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PROTESTANTISM] Il LUTHÉRANISME, É Ml TION

Jusqu’alors, le luthéranisme était resté ce que Luther avait si ardemment recherché : la religion « lu i i Bible et m>ii autorité souveraine, indiscutée, pprist comme la parole même de l >u-n et Installée au se, 1111111110 le principe de toute fol et de toute piété ; or, S| >u u’.-.i avait renversé ou croyait l’avoir fait ces axiomes traditionnels. Il refaisait l’histoire humaine de la Bible, en découvrait le sens naturel, montrait les contresens « le la piété populaire Mir des textes qui ne signifiaient rien de ce que les Odèles voulaient iir.it finalement, ne reconnaissait en la Bible qu’une espèce de code de la piété. Taudis que 1 mprégnait de cette exégèse rationaliste

qui découronnait le Livre cher a Luther, il prenait

. connaissance d’une œuvre manuscrite d’un fameux héhralsant de Hambourg, appelé Samuel Reimarus. C’était le rationalisme spinoziste sans le panthéisme. Lessing on fut profondément frappé. Dès 177 i. il le publia par parties, qui toutes tirent scandale. Le pasteur Goeze, de Hambourg, s’efforça vainement d’enrayer cette publication impie. Lessing couvrit d< ridicule son contradicteur. Puis il s’attaqua aux évan dont il mit en évidence les origines humaines, où il fit voir les caractères île l’humaine infirmité. Enfin, il étudia la notion de révélation, après avoir ainsi sape l’autorité des textes révélés. La révélation, disait-il,

pas un acte particulier de la divinité ouvrant à sa

anle secret des viriles transcendantales : elle est

inouissement progressif de la conscience humaine.

Il v a. au fond de la nature de l’homme, des besoins et

ispirations qui viennent progressivement à la lumière. Quand l’homme les perçoit, est capable de les

ure it se déclare maître de la vérité, il élève ce travail de la conscience jusqu’à un degré divin et l’appelle du nom de révélation. Mais, en fait, ce n’est pas

qui parle a l’homme, c’est l’homme qui se révèle nomme.

Armé de ces principes négateurs de la foi chrétienne.

coue de belle façon l’idole de la Réforme

allemande, le docteur Luther. Du portrait qu’il a

de ce faux grand homme, on peut dire que pas

même celui de Bossuet n’égale la verdeur ni la sévérité

méprisante.

pendant, Lessing prétendait rester vrai luthérien et véritable chrétien de la façon suivante : il distinguait Bible et religion, lettre et esprit, théologie et sentiment religieux. Bible, lettre, théologie, sont connexes meurent le fait de la spéculation qui triture des &, de façon à y retrouver un code, une loi. Mais religion, esprit et sentiment sont aussi connexes et relèvent d’une force différente, qui se perd au fond du cceur humain. On retrouve là l’influence de Zinzendorf, qui fut en etfe ! prépondérante, avec celle de Spinoza, sur la formation de Lessing. Puisque la vraie religion nfond avec le sentiment et non avec la théologie, rendre la primauté d’honneur à la piété, non à tn ne. De l.i une i onception nouvelle du christianisme : ce n’est pas un dogme, c’< si une vie : il n’est pas intolérante, mais mouvement de l’amour d’une âme pour son Dieu. Le sentiment est île ; le christianisme ne peut être une formule immuable : il suit les ondulations du ment. Plus de biblicisme, plus de dogmatique mais un joyeux élan de la vie

formes de plus en plus parfaites d’une piété imc. Que l’on m parle doue plus de -tination : c’esl la part des théologiens. le l’Evangile est amour, que le >ir. que Dieu est amour, et qu’en cela lu christianisme. Par une conséiturelle. Lessing réduit la religion a une suite n’a pas connu le mot, mais il a Pour lui le dogme n’est

rien s u n’esl prlnclpo de vie. La vérité esi nue, réation de l’action. Hors de là, il n’est que logomachie entre théologiens.

1 a construction définitive de la religion selon Les sim ; apparaissait donc sous les formules suivantes : ce n’est pas la voix de Dieu qui, par révélation, a donné un code religieux a l’homme. C’esl de la nature même de l’homme qu’a jailli le besoin religieux, s’afflnant

sans cesse et sans cesse aboutissant à des formes isi

blés qui objectivent ses aspirations Invisibles ; aussi la religion ne peut elle être considérée commi un tout Immuable, un bloc immobile et superbe. Elle suit les mouvements de nos aspirations profondes et se n nou voile constamment. L’Évangile éternel, c’est cette parole mystérieusement gravée au tond de nos cœurs. i i [lise est celle qui traduit ces paroles profondes, tantôt sous une forme, tant « M SOUS nue autre, mais que nul n’a le droit d’arrêter dans ses transformations nécessaires. Le Christ est celui qui prit une connais sauce particulièrement aiguë de ces aspirai ions et qui, les annonçant aux hommes, ileint un révélateur. Il demeure un idéal, idéal de vie, idéal de l’humanité élevée jusqu’aux limites de la divinité ; mais il reste un homme que la conscience religieuse a tardivement confondu avec Dieu.

Telles sont les idées directrices de Lessing, el il est incontestable que chacune d’elles a laissé un sillon profond et lointain dans l’histoire du luthéranisme.

Lessing est le père des systèmes modernes du pintes

tantisme.

2. Le rôle de Sclileirrmnclwr. Lessing n’était cependant ni théologien ni même croyant ; aussi son prestige demcura-t-il longtemps confiné en d’étroites

limites. Mais l’un de ses disciples assura le rayonnement à son action : ce lui Schleiermacher ( 1768-183 1). Sabatier l’appelle le Messie de l’ère nouvelle. et un anglican. M. Leighton, l’ullan. écrit qu’il fut the mosl imposing figure in Gernum protestantism since Luther. Schleiermacher part de la méthode subjective ou d’intuition dont nous avons vu les grandes lignes dans l’œuvre de Lessing.

Nous avons, dit-il, la conscience immédiate de Dieu. Contact intime, expérience individuelle, qui assurent la connaissance de l’Etre souverain. Voilà l’origine de la religion. Sous sa forme générale, elle appartient a tout homme, et en ce sens la religion est un phénomène proprement humain. Sous sa foi me plus particulière de religion chrétienne, elle est la conscience d’un rachat nécessaire, d’un état meilleur que celui de notre nature imparfaite et de notre incapacité à réaliser cette substitution, où s’enferme notre destinée. C’est ce que les I héologiens ap] client le sent inient du péché. le besoin de la rédemption, et qui est déjà l’expérience de la rédemption, l’expérience du Christ sauveur. Celle notion d’expérience va prendre dans le système

de Schleiermacher une importance considérable, et, bien

que déjà invoquée par Lut lier, elle va désormais revêt ir une signification pins ample, plus profonde, et s’im posera ions les systèmes du protestantisme moderne. Quand notre conscience a produil l’expérience du

péché, relie de la rédemption, celle du salul. celle du Sauveur, elle a réalisé le christ ianisme. Celui ci n’est

pas autre chose que l’union de l’homme avec Dieu par l’intermédiaire du Christ. Les diverses expériences dont nous avons vu l’origine établissent précisément ce contact direct, immédiat et bienfaisant avec la figure du Christ. Alors se produil en nous une tran toi mation : l’homme « ni qu’il est affranchi du péché. Ainsi se sont tour a tour transformés les premiers disciples du Christ, et les premières générations chré

tiennes, et toutes les âmes qui croient en lui. De cela il

résulte que [’expérience religieuse est la véritable ori gine de la sainteté, de la vie surnaturelle.