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prophétie de la ^i m 1 1° ]< conjecture. M : iis ils avaienl également leur place Ici. Enfin, sans tomber dans un cercle v icieux, on doit à priori supposer que la réali >a tion d’une prédiction manifestant, par sa finalité même et parles circonstances qui la conditionnent, un lien Intime avec la religion et le salul des runes ne saurait être reliée à l’intelligence « lu prophète par un simple lien de conjecture. Une garantie divine est nécessaire là où le si^ne apparaît comme un témoignage divin en laveur de la vérité.

IV. Valeur » houaii :. I" Doctrine de l’Église. — Nous avons vu plus haut que le concile du Vatican, couronnant toute la tradition « le l’Église sur l’emploi de la prophétie comme argument en faveur « le la vérité révélée, place les prophéties sur le même plan que les miracles, el qu’il les appelle « les arguments extérieurs de la révélation », « les « faits divins…, qui, parce qu’ils manifestent excellemment la toute-puissance divine et sa science infinie, sont des signes 1res certains et appropriés à l’intelligence de tous ». Voir col. 71 : i.

L’exposé que l’on a fait plus haut de la nature de la prophétie montre le bien-fondé de cette doctrine.

1. La prophétie est un fait divin, connu comme tel par les hommes, dans lequel, par conséquent, Dieu engage son autorité. C’est un l’ait d’ordre intellectuel, manifestation d’une vérité connue de Dieu seul. C’est une manifestation divine et préternaturelle, par voie de révélation. C’est une manifestation sensible, c’est-à-dire extérieure, de manière à pouvoir devenir pour tous une preuve de la divinité du christianisme.

2. Les prophéties sont, comme les miracles, des arguments de la révélation, dont elles sont, parce qu’elles manifestent la toute-puissance divine et sa science infinie, des signes très certains.

o La preuve de la révélation par l’annonce prophétique de l’avenir n’est (donc) pas moins certaine que la preuve par les miracles de l’ordre physique. » J.-A. Vacant, Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, t. ii, n. 586.

3. Enfin, le concile déclare que l’argument tiré des prophéties doit être rangé parmi les arguments omnium intelligentiie accommodala.

Théoriquement, la chose est indubitable. Tous les hommes, même d’intelligence très moyenne, comprendront facilement que leurs libres déterminations ne sauraient être connues d’avance par aucun moyen naturel et qu’en conséquence Dieu seul peut les prévoir. Il leur est en outre facile de constater l’existence d’une prophétie véritable : il suffit pour cela, comme on l’a montré plus haut, de constater deux faits : d’une part, la prédiction d’un événement futur, imprévisible naturellement, et faite plus ou moins longtemps avant la réalisation de cet événement ; d’autre part, cette réalisation même, survenue de la façon dont elle avait été annoncée d’avance.

Pratiquement, l’argument prophétique peut parfois présenter, pour certaines intelligences, des difficultés inhérentes à la manière dont il est exposé. Mais ces difficultés ne sont pas telles qu’elles puissent en aucune façon infirmer la vérité de l’assertion du concile.

Quoi qu’il en soit, si l’on compare, l’argument prophétique à celui du miracle, il présente « tout d’abord une double infériorité. Par rapport au miracle, la prophétie est manifestement de caractère moins sensible et, par suite, d’efficacité moins saisissante. De ce chef, l’argument du miracle est la preuve populaire par excellence, tandis que l’argument prophétique convient surtout aux esprits cultives. En second lieu, par sa nature même, la valeur de la prophél ie reste suspendue jusqu’au moment de sa réalisation. Mais, d’un point de ne plus général, ces deux inconvénients se tournent en avantage : la prophél ie fournit une preuve d’autant plus profonde et durable que l’intervention divine se

produit i « i « lans un ordre plus élevé. J. Rivière, art. cité, col. 842.

2° Comment l’argument prophétique s’adapte-t-il a l’intelligence de Ions’/ Nous avons constaté plus haut, col. 72 l, <|u l’apologiste pouvait employer deux procédés pour tain— aloir l’argument prophél ique,

1. Il peut le considérer, au sens le plus strict du mot prophétie, comme manifestant un miracle de presci snce. C’est l’apologétique parle détait des prophéties. C’est la. dit encore J. Rivière, ibid., une argumentation d’architecture simple, de forme précise et de résultat péremptoire. Sans doute, la rigueur dialectique de l’argument a pour contre-partie la difficulté de son établissement ; aussi, l’apologiste ne pourra-t-il mettre ici en avant que des textes d’authenticité certaine et de signification bien définie, ce qui oblige à une exégèse préalable toujours longue et parfois délicate ». Mais enfin c’est à l’apologiste de faire ce travail difficile et préalable : une fois en possession des éléments certains de son argumentation, il n’a plus qu’à proposer à ses auditeurs ou lecteurs sa démonstration, qui sera ainsi merveilleusement adaptée à l’intelligence de tous. Qu’on ne dise pas que cette preuve, s’attachant aux coïncidences de détail, perd en importance ce qu’elle gagne en précision. Un détail, s’il manifeste une intervention miraculeuse de Dieu, prend la proportion d’un événement considérable.

De nos jours, on a peut-être un peu trop sous-estimé l’argument prophétique des détails. Pourtant, l’exposé des détails, dont la réalisation s’est faite en Jésus-Christ, est la thèse classique et traditionnelle, celle qu’on retrouve dans toutes les théologies fondamentales, celle qu’a esquissée saint Thomas d’Aquin, Sum. theol., II a —II 1E, q. clxxiv, a. 6, et utilisée Bossuet, Discours sur l’histoire universelle, loc. cit., et Élévations sur les mystères, xe semaine, Élévations sur les prophéties. Ainsi que l’a fort justement rappelé le R. P. Lagrange, Revue biblique, 1917, p. 594, la méthode des « grandes lignes » ne doit pas faire oublier celle des « précisions détaillées ».

2. Mais l’apologiste peut considérer l’argument prophétique dans l’ensemble des prophéties. Voir col. 730. « Moins rigoureuse en apparence, la méthode qui consiste à chercher l’argument prophétique dans les intuitions et anticipations du plan divin, fussent-elles [es plus confuses, ne demande au point de départ que des données plus générales, faciles à mettre en œuvre. A défaut de preuve géométrique, elle est susceptible de fournir un ensemble d’indices plus ténus, mais capables de faire ressortir par leur convergence un de ces cas de finalité historique où se révèle la main de la Providence. Toutes suggestions qui sont appelées a convaincre l’esprit, sans perdre ce caractère religieux dont la démonstration chrétienne ne saurait jamais se départir. » J. Rivière, art. cité, col. 843. C’est sous cette forme que M. Touzard a présenté I’ « argument général de la préparation messianique ». Comment utiliser l’argument prophétique ? Paris, 1911, collection Science et religion, p. 36 sq. Voir également le P. Lagrange, Pascal et les prophéties messianiques, dans la Revue biblique. 1906, p. 553, et surtout Le messianisme chez les Juifs. Paris, 1907, p. 258 sq.

D’ailleurs, une méthode n’est pas exclusive de l’autre, et c’est précisément le judicieux emploi « les deux méthodes, en conformité des exigences pratiques du sujet, qui parvient à dissiper toutes obscurités et a accommoder parfaitement l’argument prophétique à l’intelligence de tous. Nous avons nous-même tenté une esquisse de l’emploi des deux méthodes conjuguées dans l’art. Jésus-Christ, t. vint, col. 1112-112 1

3. Remarquons pour terminer que l’argument prophétique accommodé à l’intelligence de tous ne prétend pas s’appuyer surtoute prophétie indistinctement.