Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/455

Cette page n’a pas encore été corrigée

895

P R OTES I A N T I S M I.. L* A NGL1 C AN ! SME, I > OC T H I N E

896

signer bien « les articles <l<’leur roi orthodoxe, ni les Low Church ni surtout les Broad Church ne pourraient le faire sans équivoque.

De leur côté, ils n’osaient encore contredire les décisions « le la vieille orthodoxie, <|ni avait Jusqu’alors constamment refusé de reconnaître aux anglicans la validité de leurs ordinations et, par conséquent, la .succession apostolique. Depuis 1921, les anglicans essaient de rassurer les orthodoxes par des confessions de foi confuses : ainsi les Suggesled ienns oj intrreommunion, de J.-A. Douglas, en 1921, et The genuine leaching of the English (’.lunch (Enseignement authentique de l’Église anglaise), rédigé en 1922 par V English Church union. Ce document allirmait la foi des anglicans à l’Écriture, à la tradition, aux conciles œcuméniques, aux écrits des Pères, où est exposée la foi de l’Église chrétienne. Il admettait les sept sacrements généralement revus ; la foi à l’eucharistie, sacrifice non sanglant, que l’on offre pour les vivants et pour les morts ; la loi à la présence réelle par la consécration, en sorte que par la communion les fidèles reçoivent le vrai corps et le vrai sang du Christ ; il déclarait que par la pénitence le prêtre remet les péchés ; que le culte de la Vierge, des saints et de leurs images est digne de respect. C’étaient là des concessions très importantes, mais le document n’était signé que par un petit nombre (3 715) de pasteurs High Church auxquels on opposa bientôt un document tout différent, signé par des pasteurs Broad Church et Evangclicals.

Néanmoins, les orthodoxes tinrent la promesse qu’ils avaient faite de reconnaître la validité des ordinations anglicanes. Ce fut un échange de bons procédés mais où se révéla, de la part des insulaires, une plus grande hâte à gagner les orthodoxes qu’à exprimer la pensée générale de l’Église anglicane, et, de la part des orthodoxes, une légèreté véritable à contredire toute la tradition de leur Eglise, que ne parvenait pas à justifier le calcul politique qui les avait incités à cette abdication. Bref, de 1022 à 1930, les divers patriarches orthodoxes se résolurent, avec plus ou moins de bonne grâce, à reconnaître la validité des ordinations anglicanes, et aujourd’hui, ce point étant définitivement réglé, la question de l’union et de l’intercommunion doit pouvoir être réglée avec moins de difficultés. Mais, si les orthodoxes consentent à discuter les professions de foi édulcorées des anglo-catholiques ou de la conférence de Lambeth de 1030, que vont-ils faire, en trouvant en face d’eux la fraction des Evangelicals, des Low Church, des Broad Church, qui tous refusent de souscrire à des professions qui n’expriment rien de leurs croyances et qui adhèrent à des doctrines nettement opposées à celles des orthodoxes ?

Cette attitude des anglicans, incertaine et louvoyante, apparaît encore fort bien dans la tentative d’union avec les vieux-catholiques. L’affaire traîne depuis 1874-1875, où Dollinger réunit à Bonn deux congrès, auxquels les anglicans envoyèrent quelques représentants. Après de nombreux incidents qui opposèrent un moment les évêques anglicans à l’archevêque des vieux-catholiques, domicilié à Utrecht, les symptômes de rapprochement se multiplièrent. En 1025, l’archevêque d’Utrecht écrit à celui de Cantorbéry qu’il reconnaît la validité des ordinations anglicanes, et, en 1930, à la conférence de Lambeth, les évêques vieux-catholiques vont jusqu’à proposer d’admettre les anglicans à leur communion, jusqu’à permettre aux vieux-catholiques de participer à la communion des anglicans, et offrent de faire de concert les ordinations. Les évêques anglicans concèdent en 1031 que cette intercommunion peut être réalisée sans se préoccuper d’obtenir l’identité de doctrine. Aujourd’hui même, des clergymen sont consacrés évêques, avec la participation d’évêques vieux-catholiques, espérant ainsi que,

par ces ordinations incontestées et valides, l’anglicanisme retrouverait cette succession apostolique que

Home lui a solennellement déniée..Mais a quel prix l’obtiendrait-elle ? Et quel problème nouveau est en traill d’aggraver les problèmes anciens :

Il est vrai que l’Église anglicane avait déjà donné un exemple remarquable de cette comprehensiveness dont se glorifient les protestants libéraux, mais qui inquiète les anglicans fidèles à leur foi traditionnelle. En 1920, la conférence de Lambeth avait déclaré admettre à la communion les luthériens de l’Église de Suède et permis à leurs pasteurs de prêcher dans les églises anglicanes. Même deux évêques anglicans avaient pris part, à Upsal, à la consécration de deux évêques luthériens. En 1032, l’archevêque de Cantorbéry a enfin délégué un de ses évêques subordonnés à la consécration, a Upsal, du docteur Erling Eidem, successeur de Nathan Sœderblom, comme archevêque d’Upsal. Les différences dogmatiques des deux Églises n’ont paru compter pour rien. Il est vrai que cette intercommunion n’a pas encore été ratifiée par les convocations, qui reculent devant l’audacieuse entreprise.

C’est par une semblable indifférence au contenu de la confession de foi que l’Église anglicane a poursuivi, ces dernières années, la réunion avec toutes les sectes dissidentes, sans en excepter celles qui ont abandonné toute croyance surnaturelle et qui refusent d’admettre la divinité de Jésus-Christ. En vain prétend-on que cette union n’est pas preuve d’uniformité, mais seulement un signe de coopération dans l’œuvre de l’évangélisation ; ce subterfuge n’efface pas l’essentielle contradiction de cette attitude, qui prétend faire avancer la croyance au Sauveur du monde à l’aide de ceux qui sapent cette même croyance. Pour en venir à cette extrémité, l’anglicanisme à dû renoncer à ce qui était jusqu’ici sa force : le maintien têtu des propositions du Prayer book de Cranmer, infecté de calvinisme étroit et origine de l’intolérance brutale de l’Église anglicane à l’égard de tous les dissidents. Le spectacle est aujourd’hui singulier d’une Eglise qui renonce à sa propre croyance — ou agit comme si elle y renonçait — pour collaborer avec des sectes qu’elle n’a pas renoncé officiellement à combattre. Ce mouvement est connu sous le nom de Rome reunion. Commencé en 1013 dans les pays de mission par des missionnaires de sectes différentes qui s’entendirent, sous la présidence d’évêques anglicans, pour élaborer une constitution commune et réaliser entre eux l’intercommunion, ce mouvement s’est développé en Angleterre, surtout depuis 1919. Une réunion d’anglicans et de dissidents se tint à Oxford ; on y décida que le ministère des différentes sectes était d’égale valeur, ce qui entraînait la possibilité de l’intercommunion et de l’échange réciproque des ministres sans ordination préalable. Au total, toutes les formes de la vie religieuse chrétienne mises sur le même plan, et toutes déclarées dépositaires de la vérité. Les manifestes, les pétitions, se succédèrent en ce sens, et si les anglo-catholiques n’avaient fait entendre leur protestation, l’Église anglicane subissait, sans réaction, cette humiliation inouïe de déclarer, sous la pression des non-conformistes, inutiles ses ministres, ses ordinations, sa liturgie.

Depuis 1920, le conflit a rebondi, car, à l’occasion de i timides réserves faites par la conférence de Lambeth sur l’échange des ministres, les non conformistes ont riposté par une fin de non-recevoir. Qui cédera, en fin de compte, des évêques anglicans, qui s’efïorcent de sauver les apparences, en maintenant la nécessité d’une vague délégation par l’Ordinaire de pouvoirs sacerdotaux, ou des non-conformistes, qui rappellent le principe spécifiquement protestant du sacerdoce universel. par quoi l’ordination de l’évêque est parfaitement inutile ? La question divise profondément aujourd’hui