés. Mais, luiii considéré, II ne veut pas efficacement ou de i « >innic conséquente que, sans exception, ions les fruits mûrissent, que tous les animaux aient le nécessaire, que imis les hommes soient sauvés, Il permel que les créatures défectibles défaillent parfois, il le permel en vue d’un bien supérieur dont il est juge et qui ne nous est pas toujours connu.

H suit de là, comme l’enseignent les thomistes, que la providence présuppose non seulement la volonté divine antécédente, mais la volonté divine conséquente de manifester la bonté de Dieu par les moyens choisis pur lui, c’est-à-dire par l’ordre de la nature et de la grâce (avec permission du péché) el par celui del’incarnation rédemptrice. Cela suppose la nui, , nie antécédente de sauver tous les hommes (en vertu de laquelle Dieu qui ne commande jamais L’impossible, rend ses commandements réellement possibles à tous) et la volonté conséquente de conduire efficacement au salut tous ceux qui de l’ait seront sauves. C’est ainsi que la prédestination est, à raison de son objet, une partie de la providence et la plus élevée. Cf. saint Thomas, I’.q. xxiii, a. 1.

Les thomistes en concluent que la providence, lorsqu’elle suppose la volonté conséquente de la fin, est doublement infaillible quant à l’ordination des moyens et quant à l’obtention de la fin, tandis qu’elle est infaillible seulement quant à l’ordination des moyens et non pas quant à l’obtention de la fin lorsqu’elle suppose seulement la volonté antécédente de cette fin. La raison en est que l’efficacité de la providence (ou de Vimperium divin) pour l’obtention de la fin, dépend du vouloir efficace de cette fin. En cela la providence générale, qui s’étend à tous les hommes et leur rend le salut réellement possible, diffère de la prédestination, qui conduit infailliblement les élus au terme de leur destinée. Cf. saint Thomas, De veritate, q. vi, a. 1.

2° Comment la providence surnaturelle se distingué-t-elle de celle de l’ordre naturel ? — Il y a en Dieu une seule providence, qui cependant, à raison de ses divers objets, peut recevoir diverses dénominations : 1. La providence universalissime ou intégrale est l’ordination de tous les êtres créés à la fin universelle, qui est la manifestation de la bonté divine. 2. Par rapport aux fins particulières, on distingue, la providence naturelle et la providence surnaturelle, et aussi la providence ordinaire et la providence extraordinaire, de qui dépend le miracle. La providence dite naturelle porte sur les choses naturelles, mais celles-ci sont subordonnées par la providence universalissime à la vie surnaturelle des justes et au Christ, chef du royaume de Dieu. Les fins particulières ne sont pas toujours efficacement voulues par Dieu ; ainsi, bien que tous les hommes soient ordonnés par la Providence à une fin dernière surnaturelle, ils ne l’atteignent pas tous. Au contraire, la fin universalissime de tout l’univers, manifestation de la bonté divine, est efficacement voulue par Dieu.

3° Comment la providence se distingue-t-elle du gouvernement divin ? — Ces deux expressions sont souvent prises comme synonymes ; cependant, à proprement parler, comme le dit saint Thomas, « la providence est la raison de l’ordre des choses ou leur ordination, et le gouvernement divin est l’exécution de cet ordre. » I a, q. xxii, a. 1, ad 2um ; a. 3, corp. ; q. xxiii, a. 2 ; q. ciii, a. 1. Gouverner, c’est, sous la direction de l’imperium providentiel, conduire les choses à leur fin. Aussi, comme nous allons le voir, la providence s’étend-elle immédiatement de toute éternité à toutes choses si infimes qu’elles soient, tandis que Dieu gouverne les choses inférieures par l’intermédiaire des créatures les plus élevées, ce qui ne se réalise que dans le temps. Cf. saint Thomas, D, q. ex. a. 1, et De veritate, q. v, a. 1. Le gouvernement divin se distingue ainsi de la providence comme la motion qui suit l’imperium se distingue de celui-ci.

i" Comment enfin, la / rovidence se distingue i elle du fatum au bon sens du mot ? Saint Thomas a plusieurs lois traité celle question. Dans le De veritate, q. v, a. 1, ad 1°" 1. il « lit : Ce qu’est l’idée divine à l’espèce de la chose créée, la providence l’est au fnUtm. qui est l’ordre des choses constitué en elles pur la providence, comme le dit Boèce, he connol., I. IV. prosa <>.

Dans ht Somme théologique, I’. q. cxvi, a. l. saint Thomas rappelle que, selon bien des anciens, le fatum est la disposition des astres sous laquelle tel homme a été conçu ou est né, parce qu’ils croyaient qu’elle influait sur les actes humains et sur les événements fortuits. D’où l’expression : être né sous une bonne ou sous une mauvaise étoile. Mais, dit le saint docteur, cela ne peut s’admettre, car les corps célestes agissent à titre d’agents naturels, déterminés ad uniun : ils ne peuvent donc être (anse des événements fortuits, qui sont tout accidentels. Quant aux actes humains, comme ils procèdent de notre volonté spirituelle, ils ne sont soumis à l’influence des astres que d’une façon tout indirecte. a raison de notre organisme ; et, tant que nous avons l’usage de la raison, cet influx n’est pas plus nécessitant que l’attrait des choses sensibles. Cf. ibid., q. < : xv. a. 4.

Si l’on prend le mot fatum en un bon sens, comme l’a fait Boèce. est-il dit, ibid., q. cxvi, a. 2, il signifie « la disposition ou l’ordre des causes secondes constitué en elles par la providence pour produire certains efîets ». Nous parlons aujourd’hui de la concaténation des causes et du déterminisme physique des lois de la nature qui sont hypothétiquement nécessaires : « Si la chaleur agit sur le fer, elle le dilate ; si le feu agit sur notre organisme, il le bride », mais Dieu peut par miracle agir en dehors de ces lois, comme lorsqu’il empêche invisiblement le feu d’exercer son influence sur un corps humain. De même, le déterminisme des lois naturelles, hypothétiquement nécessaires, n’empêche pas qu’il y ait des événements fortuits, n’empêche pas celui qui creuse une tombe de trouver quelquefois par hasard un trésor ; aussi, ne peut-on prétendre que tout ce qui est soumis à la volonté et à la puissance de Dieu soit soumis au fatum, en prenant ce mot dans un bon sens. Cf. ibid., ad lum, et a. 4, ad 2um.

Nous voyons mieux ainsi quelle est la nature de la providence et ce qu’elle présuppose tant du côté de l’intelligence de Dieu que du côté de sa volonté. Il nous faut considérer maintenant les propriétés principales de la providence : son extension à toutes choses et son infaillibilité.

VII. L’extension de la Providence : comment s’étend-elle immédiatement a toutes choses, si infimes qu’elles soient ? — L’Écriture dit clairement que tout, jusque dans les détails, est soumis à la providence : « Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as ? Et il n’en tombe pas un sur la terre sans la permission de votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous êtes de plus de prix que beaucoup de passereaux. » Matth., x, 2<S ; Luc.xii, 6, 7 : xxi, 18. — « Quand on vous livrera…. ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même : car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. Matth.. x, 19, 20. — C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. Phil., ii, 13.

— « On jette le sort ou les dés dans le pan de la robe. mais toute décision vient de l’Éternel. » Prov., xvi, 33.

Déjà dans la Genèse, xi.v, 8, Joseph vendu par ses frères, leur dit, lorsqu’il se fait reconnaître par eux : Ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu ; il m’a établi… maître de la maison de Pharaon et gouverneur de tout le pays d’Egypte. De la sorte cela même qui est fortuit tombe sous la providence : si