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    1. PROVIDENCE##


PROVIDENCE. THÉOLOGIE, LA PREUVE A l’Mloiil

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les principales définitions de l’Église, qui propose cet le vérité comme vérité révélée, bien qu’elle mjji aussi démontrable.

Le concile < 1 u Val ican déclare : ’niversa, que condi dit, Drus prooidentia sua tuetur atque gubernat, aiitn gens a fine usque ml finem fortiter et disponens omnia suaoiter ». Sap., viii, 1. Omnia enim nuda et aperta sunt oculis ejus, lieu-., iv, 13, ea etiam que libéra creaturarum aclione futura sunt. Denz. Bannw., n. 1784. Cette définition en suppose plusieurs autres relatives aux perfections divines et à l’acte créateur : Deus est intel lectu ac voluntate mimique perfeclione inflnitus. ibid., n. 1782 : liberrimo consilio et non ab eterno ml extra operatur. Ibid., n. 1783. a quoi un comparera ce texte du Syllabus de Pie IX. Deus gubernat omnia agendo in mundum et in humilies. Ibid., n. I7(J2.

I.e Denzingcr résume justement ces définitions et plusieurs autres dans l’index, p. 15 : Deus cognoscit ab œterno omnia, bona et mata. n. 321, præterita, presentia et futura scientia visionis, n. 2184 ; habet potestatem infinitam, ri. 210 : potuit aliter facere ea quai fecit, n. 374. De même, p. 27 : Deus ab iclerno cerle preeseivil el immutabiliter prseordinavit omnia futura, non tamen ideo omnia de necessilale absoluta eveniunt, et il renvoie aux n. 3(10, 316, 321 sq.

Le n. 300 se rapporte à la lettre envoyée par le pape Adrien I er aux évoques d’Espagne, en 785, au début de la querelle adoptianiste. Faisant allusion à certaines opinions que l’on reprochait, de surcroît, aux Espagnols, le pape y rappelle le mot de saint Fulgence. Opéra misericordiæ ac justitie prmparaoit Deus in œternilate incommutabilitatis sine… pneparavil ergo justificandis hominibus mérita, pneparavit iisdem glorificandis et pnemia ; malis vero non prieparai>it uoluntates matas aut opéra mala, sed prseparavit eis justa et œlerna supplicia.

Le n. 316 renvoie au 1 er canon du concile de Quierzy de 853 (cf. ici, t.xii, col. 2920), relatif à la prescience divine en ce qui concerne les réprouvés ; et le n. 321, au 2e canon du concile de Valence (ibid., col. 2922). Le Denzinger aurait pu citer aussi, dans le même sens, la synodale du concile de Thuzey (ibid., col. 2930), où est formulé le principe qui devait mettre fin au querelles théologiques du ixe siècle : Nihil in eielo vel in terra fil, nisi quod ipse Deus aut propitius facit, aut fieri juste permittit. Cette proposition, à la fois négative et universelle, n’admet aucune exception : rien de bien ne se fait que Dieu ne le fasse (qu’il s’agisse du bien d’ordre naturel ou de celui de l’ordre de la grâce, qu’il s’agisse d’actes libres salutaires, faciles ou difficiles), et rien de mal n’arrive que Dieu dans sa justice ne le permette. Ce principe domine toutes les questions de la providence et de la prédestination relatives au bien et au mal.

Notons aussi qu’il fut déclaré contre Eckart qu’il est faux de dire : Deus vult aliquomodo me peccasse, Denz. -Bannw., n. 514, et contre les protestants il est affirmé : Deus peccata lantum permittit. n. 816. Par opposition, Innocent XI condamna ces deux propositions qui nient le souverain domaine de Dieu sur toute créature : Deus donat nobis omnipotentiam suam, ut ea utamur, sicut aliquis donat alleri villam pet librum. Deus subjieil nabis suam omnipotentiam, n. 1217 sq. Il fut aussi déclare’- autrefois par l’Église que l’homme en ses actes n’est pas soumis à la direction des astres, ni régi par le fatum, n. 35. 231°. (il ! 7.

La fin pour laquelle Dieu a créé el gouverne toutes choses n’est pas moins clairement indiquée par les conciles : c’est pour manifester sa bonté. Cf. concile du Vatican : Deus bonitate sua et omnipotenti virtute, non ad augendam suam bealitudinem, née ad acquirendam, sed ad manifeslandam perfeilionem suam per bona. que creaturis impertitur. Denz. -Bannw., n. 1783. Cf. au n. 1806 : mundum ml Dei gloriam conditum esse.

(.’est de Toi. On traduit parlois en disant : h ; fin que

Dieu eut en créant est sa gloire extérieure. mais cette expression gloria externa n’écarte pas toute équivoque : si par gloire extérieure on entend la connaissante de Dieu, accompagnée de louange, qui est dans les créatures supérieures quelque chose de erré, on ne peut dire qu’elle est la fin de l’acte créateur, qui, lui. est incréé ; l’ordre des agents doit en effel correspondre a l’ordre dis lins, et la fin du Créateur n’es) pas inférieure a son action. Aus, i vaut-il mieux dire, comme le fait le concile du Vatican : Dieu a créé et gouverne toutes choses, pt/iir manifester sa bonté incréée : il serait inexact de dire : Dieu a tout créé pour la manileslation créée de sa honte, car tout ce qu’il crée, doit avoir une fin supérieure. Saint Thomas l’a parfaitement noté, l a. q. ciii, a. 2.

2 u. la lumière de l’enseignement de V Église, ainsi explique, nous pointons proposer la preuue quasi à priori de l’existence de la providence. — C’est celle que donnesaint Thomas, la. q. xxii, a. 1 : l’trum ]>rovidenlia Deo eonveniat ? Le saint docteur suppose ce qui a été établi plus haut sur la science et la volonté de Dieu. La preuve revient a ceci :

En tout agent intelligent préexiste la raison ou l’idée de chacun de ses effets. Or, Dieu, par son intelligence, est cause de tout bien créé et parsuite del’ordre des choses à leur liii, surtout à leur fin ultime. Donc, en Dieu préexiste la raison de l’ordre des choses à leur lin ou leur ordination suprême, que nous appelons la providence, selon la définition nominale de ce mot.

Ainsi, par analogie avec la prudence et la prévoyance du père de famille ou du chef d’État, nous pouvons et devons parler de la providence divine. Elle est, dans l’intelligence divine, la raison de l’ordreou l’ordination de toutes choses à leur fin, et le gouvernement divin est l’exécution de cet ordre. Ibid., ad 2 am.

Pour avoir l’intelligence de cette preuve quasi à priori, il faut rappeler brièvement ce qu’elle suppose du côté de l’intelligence et de la volonté divines. (C’est ici que se trouvent les difficultés métaphysiques, qui semblent avoir arrêté Aristote, lequel n’avait pas l’idée explicite de création.) La preuve suppose que Dieu, étant immatériel, se connaît parfaitement lui-même et connaît par suite sa puissance et tout ce à quoi elle peut s’étendre et s’étend de fait, c’est-à-dire tous les possibles et tout ce qui a été, est et sera. Ainsi est résolue la difficulté qui semble avoir empêché Aristote d’affirmer nettement que Dieu connaît le monde, comme si cette connaissance entraînait une passivité ou une dépendance de l’intelligence divine à l’égard du monde. Toute dépendance est exclue, car Dieu, comme le montre saint Thomas. I », q. xiv, a. 5, connaît toutes choses dans sa vertu divine, ou puissance, qui est cause efficiente de tout : Manifeslum est quod Deus seipsum perfeete intelligit.. cum suum esse sit suum intelligere. Si autem perfeete aliquid cognoscitur. necesse est quod virtus ejus perfecte cognoscatur. Yirtus autem alicujus rei perfecte cognosci non potest, nisi cognoscantur ea ad quæ virtus se extendit. L’nde cum virtus divina se exlendat ad alia, eo quod ipso est prima causa effecliva omnium entium (ut ex supradictis, / a, q. ii, art. 3, patel), necesse est quod Deus alia a se cognoscal. Et pour mieux exclure toute dépendance de l’intelligence divine à l’égard des choses, des créatures et de leurs actes, saint Thomas ajoute : Alia <i se Deus videt non in ipsis. sed in seipso. in quantum essentia sua eonlinet similitudinem aliorum ab ipso. Cf. ad l ii, n : Verbum Augustini, in I. 83 quest., quod Deus nihil extra se intuetur. non est sic intelligendiim. quasi nihil quod sit extra se intueatur ; sed quia id quod est extra seipsum. non intueatur nisi in seipso. Dans la connaissance qu’il a des êtres créés et de leurs actes. Dieu ne dépend nullement d’eux : cette connaissance ne pro ient pas de l’exploration de ce qu’ils sont.