Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/480

Cette page n’a pas encore été corrigée

PRO l l’i NCE. l’i RES G RECS, ORIGf N I

946

III. Les premiers Alexandrins et leurs disciples.

Clément d’Alexandrie a sa manière, qui lui est propre, de marquer l’unité el la continuité du plan providentiel. Alors qu’Irénée comparail Dieu i un potier pétrissant la pâte 1111111.11110. le maître de l’école eatéebétique d’Alexandrie emprunte à ses occupations familières l’Idée d’une éducation progressive de l’humanité ; l’action divine est, avanl tout, une divine pédagogie. Le Logos, sagesse et conseiller du Père, est le suprême didascalos. Sir m., VII, u. P. C, t. i. col. il. a La i » i ancienne, la philosophie grecque el l.i lui nouvelle sont comme les étapes ii<’cette Initiation providentielle. (Sur le rôle providentiel de la philosophie grecque, cf. art. Cm mini d’Alexandrie, t. m. col. 168-171.) Bien que Clément étende cette conception à l’histoire entière de l’humanité, elle ne présente pas chez lui le caractère d’une érité abstraite. Dieu n’esl pas seulement le maître des causes universelles, il régit les êtres particuliers et Jusqu’aux plus Infimes. Strom., VI, mi. col. 388C-392 ; VII, ii, col. 416 AB. Chaque âme particulière est l’objet de action, K-s meilleures surtout jouissent de ses faveurs. Loe. cit., col. 390 AB. La sainteté du gnostique consiste dans une libre correspondance aux biende la providence, grâce aux sentiments d’une amitié réciproque. Strom., VII, mi. col. 157 C. La prière du vrai gnostique, toujours conforme à la volonté iKDieu, est toujours exaucée. Strom., VII, vii, passim. H est peu d’idées sur lesquelles Clément insiste autant que sur celle de la bonté infinie et toujours agissante de Dieu. P.(<L. l. vin. p. < ;.. t. mil col. 325-329 ; in., VI, nm. P. (.’.. t. i. col. 369 B ; VI, wn. col. 384-385. Il est de sa nature d’être bon, il ne cause, eu aucun cas, le mal. Strom., VII, ii, col. 416 A. il le permet seulement, et s.i providence est telle qu’il lui est loisible de faire sortir d’un mal particulier quelque de bon et d’utile. Strom., I. wn, t. viii, col. 801 AB. Les souffrances mêmes des martyrs rentrent dans onomie de la divine providence, cj ni tend, avant toute autre chose, à notre sanctification. Strom., IV, xii, t. mu. col. 1296.

Origène.

Une indication de Grégoire le Thaumaturge, dans son discours de remerciement à Origène, manifeste de façon précise, les tendances intellectuelles du grand alexandrin. Il nous apprend comment celui-ci l’avait exhorte.1 la lecture des philosophes, sans rien rejeter de leurs écrits, si ce n’est ce qui se trouvait contraire a l’existence de Dieu et a sa providence. In Origenem oratio panegyriea, xiii. P. (, .. t.. col. 1088 B. Dotation est précieuse, elle souligne à la fois l’importance accordée par Origène à l’idée de providence tentative qu’il inaugure d’un emploi raisonne des philosophiez païennes dans l’élaboration théologique du doume chrétien. Origène fait d’ailleurs lui-même déclarations de son disciple. Dans sou traité prière, il classe nettement les penseurs en deux ux qui admettent Dieu et sa providence, qui les rejettent sinon de bouche, du moins de fait. S, P. G., t. XI, col. 129 B. Dans le Prriarrhon. l’auteur affirme qu’en toute chose il entend défendre la providence de Dieu, qui s’exerce, de façon 1 l’égard de l’âme immortelle. De princ., III, ul7, P.C., L xi, col. 285 B. Ce ne sont point la de vaines .r. dans le Contra Celsum, il touche à plusieur ., la doctrine de la providence : il l’affame aussi bien contre le fatalisme professé par les que contre les négations des épicuriens avec iuve trop souvent d’accord. Cont.

I, 10, P.., .. t. xi. col. 676. Villeurs, dans le reprend avec vivacité les

raill’! se lorsque celui-ci estime que les chrén’ont aucune raison d’affirmer que Dieu a our l’homme. L’apologiste chrétien sait Ici opposer, avec beaucoup île finesse, a smi adversaire la position voisine des stoïciens : eux aussi déclarent que la nature raisonnable remporte sur celle qui est privée de raison et que, pour elle, la providence dirige toutes choses. Cont. Cels., IV, 74, col. 11Il D-1146 B. Cependant, Origène ne se tait pas illusion sur l’orthodoxie relative de ses allies d’occasion. Il sait très bien, cont re Celse encore, <lisi Inguer le kvcûua matériel

dont parle le Portique, du Dieu spirituel des chrétiens, la providence divine qui embrasse toutes choses n’est

pas un corps qui en contiendrait un autre, c’est la puis

sauce d’un esprit, (’.mil. Cris.. I. 71. col. 1405 CD. Dieu n’est pas dans un lieu qu’il quitterait pour venir a nous, mais 1 en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être i, comme le dit saint Paul ; tout est gouverné, sans que lui même Change en rien, par sa puissance.

Cont. dis.. IV, ;.. col. 1033 D.

Origène sait encore prouver l’existence de la providence soit en philosophe, par la méthode d’analogie, à partir des prévoyances Intelligentes des hommes, Cont. Cels., I. ii, col. 670 BD. soit en apologiste, par la considération des prophéties, comme l’avait fait saint Justin. De princ. IV. 7. P.C.. t. XI, col. 353 BC. Les prophéties sacrées n’ont d’ailleurs rien de commun, pour Origène, avec les prédictions des astrologues ; connue 1 lotin. le docteur chrétien combat vivement leur fatalisme. M. E. Bréhicr, compare, sur ce point, l-’.nn., m. 1. 5, avec un fragment du commentaire d’Origène sur la Genèse qui nous a été conservé par Eusèbe de Césarée dans sa Préparation évangélique, VI, XI, P. G., t. xxi. COl. 477-505. Le traducteur des Ennéades est Une que, chez les deux alexandrins, « l’idée et la marche de l’argument at ion sont les mêmes jusque dans les détails ». Ennéades, texte et trad., coll. G. Budé. t. m. p. 5 et p. 3, note I. En fait, il serait plus juste de dire que, si certains détails d’argumentation, certains exemples d’école sont communs aux deux auteurs, le contexte général est très différent chez l’un et chez l’autre. Toute la discussion est dominée, chez Origène, par l’exégèse de certains textes scripturaircs, par le souci de montrer l’accomplissement des prophéties de l’Ancien Testament, et cela suffit à distinguer très nettement son exposé de celui de Plotin.

C’est peut-être dans son traité De la prière qu’Origène a trouvé les formules les plus nettes pour exprimer comment la prescience universelle de Dieu ne fait pas obstacle à la contingence des causes secondes. Le sujet lui-même exigeait de telles précisions doctrinales, et le grand alexandrin a le mérite d’avoir posé le problème dans toute son ampleur, ainsi que d’y avoir donné une solution remarquable par son équilibre et sa justesse. De oral., 5-8, P. G., t. xi, col. 430-441. Une formule surtout retient l’attention : Dieu connaît nécessairement tel événement futur, mais ne le connaît pas comme nécessaire en lui-même, si de fait il ne l’est pas : Dieu connaît nécessairement que tel homme veut le bien, mais ne le veut pas de façon nécessaire, de même, si tel homme se tourne vers le mal. il reste capable d’une conversion meilleure. Ibid., 6, col. 437 BC. Ainsi la providence de Dieu, qui connaît toutes choses, peut-elle préparer les biens que la prière et la libre conduite auront mérités à chacun.

E. de Faye a exactement noté à quel point Origène, à la suite de Clément, considérait l’action de la providence comme une action pédagogique, comme une éducation progressive de l’aine en vue du salut. Origène, t. m. Paris, ld’- !.s. p. 21 l-’21.">. Le même critique écrit à ce sujet, à propos de la traduction du PeriarcMn par l’.ulin : En maints endroits… perce dans la version de lîuf’m le tenace dessein d’effacer l’idée d’Origène d’une rédemption cffcctiléc par l’éducation de l’ànie. donc d’un Dieu éducateur et d’une providence péda gogique, et de lui substituer l’idée d’un Dieu juge qui