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l' ROVE RBES II i : I. DES COM POSITION

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formulées sans l’inspiration, par n’importe qui ; qu’on y trouve nombre de proverbes populaires et de sens commun qui n’ont rien de divin ; qu’on j lit beaucoup de conseils d'économie domestique que dos servante et « les campagnards entendent sans aucune révéla lion ; qu’on en aurait pu même émettre de meilleurs sans mugrâce de l’Esprit-Saint, el i « " " c’est bien peu estimer l’espi it de prophétie que de lui en attribuer de tels ; bien plus, nombre d’entre eux blessent la charité évangélique, car, si les marchands de notre époque con naissent aussi bien que ceux du temps de Salomon la règle de ne cautionner point autrui à l’aveuglette, vi, l : xxii, 26 ; xxvii, 13, il peut se taire qu'à l'écononw suit à préférer la charité, comme il appert de la parabole du Samaritain, qui, mû par la charité, cautionna le Juif laissé pour mort sur le chemin. " A ce compte, répondait Richard Simon, Réponse aux sentiments dequelques théologiens de Hollande. Rotterdam, 1686, e. xiii, devrait péricliter aussi l’inspiration de beaucoup d’autres livres bibliques, car ils contiennent bien des choses dont la connaissance ne nécessitait point l’inspiration. Mais « autre chose est l’inspiration et autre chose la révélation : l’inspiration d’un livre ne doit pas être déduite de son contenu, mais de la révélation divine elle-même à nous certainement manifestée ». D’autre part, on ne voit pas epuel antagonisme existerait entre le précepte d'éviter de donner une caution imprudente et celui de la charité : quiconque agit suivant la charité n’agit pas à l’aveuglette ou imprudemment. Voir col. 923 au bas. Texte et versions i conclusions).

IV. Composition, auteur et date. 1° Composition. — Le livre des Proverbes se présente à nous comme un recueil de collections de maximes ou sentences morales auquel se trouve préfixée une longue introduction : poème suivi faisant l'éloge de la Sagesse dont sont remplis les proverbes eux-mêmes, i, 7-ix. N'échappe à cette catégorie que le morceau final, xxxi, 10-31, de la « Femme forte », lequel est un poème alphabétique d’une seule venue et d’un seul sujet. Kntrc les deux collections des « maximes de Salomon », x-xxii, lii, et xxv-xxix, qui forment présentement le corps de l’ouvrage, l’auteur de l’introduction paraît bien avoir intercalé, moyennant un court préambule tout à fait de son style, xxii, 17-21, deux petites séries de « Paroles des sages », xxii, 17-xxiv, 22, et xxiv, 23-34, dont une partie, xxii, 17-xxiii, 11, semble avoir été sinon tout à fait empruntée, du moins verbalement imitée — préambule et maximes — du livre égyptien (texte hiératique) des Maximes d’Amenemope, du début du premier millénaire avant JésusChrist.

Ce livre des Maximes d' Amenemope contient, distribuées

en trente chapitres, toute sorte de maximes de bonne vie reli ieuse, morale et philanthropique. Les points de contact avec la première série des Paroles des sa^es sont les suivants : Ain., ni, 9-10, et Prov., xxii, 17 ; Ain., iii, 11, 1(1. et Prov., xxii, 18 ; Am., xxvii, 7-8, et Prov., xxii, 20 ; Am., i, 3-0, et Prov., xxii, 21 ; Am., iv, 4, 5, et Prov., xxii, 22 ; Am., xi, 13, 14, et Prov., xxii, 24 ; Am., xi, 16, 17, et Prov., xxii, 25 ; Am., viii, 9, 10, et Prov., xxii, 28 ; Am.. xx vil, 10, 17, et Prov., xxii, 29 ; Am., xxiii, 13-18, et Prov., xxiii, 1-3 ; Am., IX, 10, 11, 10, et Prov., xxiii, 1 ; Am., ix, 19 ; x, 1..">. et Prov., xxiii, ."> ; Am., xiv, .">. 0, et Prov., xxiii, 0 ; Am., XIV, 7-10, el Prov., xxiii, 7 ; Am., xiv, 17, 18, et Prov.. xxiii, 8 ; Am., xxii, 11, 12. el Prov., xxiii. 9 ; Am., vu, 12 ; viii, 9, et Prov.. xxiii, 10 ; Am., vii, 19 ; VIII, 10, et Prov., xxiii, il. Beaucoup de ces rapprochements faits d<

piano, ou institués £iâee à l’apport du texte des Septante, corrigeant et rétablissant le texte hébreu plus ou moins altéré dans le détail, sont frappants. Fait significatif, le rapport idéal et verbal entre la série des proverbes xxii, 17xxiii, 11, et les Maximes d' Amenemope cesse brusquement avec Prov., xxiii, 12 ; et il est impossible de relever dans tout le reste du livre hébreu d’autre rapport, idéal et verbal

.i li fois, avec ces Mai imes. D’autre part, des quatre verset* de la série non représentés « buis le texte d’Amenemope,

xxii, 19, 23, 20 el 27. deux. 19 el 23, mpeuvent être consi … mine loin ;..mi ou désa régeant le petit bloc des emprunts sciemment laits au livre égyptien, n'étant que la si nature même de l’emprunteur Israélite, par leur carac t. ie essentiellement jahviste" ; les deux autres, 20 et 27, sans analogues non pins dans Amenemope, et ne constituant qu’une seule maxime Mille du cautionnement imprudemment engagé), ont bien ; u exister dans une recension hiératique différente de celle que nous | ossédons ou venir de quelque autre collection égyptienne ou m< me Israélite. Du reste, l’auteur hébreu adapte manifestement ces emprunts laits à la sagesse égyptienne a la pensée et au style hébraïques, par suppression, condensation et remaniements de détail. P. Humbert, Recherches sur les sources égyptiennes île la littérature sapientiale d’Isrt cl. Neucnfltel, 1929, p. 5-34, donne la bibliographie tics plus intéressants travaux sur la question, depuis 1921, ou l’emprunt lut signalé pour la première lois par Krman. A. Mallon, La sagesse de V Egyptien Amen-em-ope et les Proverbes île Salomon, dans liiblica, Rome, 1927, p. 3-30, admet la relation intime entre les passages des Proverbes et l'écrit égyptien. G. Lambert, Ile fontibus œgyptiacis Librorum sapienlialium, dans Verbum domini. l'.ome, 1931, p. 121-128, recommande la plus grande prudence à ce sujet. A. Vaccari, De libris didaclicisflnslitutiones biblicm l, 1929, p. 55, admet lui aussi une grande relation, mais indirecte, entre les deux écrits, lesquels dépendraient alors d’une source commune très vraisemblablement hébraïque. En 1929, E. Dhorme, dans la Revue biblique, p. 622-024, niait tout emprunt : « A peine une influence indirecte, parce que l’auteur des Proverbes aime a consulter la sapesse des peuples. Voir également Isict. apnlog., fasc. 22, 1927, col. 1209-1210 : Dans ce cas, il vaut mieux parler d’imitation que d’emprunt… ; la connaissance que l'écrivain hébreu a eue des maximes du sage égyptien a pu n'être qu’indirecte ou puisée à une source commune. (A. Vaccari, loc. cit.) J. Renié, Manuel d’ficriture sainte, t. ii, Lyon-Paris, 1930, p. 435-430.

La suite des « Paroles des sages », xxiii, 12-xxiv, 22, I rc série, comprendrait même encore trois autres petits g oupes de maximes, introduits chacun par une courte phrase d’allure générale et parénétique : xxiii, 12-18, introduit par 12 : < Applique ton cœur à l’instruction (qui suit) » ; xxiii, 19-25, introduit par 19 : « Écoute, mon fils, et sois sage » ; xxiii, 20-xxiv, 22, introduit par 20 : > Mon fils, donne-moi ton cœur (ton attention). » P. Humbert. op. cit., p. 28. Quant à la collection xxiv, 23-24. elle constitue, avec son préambule :

Ce qui suit vient encore des sages », jusqu'à la deuxième collection salomoniennc, comme un cinquième groupe des susdites séries intercalaires.

Les « Paroles d’Agur, fils de Iaqè ». xxx, et les o Paroles du roi Lemuel », xxxi, 1-9, terminent le livre ou recueil de collection de maximes ; et ces deux groupes peuvent également avoir été adjoints à l’ensemble par l’auteur même de l’introduction sur la sagesse. Le premier paraît toutefois constitué par deux séries encore de maximes, xxx, 1-10, 32-33, formulées au discours direct, et xxx. 11-31 (sauf 17), distinctes des précédentes par leur caractère particulier de proverbes numériques et insérées en groupe compact au milieu des paroles d’Agur proprement dites : les versets 32-33 rejoignent en effet naturellement, comme parénétiques, les versets 1-10 lorsqu’on l’ait abstraction des énigmes 11-31 (sauf 17).

L’adjonction de ces diverses petites collections de maximes, voire d'énigmes, paraît avoir été intentionnellement annoncée par le compilateur et préfacier du livre dans son préambule, ou prologue général, continuant le titre, i. 5-6 : > Que le sage écoute…, il comprendra les proverbes et les sens mystérieux, les maximes des sages et leurs énigmes.

Des deux grandes collections de Maximes de Salomon », la première, x. 1-xxii, 10. n’a pas dû avoir été formée nécessairement avant la seconde, xxv-xxix, attribuée aux hommes d'Ézéchias, si cette dernière