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Pi ; o PHI ÉTÉ. DONNÉKS HISTORIQUES

raie reproduit assez fidèlement la grande famille patriarcale. Ce stade de > iv llisation offre une tendance remarquable a l’économie communautaire et à une sorte de propriété collective, ce qui demeurait Inconnu tant de la civilisation patriarcale nomade que de la civilisation matriarcale stricte. « >n seulement une grande ramille, mais plusieurs habitent la même grande maison et travaillent en commun.

Pendant la seconde moitié >iu paléolithique, la civilisation des chasseurs totémistes et celle des agri culteurs a droit maternel prirent une extension notable mais, a cause de leur sédentarité, ces civilisations ne pouvaient espérer jouer un rôle mondial, il en allait autrement de la civilisation des nomades pasteurs. Ceux-ci, .m début tlu néolithiqui. devaient Be répandre dans toutes les directions, Jalonnant leur route de nombreuses sépultures qui nous permettent aujourd’hui de les suivre tant bien que mal, comme a la piste. Dans la >n de l’Altaï et de l’Iénisséi, par exemple, au des >u— « l’un niveau de sépultures appartenant à une civilisation do cultivateurs caractérisée par la présence d’us tensiles île bronze et par l’absence d’animaux domestiques, on trouve mie série de tombes où abondent les armes de fer en rapport avec de nombreux squelettes île chevaux. On devine le passage des nomades guerriers Km ! -. île la Sibérie. Faisant irruption chez des peuples cultivateurs ou totémistes, qui, paisiblement installés mit les bords d’un fleuve, avaient atteint un liant degré de civilisation agricole ou industrielle, ces envahisseurs commencèrent par tout saccager ; mais ensuite une nouvelle civilisation fleurit, plus complexe, plus riche que la précédente et caractérisée par l’opposition (tune classe arisi icratique et d’une classe inférieure. A la première, maîtresse du pouvoir, de la richesse, Bère et soucieuse <le la pureté <le son sang, appartiennent les descendants des barbares envahis seurs ; i.i seconde, laborieuse, soumise et timide, groupe les vaincus. Monarchie absolue, aristocratie, esclavage plus nu moins rigoureux : telle est la structure de cette civilisation.

Mien entendu, la propriété <l< s autochtones n’a pas traversé sans dommage une telle crise sociale. Les conquérants se sont persuadés qu’ils sont depuis toujours les vrais et légitimes propriétaires du sol ; les autres n’ont pas tardé à leur reconnaître ce droit. sauf à rappeler dans leurs poèmes ou leurs légendes le souvenir de leurs anciennes libertés. La religion, le plus souvent, sanctionne cet état social : l’aristocratie propriétaire se considère volontiers connue d’une race divine ; l’empereur est divinise. L’expropriation des indigènes au profit des pasteurs conquérants se présente sous des formes très diverses et plus ou moins accusées selon les pavs. Schmidt et Koppers, op. cit., p. 593. Dans l’Egypte ancienne, le paysan jouissait. moyennant certaines redevances, d’un droit utile

presque assimilable en fait à une véritable propriété : même situation dans l’ancienne Mésopotamie. Dans l’Inde, la classe dirigeante des envahisseurs (bralunesi

trop peu nombreuse pour exproprier effective-Beat les cultivateurs du pays, mais elle aboutit au même résultat par des procédés psychologiques, en inculquant aux cash s inférieures cette idée qu’elles devaient s’est imer heureuses de pouvoir sel v ir les êtr< S supérieurs et divins que sont les brahmes. L’ancien Japon a connu une expropriation plus nette : l’empereur et la haute noblesse possédaient en propre le paj s : ils en investissaient leurs vassaux, et ceux ci divisaient leur fief en parcelles qu’ils affermaient : la population laborieuse et productrice du Japon m— comprenait donc que des non-propriétaires, des ferai

util téméraire d’imaginer mie situation

semblable dans la Caille d’avant la conquête ? I

le des troubles sociaux dans nombre de cités

gauloises : une aristocratie militaire ci terrienne et une dictature soutenue par une démocratie « le petits.un sans ei de débiteurs remuants, de clients (ambacls > ri de cultivateurs mécontents, se disputaient alternati vement le pouvoir. D’autre part, on constate que, moins d’un siècle après la conquête, Claude pouvail

introduire des (laulois dans le sénat romain et se féli citer de leur complète assimilai ion. Tacite, .iin.. I. XI,

c. xxiv. Des troubles sociaux antérieurs a la conquête

et de la facilite avec laquelle la Gaule se plia a la le^is

lation romaine, on peut induire que la civilisation gauloise n’était pas nés profondément implantée cl rencontrait encore des résistances. On s’expliquerait celle situation si l’on se rappelait que les Gaulois,

connue les Celles et les Ihéro Ligures, faisaient dans

notre pavs figure d’envahisseurs ; lorsqu’ils s’j étaient

installés, cinq ou six siècles avant noire ère. ils v

avaient trouve une civilisation agricole néolithique

assez avancée et solidement enracinée dans les campagnes. Cf. <i. Roupnel, Histoire de la campagne fran ciu.se, Paris. 1922. Les nouveaux venus s’étaient enipa res du pouvoir, avaient constitué une classe aristocratique, mais n’avaient pu évidemment éliminer la pnpu lation autochtone, que d’ailleurs ils exploitaient. Avant la conquête romaine, la Gaule aurait donc connu la tonne de civilisation mixte, dans le genre des civilisations composées de nomades conquérants et de

CUlt iv ateurs.

2° Données historiques. l. L" propriété dans la

(rire ancienne. Au cours du vir siècle avant noire ère. le peuple grec entrail dans l’histoire. On constate dès lors qu’à Mégare, à Athènes, à Syracuse, depuis les celles de l’Asie.Mineure jusqu’à celles de l’Italie et de la Sicile, se déroulent d’âpres luttes sociales. Pour les < irecs, qui vivaient en majorité de l’agricult lire, la pro priété foncière eut toujours une importance capitale. En dehors (les politiciens qui passaient leur vie en ville, l’exploitation directe du sol par le petit propriétaire étaii la règle, l.e mouvement colonial lui-même fut avant tout pour les Grecs une entreprise d’agriculteurs ; a peine débarqués, les colons commençaient par se partager les terres..1. Laurent. Essais d’histoire sociale, i. I.a Créée antique, p. 95 sq.

Or, la terre, à l’aube de l’histoire grecque, représentait une propriété nettement familiale. Le père l’administrait plus qu’il n’en disposait. Chaque génération, à tour de réile. avait la jouissance îles biens immobiliers qu’elle occupait ; mais aucune d’elles n’en avait à vrai dire la pleine et entière possession. « Cuiraud. L(/ propriété foncière en Créée. 1893, p. 170. Dans la maison, la famille patriarcale se pressait nombreuse ; Le magnifique palais de Priam contient cinquante chambres nuptiales, construites l’une près de l’autre… Là reposent auprès de leurs épouses les lils de Priam. De l’autre côté et en lace, dans la cour des femmes, s’élèvent, l’une près de l’autre, douze chambres nuptiales aux toits superposes, où reposent auprès de leurs chastes (’pou ses. les gendres du roi. Iliade, i v. 2 13. Ce palais, comme aussi celui de Nestor, s’harmoniserait correctement avec une civilisation de type matriarcal, avec la grande famille et le primat de l’activité agricole. Mais la présence d’une classe inférieure d’esclaves, de vilains, de pauvres hères, travaillant pour le ((impie d’une classe noble ci riche, nous rappelle l’invasion des pasteurs. Odyssée, m. 113.

En dehors de la terre qui appartient a la famille, la propriété individuelle est solidement établie. Les poètes ne craignent pas d’énumérer complaisamment les richesses, les armes de prix, hs bijoux qui honorent le guerrier et que convoite le pauvre : on se partage les dépouilles des morts.

Il arriva un jour ou la terre elle même devint pin priété individuelle, en même temps que se disloquait la