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Kl K s m’distinguent pu leurs méthodes d’action et pu l’étendue des revendications qu’elles affichent ; mais l’unité spirituelle leur manque cruellement,

>. La variétés de socialisme. Sous cette réserve, il

n’est pas s. m-. Intérêt de décrire rapidement l’attitude des diverses écoles socialistes, non pas pour suivre l’évolution d’un système ou les variations d’un p. mi. ce. qui ne nous intéresse pas ici, mais pour voir ce qu’y devient la notion de propriété,

m l.e cottecttpisme. Poussant.1 bout luire de ivernement des choses. à laquelle le nom du comte >ir Saint-Simon demeure attaché, le socialisme, sous sa forme collectiviste, préconise une organisation complète de la production, de la distribution et même de la consommation, sous l’autorité de l’État.

La propriété est donc absolument exclue, en tant que pouvoir île lihrt déterminât !) n en matière économique. L’autorité seule apprécie les besoins, organise

la production, rétribue chacun en imites de aleur sociale, C’est.1 dire selon le temps de tra ail de qualité

moyenne qu’il a donné à la production. Ainsi, l’on se

flatte d’éliminer du haut en bas de l’échelle les divers prélèvements que l’on > opère aujourd’hui sous le nom de loyers, de dividendes, d’intérêts. Plus de profits ni

de salaires : la distinction entre capitalistes et salaries

Mouit. Plus d’échanges individuels ni de commerce privé ; en dehors des objets débites par les entrepôts publics, il ne peut v avoir aucune vente de marchandises entre particuliers. Plus de monnaie au

actuel du mot. Bourguin, Les systèmes socialistes, . p. 11. La logique marxiste peut ici se donner libre carrière, en tirant toutes les conséquences de l’idée de valeur-travail, pour réaliser sans détour, sans institution intermédiaire, l’échange direct des travaux contre les produits. Pc bon de travail n’a pas la signification d’une monnaie : il n’est qu’un certificat : Un certificat quelconque, un bout de papier imprimé, un fragment d’or ou de fer-blanc, constatera le temps de travail fourni et mettra l’intéressé en mesure d’échanger ces marques contre les objets de tout genre dont il aura besoin. 1 Bebel. La femme, p. 273. La propriété est donc radicalement exclue, aussi bien la propriété des moyens do production que celle des objets de consommation, puisque ceux-ci sont obtenus par les travailleurs non pas suivant la productivité de leurs instruments de travail (cette base de rétribut ion ouvrirait en effet les voies à l’inégalité), mais suivant un barème administratif déterminant dans chaque catégorie le produit moyen d’une heure de travail. Cette appréciation, qui ne peut échapper au soupçon d’arbitraire, enlève en réalité au travailleur tout espoir de consommer une valeur exactement correspondante à l’efficacité de son effort et ne lui permet d’escompter que le niveau de vie déterminé pour lui pu l’administration. On blesse au vif l’idée de libre disposition, essentielle à la propriété.

On devine les inconvénients du système : responsabilités écrasantes de l’État et retentissement catastrophique de la moindre erreur dans lis prévisions administratives : risques de la routine et fin laisser-aller chez les fonctionnaires, de qui l’on attend le progrès

riel, le développement de la production, la critique constante et la mise au point des méthodes, le de comprimer les coûts de revient : difficultés quasi insurmontables dans l’adaptation de la production aux I onçue comme une besogne administrative, donc lente et rigide ; caractère oppressif de

inisation collectiviste non seulement dans |<— choix de la profession et dans son exercice, mais Jusque dans l’appréciation des besoins et l’orientation de la ionsommation. Certains croient écarter le reproche d’op ion en remplaçant l’État par un gouvernement’les impôts par nu simple prélèvement

sur le produit du travail pour les besoins publies. Ce

n’est qu’un changement d’étiquette, ou peut être un danger de surcroît : le l : <hiv ci neuient économique exei

cera une autorité au moins aussi pesante qu’un État

politique, et son intervention ne pourra même plus se

colorer de mobiles honorablement idéalises ; quant aux

prélèvements sur le produit du travail, ne sembleront

ils pas plus délicats a Justifier et plus douloureux a subir, plus proches de la corvée, du service personnel, que les impôts supportes aujourd’hui ? C’eBl du reste

la tare profonde du socialisme ; après avoir sape la propriété, sous prétexte qu’elle permet de trop fréquentes el de trop injustes exploitations de l’homme par

l’homme, il organise un réseau d’obligations personnelles qui donneront à l’homme, à tout homme, la certitude délie exploité, mais légalement et méthodiquement, pu la collectivité ou ses représentants,

b) l.e socialisme d’État. Ce qui définil les différentes sortes de socialisme d’ICtal. c’est la socialisation limitée aux seuls moyens de production : teins.

usines, moyens de transport, crédit. Mais on renonce

a l’identification marxiste de la valeur et du travail social. Pa valeur des produits et des services se détermine selon le sv slème libéral de l’offre et de la demande a la faveur duquel interviennent les appréciations

libres, variables ci personnelles des consommateurs.

Au prix de cette entorse aux principes marxistes, le socialisme d’État réalise, avec moins de peine que le

collectivisme, l’équilibre de la production et « les besoins. Pa possibilité de suivre le jeu spontané de la

loi de l’offre et de la demande procure un guide sûr aux

producteurs, c’est-à-dire aux fonctionnaires de la collectivité : ils auront la chance de satisfaire de vrais besoins et de ne pas s’entêter dans une production inutile el socialement ruineuse. Pc danger est celui que présente un monopole absolu. Pa valeur est bien lixée par la loi de l’offre et de la demande, mais l’offre se trouve artificiellement concentrée aux mains de l’État, seul et universel producteur, qui jouit en somme des pouvoirs illimités d’un trust gigantesque, maitre de toutes les branches de l’économie. Sans doute cette puissance n’esl pas nécessairement nocive ; en se mettant a la tête de la production, l’État recueille l’ensemble des prolits que jusqu’à présent se partageaient les industriels, les actionnaires de sociétés, les ban quiers, les entrepreneurs de transport, etc., et rien ne l’empêche, après avoir couvert ses frais et pourvu aux réserves opportunes, de faire un emploi judicieux de ses bénéfices pour le bien de la collectivité. On satisfait ainsi à la requête fondamentale du socialisme : la suppression de l’exploitation capitaliste par intérêts et profits. Pa rente économique subsiste, mais elle passe entièrement a la collectivité, ce qui paraîl se justifier pleinement. puisque c’est le développement des besoins collectifs qui engendre cette rente.

Il reste ipie la machine administrative nécessaire au

fonctionnement du socialisme d’Étal est aussi pesante

el compliquée qu’en régime collectiviste ; que le progrès technique, ici et la. dépend du zèle apporté à leur tâche par les fonctionnaires : que la liberté du travail, l’activité professionnelle, la satisfaction des besoins, se subordonnent au pouvoir étatique.

c’est pourquoi nui ne préconise l’avènement du socialisme dl.lai considéré comme un bloc homogène. On le nuance généralement de socialisme décentralisé

par régions, pu communes, par professions, et l’on réserve une marge a la production individuelle. Le programme de disme ainsi nuancé s’oppose

moins que celui du collectivisme a la thèse traditionnelle et i hrétienne de la propriété ; celle ci n’exige pas que toute la production soi) aux mains du capitalisme privé et elle n’a pas d’objection a présenter, en principe, contre la socialisation de certaines entrep