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PROVIDENCE. LA SAINTE ÉCRITURE

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L’Ancien Testament l’ut lent à dépasser, en fait de jugements divins, l’horizon terrestre de la vie présente. Ici même, nous lisons :

Tourne-toi vers le Seigneur et quitte tes péchés,

Prie devant sa lace et réduis l’offense.

Reviens au Très i laut et détourne-toi « le l’injustice,

Déteste avec Force l’impiété.

Qui louera le 1res Haut, au séjour des morts,

A la place des vivants qui sont ses adorateurs ?

a L’homme mort, qui n’est plus, la louange est interdite,

C’est le vivant, le bien portanl qui loue le Seigneur.

Qu’elle esi grande la miséricorde du Seigneur !

Qu’il est grand son pardon envers ceux qui reviennent à lui !

L’homme ne peut pas tout avoir,

Le lils de l’homme n’es ! pas immortel.

Quoi de plus brillant que le soleil ? Il s’obscurcit pourtant.

Le méchant pareillement s’abandonne a la chair et au sang.

Le soleil visite l’armée des cieux, là-haut,

Mais l’homme est terre et cendre. Eccli., xvii, 20-27.

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le fait du mal ait inquiété la pensée israélite et posé devant elle le problème de la justice des jugements divins, surtout lorsque l’idée qu’on s’en faisait se fut décidément individualisée. Ce problème fait tout le sujet du livre de Job et de l’Ecclésiaste. Le second, qui n’arrive pas à dépasser l’horizon de la vie terrestre, n’y fait pas d’autre réponse que celle de la soumission religieuse. Le premier en vient, semble-t-il, à entrevoir aux limites de l’histoire un ultime et juste jugement :

Et moi, je sais que mon défenseur est vivant,

Que, le dernier, il se lèvera sur la terre,

Que, derrière ma peau, je me tiendrai debout

Et que, de ma chair, je verrai Éloah ;

Lui que moi je verrai, moi-même

Et que mes yeux regarderont, moi et pas un autre.

Mon cœur languit dans ma poitrine. Job, xix, 25-27.

L’espérance de la résurrection, et donc d’une autre vie, qui pointe ici, se précise dans Sap., ni, 1 sq. :

Les âmes des justes sont dans la main de Dieu,

Les tourments ne sauraient les atteindre.

Aux yeux des insensés, ils font figure de morts,

Leur sortie a l’air d’un malheur,

Leur départ a l’apparence d’un anéantissement.

Mais ils sont dans la paix.

Quand bien même au jugement des hommes ils seraient

Leur espérance est pleine d’immortalité. [châtiés,

Elle s’affirme enfin II Macch., vii, 9 : « Scélérat, tu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons par fidélité à ses lois. »

Cependant, il appartenait au Nouveau Testament de mettre en pleine lumière cette grande espérance, en dehors de laquelle la doctrine des jugements divins, appliqué© non plus à un peuple, mais aux individus, demeure un tourment pour l’esprit.

b) Les miracles. — L’Ancien et le Nouveau Testament attestent que le miracle est un moyen de gouvernement auquel Dieu, au cours de l’histoire, a eu fréquemment recours. Mais ils nous révèlent en même temps que ce gouvernement divin qui n’hésite pas à recourir au miracle est, comme on l’a dit plus haut, un gouvernement surnaturel, c’est-à-dire tout appliqué à la réalisation des destinées surnaturelles qu’il lui a plu d’assigner à l’humanité. La nature elle-même et l’histoire sont gouvernées par Dieu au bénéfice de ce grand dessein.

II. La providence divine.

Son nom grec est 7rpovoia.

Nous la trouvons mentionnée Sap., xiv, 3 : « Mais, ô Père ! c’est votre providence qui le gouverne », à savoir le navire. De même Sap., xvii, 2 : à propos des

Égyptiens persécuteurs d’Israël fuyant eux-mêmes

votre incessante providence ». Mais providence vaut, en ces propos, gouvernement divin. Il en est de même

de Job, xxxviii, 2 : Qui est celui-ci qui obscurcit la providence par des mots dépourvus de science ? « où Jahvé rabroue ce pauvre Job.

III. La prescience. La providence apparaît, dans l’Écriture, en liaison avec la prescience de Dieu, soi ! commune, soit salviflque.

1° La prescience commune. Nous la trouvons explicitement enseignée à diverses reprises

Is., xi. vi, 10 : Moi qui, des le commencement, annonce la fin, et, longtemps à l’avance, ce qui n’existe pas encore ; qui dis : « Mon dessein subsistera, t j’ac"complirai toute ma volonté. » — S’il annonce, c’est qu’il sait. lit d’où le sait-il ? De la décision qu’il a prise d’accomplir et qui ne saurait être frustrée. Nous avons ici un cas très net de prescience fondée. sur un décret divin d’exécution et donc de vraie providence.

Ps., cxxxix (Vulg., cxxxviii), 16 sq. : « Je (David) n’étais encore qu’un informe embryon que déjà tes yeux me voyaient. Dans ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés. » Seule, la seconde partie du texte se réfère clairement à la prescience. Dieu sait d’avance quelle sera la durée de la vie de David. Cette connaissance est mise en rapport avec l’acte divin qui est censé la fixer : Dans ton livre… La nature de cette relation n’est pas autrement précisée. Cependant, l’acte de fixer le destin doit être considéré comme logiquement antérieur. Ici encore la notion de providence s’affirme expressément.

Eccli., xxxix, 19 : « Les œuvres de toute chair sont devant lui. Impossible de se dérober à ses yeux » C’està-dire simplement que Dieu voit tout. Mais : « Son regard atteint de l’éternité à l’éternité. Il n’arrive rien dont il soit étonné. C’est donc qu’il a tout prévu. Aucune précision n’tst donnée.

Rom., iv, 17 : « Il (Dieu) appelle ce qui n’est pas encore comme s’il était. » Il appelle à l’existence, interprète le P. Lagrange, qui cite comme textes parallèles : « C’est aussi ma main qui a fondé la terre et étendu les cieux. Je les appelle et aussitôt ils se présentent », Is., xlviii, 13, et : « Toi qui as appelé, dès le commencement du monde, ce qui n’était pas encore, et ils t’obéissent », Apoc. de Baruch, xxi, 4, où « appeler » s’entend de la Parole créatrice. N’est-ce pas d’ailleurs l’exégèse imposée par le contexte : « …Le Dieu qui donne la vie aux morts et appelle ce qui n’est pas encore [à l’existence ] comme s’il était » ? Mais, dans cette hypothèse, la comparaison : « comme s’il était » s’entend mal. Peutêtre vaut-il mieux laisser au mot « appeler » un sens plus général impliquant que ce qui n’est pas encore est présent à la pensée divine tout comme ce qui existe. Et cette pensée divine s’affirme comme providence.

La""présence de prophéties dans l’Écriture suppose nécessairement la prescience divine. « C’est la prescience de Dieu qui m’a révélé ces choses », lisons-nous dans Judith, xi, 16. Bien plus, les divines annonces nous apparaissent généralement en dépendance d’un décret divin d’exécution positive ou de permission, ce qui nous conduit à penser qu’il en va de même de la divine prescience. Est-il nécessaire de rappeler que les prophéties enregistrées dans l’Écriture portent sur des événements contingents et le plus souvent libres ? Qu’il suffise de citer, à titre d’exemple, la prophétie sur le serviteur souffrant en Isaïe et les prophéties sur la passion dans les évangiles. Ht toujours la prescience est en même temps providence.

La prescience salvifique.

C’est un cas particulier

de la prescience-providence. Nous en avons déjà parlé à propos de la prédestination. Voir t.xii, col. 2809 sq. Complétons ici la documentation scriptural rc.

I Petr.. i, 20 : Vous avez été affranchis… par un sang précieux, celui de l’agneau sans défaut et sans tache, le sang du Christ, préconnu avant la création