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PROTEST IN l ISME. LE CALÏ INISME, ÉVOLUTION

S

3. La pensée calviniste actuelle.

C’est dans l’en

semble de CM mouvement-, et dans I millième exercée

par a. Sabatier qull faut rechercher les véritables « .ruines de l.i pensée calviniste.utuelle. D’uni put.

ceUe-d est caractérisée par un manque absolu de spontanéité ; elle n’a guère fait.pie suivre les théoriciens allemands, l > autre part. elle diffère essentiellement « lu calvinisme « le Calvin. Elle a réalise une véritable cou pure entre deux protestantismes, qm s’opposent comme la libre pensée s’oppose à la croyance. La dogmatique de Calvin était précise, impérieuse et somme toute animée « l’une foi profonde, l.a dogmatique ealvi niste utuelle repose sur des principes négateurs du surnaturel et est orientée vers un naturalisme dont nous verrons les manifestations. Enfin, elle est caractérisée par une Incoercible éclosion d’anarchie Intellectuelle, qui pousse l’aile gauche — ou radicale - du calvinisme français a perpétuellement retoucher le dogme traditionnel dans un sens de plus en plus ratio nahste et antichrétien, et qui met l’aile droite - ou orthodoxe ainsi « pie le « entre, groupe îles irrésolus. eu posture « le combattants trop souvent résignés à la défaite. On le vit bien en 1010. au congrès tenu à Berlin par le protestantisme libéral, puis en 1012. à la réunion que tinrent au temple de l’Oratoire, a Pans. les représentants officiels « le la gauche et « lu centre des ses reformées. On recherchait l’union par conces-réciproques. M. Ménégoz nous apprend que, s’il eut des concessions, elles vinrent toutes de la part du centre, « pii eedait et abdiquait, tandis que la gauche ne renonçait a aucune de ses thèses rationalistes. « Il faudrait être aveugle, ajoutait M. Ménégoz, pour ne pas voir les infiltrations continues et progressives du Bdébme dans les milieux de la droite… L’orthodoxie s’eflrite sur toute la ligne. J’en parle à bon escient. > li no faut donc plus parler de doctrine calviniste, mais de doctrines provisoirement acceptées par des fractions opposées du calvinisme français. Parmi ces fractions nous distinguerons, suivant l’ordre chronologique des faits, celle qui s’intitule le groupe des puis le groupe du christianisme social, le groupe enfin qui commence à poindre dans des milieux calvinistes en quête d’une foi retrempée aux sources traditionnel le

a) La doctrine symbolo-fidéiste. — Elle est professée par les i svmbolo-fidéistes, ou « symbolistes », qui reconnaissent comme chef le pasteur E. Ménégoz.

Collègue d’A. Sabatier à la faculté de théologie de Paris. M. Ménégoz avait surtout retenu de l’enseignement de son collègue la valeur de l’explication symbolique des dogmes chrétiens. Il restait à tirer les conséquences extrêmes de ces principes. M. Ménégoz s’y employa. Le croyant, dit-il ne peut exprimer sa foi que dans le langage de son temps, et cette expression tributaire de la conception du monde formant l’atmosphère spirituelle dans laquelle il vit. » L’objet de foi dépend donc de la philosophie et de l’histoire, qui sont les facteurs matériels de l’expression dogmatique. Ainsi, il faut dégager la foi de l’histoire ou, en d’autres tana Livres sacrés tout ce qui est apport

historique, récits de la Bible et récits du Nouveau Testament. Or. « il n’y a pas. dans la Bible, un seul récit que I on soit autorisé a ériger en article de foi ». Bien plus. ces récits sont suspects, du seul point de vue historique : « On considère les récits bibliques comme divinement inspirés et l’on s’efforce d’imposer aux chrétiens la croyance a ces récits, alors que leur historicité est controuvée ou du moins fort contestable. Œ cela, M. Ménégoz ne doute pas depuis que les sciences

elles ont découvert de prétendues « ontradict ions

récits bibliques. On jette par-dessus bord les t s de la création, du paradis terrestre, de la chute, du déluge, de l alliance de Jabvé avec son peuple et

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bien d’autres encore, « pie l’on déclare Irrecevables pour > un esprit cultivé. Dans lo Nouveau Testament, les récits de la naissance virginale de.lesiis. de sa mort et de sa résurrection seront rejetés de l’acte de foi. L’histoire nous demande de les sacrifier, niais M. Mené gOI propose « le les sauver, à condition de les interpréter correctement Par exemple, souvenons nous que ! < Christ enseignait à faire liait re en soi un homme non veau. Cette notion morale s’est concrétisée dans la prétondue naissance de l’homme nouveau, par la volonté du Christ sorti du tombeau. Or. l’Évangile est rempli de faits que l’on donne comme historiques, contre toute vraisemblance. L’Église va-t-elle imposer aux chrétiens la croyance à ces récils, en en faisant « une condition de salut » ? M. Ménégoz enseigne que l’on doit libérer la foi de l’histoire et n’envisager sous la gangue des faits que le pur enseignement du Christ. A plus forte raison faut-il libérer la foi de la philosophie qui pénètre les concepts religieux. La métaphysique emplit la religion de ses alTirmations gratuites. Dégager la formule de foi do l’apport do l’esprit philosophique. C’est lui restituer sa pureté primitive. Or, la vérité evangélique a été déformée par la métaphysique platonicienne du Logos, d’où dérive le dogme de la préexistence éternelle de Jésus ; par la philosophie païenne d’Aristote ou des Alexandrins, ou des penseurs de l’Orient, qui sont responsables de la christologie mystérieuse des Livres saints. A plus forte raison, les formules dogmatiques énoncées par les conciles sont-elles sous la dépendance des diverses métaphysiques qui avaient alors la faveur de l’Église. Il n’y a rien là de la parole de Dieu ».

Que reste-t-il. au terme de cette double tentative d’éliminations, comme « objet de la foi » ?

M. Ménégoz prétend bien que le fait même d’éprouver de la complaisance pour certaines paroles des Livres saints est signe révélateur de l’action de l’Esprit. « Un facteur mystérieux, spirituel, indépendant de notre esprit et le pénétrant néanmoins au point de se confondre avec lui, agit en nous ; c’est le Saint-Esprit. » Fait d’expérience intime que l’on sent, mais qui ne se démontre pas. Ayant fait bon marché des textes solides, qu’il est possible de juger d’après des méthodes précises qui ne nous font point perdre pied et quitter la réalité. M. Ménégoz s’évertue à nous persuader de cette action mystique, indémontrable et insaisissable, à coup sûr. Vainement prétend-il que l’action de Dieu « immanent dans l’esprit de l’homme » est « immédiate, perçue par la conscience », que » nous nous trouvons là dans le domaine de l’intuition spirituelle de cette certitude morale qui est le résultat non de la réflexion ou du raisonnement, mais d’un témoignage intérieur portant en lui-même le cachet de la vérité ». Tous ces mots cachent mal la part d’illuminisme qui est celle de cette nouvelle doctrine. Que l’intuition, dont un esprit averti ne voudra admettre, la réalité que sur témoignages probants et non sur une prétention d’âme en proie à l’illusion, soit la condition de l’acte de foi, au sens de ces mythologues du symbolisme, c’en est assez pour éveiller toute noire défiance à l’égard du contenu même de cette foi. En voici une vue d’ensemble, qui permettra do juger des innovations apportées par cette dogmatique fidéistc.

M. Ménégoz découvre d’abord au cœur de l’homme un sens aigu de sa misère. C’est le sens du péché, qui s’accompagne d’une aspiration vers un bonheur, considéré comme la délivrance, le salut de l’homme libéré du péché. Posséder la certitude que l’on a secoué sa misère et son péché, c’est avoir le salul. Or. c’est Dieu qui révèle « clic certitude « lu salut. Survivance luthérienne, dont M. Ménégoz convient lui-même qu’elle « présente de grandes difficultés mais cela, ajoute ! il, ne prouve rien contre sa vérité. Cette affirmation