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PROVIDENCE, THÉOLOGIE, LES DONNÉES SCRI PTURA1 RES 996

t oui ce qui lui appartient ; seulement ne porte p ; is la main sur lui. » Ces paroles font penser à celles ci de Notre-Seigneur à Pierre avanl la passion : Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cri bler comme le froment, « Luc, wn. 31. Ce c. i" « lu livre de Job éclaire le livre toul entier ; mais Job lui-même ignore ce que le Seigneur a <lil à Satan et ce qu’il

lui a permis de faire. Ce sont la précisément les voies

cachées « le la providence : l’épreuve des justes. E1 le Seigneur, à la fin du livre, conclu) en disant aux amis de Job : Ma colère esi allumée contre vous parce que vous n’avez pas parlé de moi selon la ériié, comme l’a l’ail mon serviteur Job… Offrez pour vous un holo causte ; Job, mon serviteur, priera pour vous, el c’est par égard pour lui seul que je ne nous traite pas selon vol re folie. » xlii, 7-8.

Tout le livre s’éclaire ainsi par le prologue, où il est dit que le Seigneur avait permis au démon d’éprouver son serviteur Job, intègre et droit et éloigné du mal ». La conclusion est donc manifeste déjà dans l’Ancien Testament, avant la lumière de l’Evangile : Dieu envoie des tribulations aux hommes, non seulement pour les punir de leurs péchés, mais aussi pour les éprouver comme l’or dans la fournaise » et faire grandir leurs vertus. Cf. Eccli., ii, 1-10. C’est la purification de l’amour. Par là s’éclairent en partie dès l’Ancien Testament les voies cachées de la providence.

Cependant, celui ci ne parle guère que d’une façon voilée et symbolique du bien supérieur auquel sont ordonnées les épreuves des justes. Il le fait surtout en décrivant la gloire de la nouvelle Jérusalem. On lit dans Isaïe, i.x, 19 : « Le soleil ne sera plus ta lumière pendant le jour, et la lune ne t’éclairera plus de son flambeau ; Jahvé sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta gloire… et les jours de ton deuil seront achevés. » Cf. Is., lxv, 18. Le livre de la Sagesse, m, 1, dit aussi : « Les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et les tourments ne les atteindront pas. Aux yeux des insensés, ils paraissent être morts, et leur sortie de ce monde semble un malheur et un anéantissement ; mais ils sont dans la paix… Leur espérance est pleine d’immortalité (les justes de l’Ancien Testament devaient après la mort attendre aux limbes que le Rédempteur leur ouvrît les portes du ciel). Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ; car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. Il les a purifiés comme l’or dans la fournaise et les a agréés comme un parfait holocauste. Au jour de leur récompense, les justes brilleront, semblables à la flamme qui court à travers les roseaux. Ils jugeront les nations, et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais… Car la grâce et la miséricorde sont pour ses saints, et il prend soin de ses élus. » Et de même, v, 15 : « Les justes vivent éternellement ; leur récompense est auprès du Seigneur, et le Tout-Puissant a soin d’eux. »

Tel est déjà assez clairement exprimé dans l’Ancien Testament le bien supérieur auquel la providence divine ordonne toutes choses, en particulier les épreuves des justes. C’est la Tin du gouvernement divin.

5° Tous ces enseignements que le théologien trouve dans l’Ancien Testament sont beaucoup plus clairement encore dans le NoilDeau. Il nous apprenti surtout bien mieux à quel bien supérieur la Providence ordonne toutes choses. - Notre-Seigneur dans l’Évangile élève les âmes à la contemplation du gouvernement divin, en nous rendant attentifs à l’ordre admirable qui exisle dans les choses sensibles et en nous faisant entrevoir que, a plus forte raison, il doit y avoir un ordre providentiel dans les choses spirituelles, ordre beaucoup plus beau, salutaire et impérissable. Regardez les oiseaux du ciel, ils ne sèment ni ne moissonnent…. et votre

Père cèle te les nourrit. Ne valez-vou » pas beaucoup plus qu’eux ?… Votre Père céleste sait ce dont vous avez besoin. Cherchez premièrement le royaume de

Dieu et sa Justice, et tout cela vous sera donné par surcroît… A chaque jour sullit sa peine. Mat th., wi,

Les exemples donnés ici par Notre Seigneur montrent que la providence s’étend a toutes choses et donne a tous les êtres ce qui leur convient, selon leur nature. Si elle pourvoit a ce qui est nécessaire aux oiseaux, combien plus a ce qu’il faut a une âme spirituelle et immortelle, qui a une fin incomparablement Supérieure a celle de l’animal.

Jésus ajoute que cette assistance se fera plus particulièrement sentir au moment « le la persécution : Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut perdre l’âme et le corps dans la géhenne. Deux passereaux ne se vendent ils pas un as ? Et il n’en tombe pas un sur la terre sans la permission de votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point : vous êtes de. plus de prix que beaucoup de passereaux. Matth., x, 28 sq.

Ces dernières paroles n’affirment pas moins Vinjail-Ubilité de la providence à l’égard de tout ce qui arrive que son universalité. Cette infaillibilité s’étend manifestement, selon l’Évangile, aux secrets des cœurs et à nos actes libres futurs : Un de vous me trahira. dit Jésus. Matth.. xxvi, 21 ; cf. Joa., VI, (il ; un, 11. Il annonce à Pierre son reniement, il prédit des persécutions, et, s’il connaît avec certitude ces futurs contingents, à plus forte raison le Père céleste les connaît-il infailliblement. Il nous dit aussi : Prie ton Père qui est dans le secret, et ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Matth., vi, (i. La prière suppose que la providence s’étend à nos moindres actes : « Si vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le prient. » Matth., vu. 11. « Comment Dieu ne ferait-il pas justice à ses élus qui crient à lui nuit et jour ; comment tarderait-il à leur égard ? » Luc, xviii, 8.

L’infaillibilité de la providence est liée à la toute-puissance : « Mes brebis entendent ma voix : je les connais et elles me suivront. Et je leur donne la vie éternelle, el elle, ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous, et nul ne peut les ravir de la main de mon l’ère. » Joa., x, 27. Ces paroles touchent le mystère de la prédestination infaillible, qui est, à raison de son objet, bipartie la plus haute de la providence.

L’Évangile dit clairement que tout, même la persécution, concourt au bien de ceux qui aiment Dieu : « Heureux ceux qui soutirent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux. Matth., v, 10. C’est la pleine lumière que faisait entrevoir le I. Il des Machabées, vu. 9, où l’un de ces martyrs, au moment d’expirer, dit au persécuteur : Scélérat que tu es. tu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois. De mieux en mieux apparaît le but suprême vers lequel la providence ordonne toutes choses. Saint Paul l’exprime en disant : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son éternel dessein. » Rom., viii, 28. U dit aussi : Nulle créature n’est cachée devant Dieu, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte. Hebr., i. Ci.

Cependant, si le Nouveau Testament montre beaucoup mieux que l’Ancien le but suprême du gouvernement divin, il n’affirme pas moins que certaines voies