Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/444

Cette page n’a pas encore été corrigée

PROTESTANTISME. LE CALVINISME, ÉVOLUTION

s :

liant"-, .iiin de réveiller lame protestante. Sous leur Inspiration, les Églises calvinistes, Jusque-là Eglises il Kt.it ou Institutionnelles, comprirent les bienfaits de l’indépendance ei dès lors aspirèrent I ane forme nouveile d’organisation. Cook avait beau répéter : Notre dessein n’est pas de tonner des Églises libres au sein de l’Église réformée, mais de vivifier cette Église. eu fait, les Églises qu’il.i.iit vivifiées ne songeaient <in’.< s’émanciper, pour vivre librement leur christia nlsme, s.inv les entraves d’une organisation officielle. Le pasteur Edmond de Pressensé était l’ardent promoteur do ce mouvement. Le 18 mars 1839, il lança une profession de foi qui marquait nettement le caractère individuel de la fol et l’indépendance de l’Église en

de l’État. Selon la tradition méthodiste, ces nouveaux convertis enseignaient que le christianisme se réduisait, ou presque, a l’élan du cœur, et que le dogme était secondaire. Le Réoeil jeta la discorde parmi les calvinistes, soit libéraux, soit orthodoxes, Une longue polémique s’engagea autour des notions d’Église et d’autorité, las orthodoxes restaient fidèles a la pensée il » - Calvin sur les Églises d’institution. Les libéraux et les putistes s unissaient étrangement pour réhabiliter le principe du libre examen et la tendance antisacerilotale. Mais cette collusion ne pouvait durer : les piétistes conservaient leurs croyances, en les appuyant sur le sentiment. Les libéraux allaient vers un rationalisme de plus en plus négateur de la foi. Sous la conduite de deux pasteurs. Athanase f.oquerel et Samuel Vincent, les libéraux entreprennent de réduire tOOa les dogmes eh retiens à un sv mbolisine naturaliste. Ainsi udogme du péché origine] devient, à leurs veux, le symbole de l’éfforl de l’homme se dégageant péniblement de s. m humaine misère : ainsi, par opposition, le dogme de la rédemption par le sacrifice de la croix symbolise le triomphe de l’esprit sur la chair, sur la mort, réalise par le Christ. Voir surtout le livre de Vincent. Vus sur le protestantisme français, 1859.

I.a position des libéraux dans le calvinisme avait pris une importance particulière depuis le consistoire de 1848. qui avait admis que les consistoires et les con "i aux n’auraient plus à connaître des » questions dogmatiques et que la liberté individuelle reprendrait tous ses droits, en dépit de l’orthodoxie. De cette permission les libéraux usèrent pour déclarer que l’Église officielle ne cessait d’opprimerleur pensée et. prétextant

Inès manifestations de l’indignation des orthodoxes devant leurs impiétés, ils firent schisme, créèrent une « Union des Églises évangéliques de France et harcelèrent leurs ex-coreligionnaires. L’orthodoxie se tourna vers les pouvoirs publics, implorant aide et secours, lai 1852, les pouvoirs publics ne répétèrent pas Ica fautes commises par les princes allemands, suppliés en l.~>2."> par Luther. Les orthodoxes se défendirent par leurs propres moyens et. au synode de 1872, proposèrent de constituer un synode ayant autorité itroK. de juridiction et de pénalité à l’égard de tous hs consistoires… Les libéraux ripostèrent en

r ant menacé le principe même de la Réforme : le libre examen, et menacée l’Église calviniste, où l’on

d d’introduire un élément de catholicisme : l’aui quoi les protestants libéraux continuèrent d’inonder la France de leurs productions exégétiques et théologiques, ou triomphait la tendance

rationaliste des théologiens allemands.

-t que précisément, entre les libéraux de Paris et les rationalistes d’outre-Rhiii. l’école protestante de oiiri » remplissait un rôle de trait d’union extrêmement actif.

Strasbourg qui servit a fondre les deux pen x "ii’l’influence de Colani et de Scherer, on créait

Strasbourg, qui. de 1850 a 1869, remplit un

tique corrosive fort Important. Ce n’était

plus seulement le principe d’autorité ou de libellé

d’examen qui j était étudie, mais les fondements dogmatiques et historiques du Christianisme J étaient continuellement sapes par les l’clissiei’. Emile Rolierlv.

Aristide Viguié, Charles Wagner, François Puaux,

Ubert Réville, Coquerel père et liK La hardiesse de

ces pionniers était telle que Ferdinand Buisson, lasse de soutenir plus longtemps une attitude équivoque, engageait l’aile libérale du protestantisme à passer, à

sa suite et sans recitence. au camp des libres penseurs. Être protestant libéral, disait il. c’est une des

manières d’être libre penseur. Le théologien orthodoxe E. DOUmergUe, les accusait, lui aussi, de n’être que (les iucrovauls canioiiMes et les poussait vers la porte de sortie de l’Église Calviniste. Nous ne pouvons

ici reprendre les diverses études produites par celle

école dite libérale qui a tleui i de 1850 a ISSU environ.

Mais voici quelques professions de foi. qui permettent de Juger l’état d’esprit de ces soi disant historiens

objectivisles. L’un écrit : Nous affirmons nettement que ce qui est irrationnel est inadmissible. Ce qui est irrationnel est faux. Ce qui froisse le sens du vrai et du faux, du bien et du mal. qui est en nous, froisse un instinct qui est l’œuvre de Dieu. Toute idée est laite pour être comprise, et une idée que nous ne comprenons pas n’existe pas pour nous. Il ne faut donc pas Invoquer le grand nom de mystère pour imposer a

l’esprit des idées Incompréhensibles, puisque ce serait

imposer le néant. Th. Bost, Le protestantisme libéral. 1865, p..">">. Cette intrépidité dans l’affirmation, qui n’a pas le moindre souci de mieux examiner des ternies confus comme ceux d’irrationnel, de sens du vrai. d’instinct, d’idée incompréhensible, est tout à fait caractéristique d’un état d’esprit commun vers 1860, mais aujourd’hui périmé, et que d’authentiques protestants n’hésitent pas a condamner. « Les théologiens de la Revue de Strasbourg, écrit M !, le pasteur Bertrand, se sont laissé entraîner à manquer de mesure et de décision tout à la fois, au cours de leur réaction contre le dogmatisme orthodoxe. » Bertrand, La pensée religieuse au sein du protestantisme libéral, 1903. p. 132.

Quant aux productions historiques de l’école libérale, elles ont été complètement imprégnées de la pensée de quelques historiens allemands : Hiedernianii. Lipsius. Pfieiderer, Raur, qui ne voyaient eux-mêmes dans l’histoire que le moyen d’appliquer les théories de leur maître commun, le philosophe Hegel. Nos historiens libéraux convenaient de ces arrière pensées. Albert Réville « avouait franchement qu’il était hégélien et, comme tel, voyait dans l’histoire religieuse, et spécialement dans l’histoire des dogmes, le mouvement naturel à la inarche de l’humanité, qui oscille entre des affirmations contraires — thèse et antithèse — et tend vers un point de vue supérieur, où se concilient les contraires. Mais cette philosophie de l’histoire qui apparaissait alors incontestable et à laquelle Renan lui-même s’est docilement soumis. n’est plus aujourd’hui qu’une défroque de la pensée humaine dont les historiens se libèrent. La métaphysique n’a pas à expliquer les faits historiques. Sa des tînée est de les déformer. Les travaux conçus selon les principes hégéliens sont soumis a une révision totale. et de l’œuvre historique de l’école libérale calviniste.

tout est remis sur le chantier. Quelques protestants en conviennent. Parlant de ces historiens. M. André Arnal écrit : Ce sont les notions hégéliennes de l’absolu et de l’infini qui sont génératrices de leurs systèmes et de leurs erreurs. Or, ce sont des notions fausses. Arnal, L</ personne du (.hrist et le rationalisme allemand contemporain, Montaubaii. 1904, p. 313. M. Arnold Rev mond, après avoir constaté que l’anarchie doctrinale

du protestantisme actuel provient en partie de la confusion que l’on a établie, dans les milieux t héologiques,