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PROTESTANTISME. M I I V I N ISM I., ORGANISATION

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le protestantisme représente en Suisse les trois cinqnièmes de la population et que la classe paysanne n’y est pas encore dominée par la classe ouvrière Irréll . les forces nationales continuent de secourir les s, qui conservent un démocratisme tout.1 fait conforme à l’esprit public et national. La plupart des cantons suisses ont leur propre Église, soit officielle, M> ; t libre. 1 es Églises officielles sont en majorité >i tiennent à conserver l’appui Mes États ou cantons, afin mieux préserver contre le catholicisme, qui pro un peu partout, rt contre les excès de l’indivl dualisme protestant. Os Églises officielles ont formé une fédération depuis 1920. Malgré le principe de la ition, Églises et cantons s’entendent tacitement tolérer un certain contrôle civil sur les manifes tatlons de la vie religieuse, sans toutefois que Il tal slngèrc dans 1rs affaires proprement peelésiastiques. - organisent leur activité comme elles l’entendent, l.i plupart conservent l’organisation pies ienne. leurs synodes sont mixtes, c’est-à-dire composes de pasteurs et de laïques. Leur autonomie est très accusée. Les paroisses élisent leurs pasteurs. . stituent pour fautes graves, taxent leurs membres, disposent de fonds spéciaux, surveillent l’instruction religieuse et l’organisation du culte. Comme elles ni peuvent cependant couvrir la totalité des frais cultuels. l’État en supporte la majeure partie. Ce sont la les Églises populaires », où se perpétue, plus ou moins modifiée par l’esprit rationaliste que nous avons décrit, l’influence de la pensée zwinglienne ou calviniste.

te de ces Églises privilégiées, les Églises libres font figure de parents pauvres. F.lles ont été pour la plupart rréees par opposition à la suprématie de l’État. Les individus ont préféré leur sens propre au do traditionnel et se sont révoltés contre des formes patronnées par l’élément civil. Elles renoncent ainsi a la tutelle de l’État, niais aussi à ses largesses. F.lles ont une double origine. Les unes sont issues du Réveil qui fut. dans le protestantisme du xixe siècle, la révolte des — fidèles au principe de la liberté d’examen et de l’indépendance religieuse, contre l’autorité civile s’ins le ; affaires religieuses. Les autres sont ilsation étrangère. N’ous avons vu comment méthodistes, baptistes et autres sectes anglo-’iit installées en Suisse ces dernières armées. Certaines enfin proviennent du piétisme allemand. La vie religieuse semble plus active, plus profonde en ces centres d’opposition. Il y a encore là l’ardeur des néoplrj sur l’ensemble des autres Églises les observateurs s’accordent a reconnaître que s’étend l’indifférentipeuple ne comprend plus les rites traditionnels : il ne les aime plus, car ils ne parlent plus a son ulte reste en général trop austère et trop île. l’ne liturgie s ; ms décor, la prédication de la Bible entre quelques cantiques et des formules de a un Seigneur lointain. Le peuple suit ir atavisme, sans clan du eu m. L’instruction’1 mi guère que les enfants. ht les masses, les essais d’évangélisamultiplient, mais ce qu’elles gagnent ne va plus aux K ?lises officielles. Ainsi naissent les peti*. lutonomes, qui affaiblissent plus qu’elles ii, - fortifient la grande Réforme suisse. Celle-ci lilue dans un endettement fatal. Il a donc paru qu’en vue de reformer une unité a peu, .-. force était de ne plus s’arrêter aux’iques, mais de s.- rapprocher sur le .m pratique. Le christianisme social, venu de mment conquis plusieurs communautés Il s’appuie, comme nous [étudierons un peu plus loin, sur la prédication du royaume de Dieu, c’est à dire sur la valeur sociale du christianisme. Cet aspect d’un christianisme vide de son contenu dot ; matlque semble avoir permis a l’Église helvétique de contrecarrer la propagande du socialisme et de l’irré ligion sur les masses populaires, auxquelles on ne demande aucune adhésion à une dogmatique étroite. mais simplement d’être « lu Christ, proclame Initiateur de charité, de justice et d’humanité. Le grand pro blême actuel du protestant isme en Suisse est desavoir si ces nouveaux adeptes se content cronl d’une Église réduite a un système de philant luapie ou si, déçus dans leur soif d’un idéal surhumain, ils ne rejetteront pas définitivement un christianisme qui n’apprend plus à regarder au delà des vicissitudes humaines. C’esi sur tout aux efforts de Ixutter et de RagOZ que l’on doil cet actuel développement du christianisme social.

Aujourd’hui, la Réforme helvétique est en plein désarroi et à la croisée des chemins.


III. Le calvinisme actuel.

1° Organisation.

— A prendre encore le calvinisme au sens le plus général et en négligeant les multiples formes qu’il a levé tues, ou peut dire que l’organisation de l’Église de Calvin dépend de la notion d’Église prolire à celui-ci. Sans doute. Calvin concède que l’Eglise ne peul errer aux choses nécessaires au salut », mais, par la distinction qu’il établit entre cette inerrance et le concept catholique d’Église, il montre bien qu’en définitive l’Église ne lui paraît qu’une institution secondaire pour l’œuvre du salut. Les catholiques, dit-il, « attribuent autorité à l’Église hors la parole ; nous, au contraire, conj oignons l’une avec l’autre inséparable ment… Us babillent que l’Église a puissance d’approuver l’Écriture… Mais assujettir ainsi la sagesse de Dieu à la censure des hommes, qu’elle n’ait autorité sinon en tant qu’il lui plaît, c’est un blasphème. Comme si la vérité éternelle et immuable de Dieu était appuyée sur la fantaisie des hommes. L’organisation ecclésiastique est donc un élément de médiocre importance : la parole de Dieu est établie une fois pour toutes.

L’assistance du Saint-Esprit, assurée à tous les chrétiens, leur permet d’en prendre l’intelligence par un contact direct, personnel et par une expérience qu’aucun décret étranger n’est capable de suppléer. La liberté d’examen arrache le fidèle à la tyrannie d’une direction prétendument religieuse. Pour tous ces motifs, Calvin rejoint Luther dans la conviction que la parole de l’Écriture est tout, que la Bible suffit, et que l’ecclésiologie est la partie la moins essentielle de la Réforme.

Cependant, Calvin, devant les excès commis en son temps, par les adeptes de la liberté d’examen absolue et de l’antisacerdotalisme, essaya de réagir. Sans doute, dil il. le Christ a promis son assistance « à un chacun fidèle <n particulier > ; mais il convient de faire une place particulière a la compagnie des fidèles » ou aux conseils de vrais éveques », parce que, dans ces groupements où la présence du Christ est plus efficace, il doit se trouver des lumières plus grandes. Voilà réhabilité le principe de la hiérarchie ecclésiastique. L’historien récent de Calvin, M. le pasteur -J. Pannier, a pu montrer que, malgré l’absence apparente de hiérarchie dans son Éclisc, Calvin avait personnellement une certaine sympathie pour une forme ecclésiastique hiérarchisée comme dans L’Église romaine. Mais la tendance fondamentale de son œuvre fut plus forte : les réformés étaient appelés à se libérerdu joug des prêtres, de la superstition du sacerdoce et a se référer au Livre seul, a la Bible, souveraine de la pensée et de l’action. Le calvinisme établit une forme religieuse qui paraît fondée sur la démocratie et hostile ; i toute hiérarchie.

Avec encore plut de toree que Luther. Calvin a enseigné a combattre le principe d’Église d’institution, ou l’on prétend que le travail invisible du clcrflé tend