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V. Symptômes db l’opposition à l’anarchie doctrinale Comme on l’a vii, les excès des principes de la Réforme ont développé ! en tous les paya protestants, un profond malaise qui atteint l’idée religieuse elle même. Une poussière de sectes s’esl levée d’une battue par une armée de théologiens. Opposées entre elles, elles ont développé en elles mêmes les gerræs « le la désunion, car, invoquant le principe île la liberté d’examen, elles ont permis a tous leurs adeptes de retenir et île rejeter ilu corps de doctrine commun ee qui leur agréait ou leur répugn lit. L’excès <lu mal a provoque, ces dernières années, un mouvement île .>n, qu’il est indispensable de simuler afin de arquer les tendances qui semblent devoir s’affermir et donner aux protestantismes une orientation non En tous pays, elles apparaissent et ce caractère d’universalité est déjà un symptôme de la profondeur du mouvement. Nous ne parlerons même pas de la réaction connue s.hin le nom de Haute Église, qui, suit en Allemagne, soit en pays anglicans, est l’extrême pointe de l’opposition, toute prête a se détacher des poupes qui officiellement constituent une Église. a l’intérieur même des Églises luthériennes et listes, il est aisé île percevoir des voix nouvelles qui annoncent une volonté de rénovation, non plus le sens du libéralisme sceptique et du modernisme rationaliste, mais de la traditionnelle façon de comprendre et de vivre l’Évangile.

1’Première manifestation de cet état d’esprit : l’opposition au subjectii’isme de lit Ré/orme. —

Depuis iermacher surtout, le protestantisme s’est évertue a rechercher, en dehors de toute donnée révélée, les le la religion dans la conscience humaine. De aient sorties, au fur et à mesure des aspirænt l’homme, toutes les formes de la vie e religieuses. La psychologie expliquait i principes ont commandé toute la

moderne : le subjectivisme extrémiste de ! 1’expérience du salut. prônée rg, Cremer, Kœhler et Ihmels, et toute la ileurs et des t postulats » de l’école de Entre le « moi » et Dieu, il n’y a pas, pour ces is, de passage possible ; l’homme est enfermé « le cercle de fer de son moi ». C’était, transposé sur le domaine théologique, le système de Kant relatif a la connaissance île l’objet, inaccessible au moi.

subjectivisme excessif ne pouvait être combattu par la réhabilitation de l’objet, du non-moi, de l’être conçu et perçu comme une réalité distincte. lia, d’une façon assez peu scientifique un énorme succès, le mystique danois Sceren ! M.S-l.s.V>). La religion, disait-il, est lix de Dieu se faisant connaître, dans .ment, par les révélations qu’il accordait MU prophètes, et, dans le Nouveau Testament, par ement « de son serviteur humilié et frappé », le Christ.lesus. Ix ; s prétendues exigences de la conscience créant en elle la religion, s’élevant aux dogmes, s’incorporant l’œuvre du Christ, sont des romans inventes par l’école de Schleiermachcr et de Ritschl. Cette première offensive s’appuyait sur un grand fonds de mysticisme, qui paraissait ne rien entendre aux bases « scienti tiques » du subjectivisme protestant. 2° M l’année 1904, nous trouvons une autre

menée par de vigoureux esprits, qui prétendent renverser par raisons valables l’idole jusqu’alors inviolée. A Leipzig, le docteur Rudolf Euckerj se faisait connaître par un livre tout de suite rcmarvheilsgehalt drr Religion, que suivit, eu -’. un autre traité. Die Ilauidproblrme der Religionsphilosophie der Gegenwart. Dans la complexité du philosophique d’Eucken, nous nous eontente : idées maîtresses : l’illusion nisme’les anthropocentriques », qui fout découler la

religion des seules aspirations du CCBUret ramènent a

l’homme toute l’activité religieuse ; et l’Illusionnisme des théocentrlques excessifs, qui ne volent dans le fait religieux que l’œuvre de Dieu, sans la réponse de l’homme. Pour Bucken, le monde est un ensemble, et l’homme lui-même est un ensemble qui recherche

V unité. Dans le tout cosmique, l’homme cherche a

s’insérer avec un maximum « le bonheur. De la ses aspirai i « » 1 1 s vers la joie qui tendent à s’épanouir. Mais cette

poussée <le notre nature profonde est mauvaise en soi ;

elle déchaîne l’égolsme. Par une mystérieuse intervention, une force supérieure la contraint à se replier et à faire céder la nature a l’esprit. Ce refoulement, ce renversement « le nos aspirations, accepté et réalisé par la conscience qui s’humilie, voilà la religion. Elle n’est « loue pas. comme le disait Schleiermachcr, créée par nos aspirations qui se développent et s’affirment, mais elle est antérieure à ces aspirations, qu’elle refoule el qu’elle domine. Quand l’homme sent sa défaite, il ressent eu même temps sa grandeur, car elle vient d’une présence divine, et c’est Dieu qui se fait sentir

Immédiatement à sa créature, il ne faut donc plus

parler de passage du subjectif à l’objeel if, ni de l’impossible appréhension de l’objet par l’esprit muré dans ses frontières. Il n’y a pas de frontières, de murs et de fossé. Il y a simplement une large atmosphère divine, où se meut naturellement l’homme et qu’il aspire dans le premier conflit qui oppose sa tendance égoïste à l’ensemble « lu cosmos.

En 1909, l’offensive fut continuée par le docteur Erich Schæder dans son traité intitulé Theozenlrische Théologie. Par une dialectique qui n’est pas sans analogie avec celle de.Malebranehe élal. lissant la vision divine en toute notre activité psychologique, ou celle des ontologistes, réalisant l’être dans une aperception instinctive et décisive, Schæder échappe au subjectivisme el professe l’objectivisme le plus hardi. Quand l’homme, dit-il, prend conscience de ses aspirations qui l’arrachent au monde et l’élèvent vers un monde invisible mais pressenti comme une réalité bienfaisante, il se convainc, immédiatement et instinctivement, qu’il fait l’expérience de Dieu même. Voilà l’objet de sa foi concrétisé, réalisé, personnifié, et qui n’a plus rien d’une connaissance seulement notionnellc. Dieu s’est révélé, et l’homme a pris conscience de cette révélation. La théologie est sortie « le ce premier eontæl direct entre Dieu et sa créature. Elle est donc au premier chef théocentrique ». C’est Dieu qui continue sa révélation, qui nous permet de pénétrer un peu plus dans son existence divine, soit qu’il se définisse lui-même, soit qu’il nous envoie son divin Fils, Jcsus-Christ. De toute façon, l’homme vit en pleine communication divine, en pleine réalité objective du divin. 3° Une troisième offensive, de liés grand style, fut déclenchée, en 1919, par un professeur de Munich, le docteur Karl Barth, devenu, du jour au lendemain, aussi célèbre que les plus grands théologiens libéraux, par la publication d’un Commentaire de l’cpllre aux Romains. Sans entrer dans les détails de cette théologie d’aspect si original, qu’il sullise ici « l’indiquer qu’elle marquait une décisive séparai ion d’avec le système psychologique de Schleiermachcr et de la théologie libérale. La psychologie n’explique pas le surnaturel. Elle peut produire une anthropologie ; mais le surnaturel est autre chose, essentiellement différent. En partant de lui-même, l’homme ne peut donc retrouver Dieu. Les expériences subjectives sont un mot, mais elles ne créent mu une réalité I rariscendanle. Dieu ne sort pas d’une expérience religieuse », ni, m plus forte raison, le Christ. Barth signifie leur congé a tontes les spéculations prétendument psychologiques « le l’école de Ritschl et du protestantisme moderne.