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PROBABILISME. L’AFFAIRE GONZALEZ


expose combien le probabilisme est entré dans les mœurs mêmes des fidèles et quelles difficultés rencontrent les missionnaires quand ils lâchent de corriger ces abus ; et il déplore l’attachement étrange qu’ii voit professer de la part de ses confrères jésuites pour un système ailleurs décrié (le document est intégralement reproduit, avec la lettre d’envoi très favorable du nonce à Madrid adressée au cardinal labroni, en date du 27 octobre 170(i, dans Concilia, Difesa…, p. <>065). La même année et dans la même ville que l’ouvrage de Camargo paraissait un livre du 1*. Ricci, jésuite italien, qui est un essai de conciliation ou plutôt d’unification entre la doctrine de Gonzalez et celle des jésuites probabilistes ; le livre est dédié a Gonzalez lui-même. Le genre devait susciter quelques i m il al ions. En dehors de la querelle, la Synopsis théologies practicie. .., Douai, 1698, du jésuite Taberna, témoigne une position qui, sans rompre avec tout le probabilisme, à plus forte raison sans verser dans le tutiorisme, s’apparente avec l’antiprobabilisine, en s’appuyant principalement sur les condamnai ions d’Innocent XI.

Il ressort de ces publications et de ces faits que Gonzalez est loin d’être resté isolé en sa réaction, et il est difficile de ne voir que de l’opportunisme dans les doctrines que nous venons d’évoquer. Avant Gonzalez, nous le savons, il y avait eu de l’anl iprobabilisme dans la Compagnie, et l’attitude du général a pu libérer seii lement des convictions et leur permet tre de se produire, comme elle a pu gagner aussi a sa doctrine des esprits sincères. L’opposition toutefois n’a jamais complètement désarmé. Si l’énorme in-folio du jésuite bavarois Jacques Illsung, Arbor scientiæ boni et mali.. Dillingen, 1693, qui défend avec quelques limitations le probabilisme ordinaire, est antérieur à la publical Ion de Gonzalez, en revanche le jésuite italien. I B de Benedicl is, sous le pseudonj me de Fr. de Bonis, publie en 1698 un écrit violent contre la publication pos thuinc du mineur conventuel B, Ciaffbni, qu’il nomme gentiment un « singe de Pascal : les deux adversaires devaient être mis à l’index en 1701. Cf. lieuse ii, op. cit., p. 511-512. L’activité polémique que déploie vers ce temps-là en France le P. Daniel (voir col. 550) ne

peut non plus être considérée comme répondant aux

vœux du général. Mais l’impression demeure que parmi tant de contradictions l’œuvre de Gonzalez fait son chemin dans la Compagnie.

Les sentiments suprêmes de ce grand lutteur, qui ne devait mourir que le 27 octobre 1705 mais ses der nieies années furent d’un homme diminué sont contenus dans l’émouvant Libellus supplex… qu’il envoya à Clément XI en 1702 et que nous axons déjà plusieurs fois cité (outre Concilia, loc. cit., Patuzzi nous en a aussi conservé le texte dans ses Lettert teologtco morali… di Eusebio Eraniste, l. m. p. i.xiv sq.), Il j supplie le pape d’intervenir auprès de la Compagnie de Jésus en vue de la garder des périls où Gonzalez craint qu’elle ne tombe après sa mort, si elle ne se détache décidément du probabilisme. Il sait bien avoir fait quelque chose d’efficace pour son ordre ; son livre a produit des « fruits abondants » ; mais il n’esl pas sur que la lutte ne recommence, qui sérail désastreuse poulies siens. Gonzalez est plus dur que jamais au probabilisme : « Bien que soient excusés de pèche les auteurs qui jugèrent de bonne foi comme Vraie la sentence des probabilistes, et donc l’ont suivie de bonne foi dans la spéculation, personne néanmoins, sauf preuve, ne doit être censé avoir mis eu pratique une telle doctrine pour diriger sa conscience ou celle d’un autre : car toujours et partout ce fut. c’est, ce sera un péché très formel que de pratiquer une telle doctrine. I.a raison en est facile, car la fausseté de la sentence réflexe du probabilisme consiste en ce qu’elle dit qu’il n’y a pas péché là où il y a péché ; elle dit être Tait de bonne foi

DICT. DE 1IIHOT. CATHOL.

ce qui en réalité n’est pas fait de bonne foi ; elle dit être fait avec une bonne conscience ce qu’en réalité on fait sans bonne conscience ou contre sa propre conscience… Celte sentence est donc la cause d’innombrables péchés et de la damnation des âmes. X.’. Mais aujourd’hui, après les interventions des précédents pontifes et de nombreux évêques ou assemblées d’évêques. vu le discrérlit ou est tombé le système dans l’ensemble de l’opinion catholique, les réfutations qu’on en a faites et surtout l’inclination du Saint-Siège, telle qu’on peut tenir les principaux dogmes probabilistes pour proxime damnabilia, Gonzalez estime difficile qu’on professe sans péché et de bonne foi cette doctrine, même dans la spéculation. Il exprime l’espoir que Clément XI voudra continuer l’œuvre de ses prédécesseurs. Maintenant qu’ont été condamnés l’cxtrèimrigueur (voir ci-dessous, col. 548) et l’extrême relâtuaient, il resterait que fût montré le juste milieu. Lu

tout cas, en CC qui om crue la Compagnie de.lesus. il

est nécessaire que le pape intervienne. Document d’un homme qui touche au terme des.i, arrière, ou siiinr l’efîoi t d’une ie. Son accent de sincérité- et d’inquiétude n’esl pas niable, il fui communiqué le 21 août 1702 a Fabio Olivier !, secrétaire des brefs, pour qu’il voulût bien le présenter au pape. Lettre de < Gonzalez A oiivieri. dans Concilia, Difesa…, p. 34. Le i sep timbre, le P. Sagarra était nt a en audience p.ir ci, meut XI, qu’il entretenait de cette supplique I cueil et la déi ision du pape sont exprimés dans l’addition faite au Libellus.

Item gratlsshnumSanctitatisuse factura tupei tatis, si pnestent ni |esuitte obstine ou.i doi end t et d denda lententia qua -- ut Licttum esse usum oplnlonii un nus probabilii et minus t ut -. cum Sanctitatl nue eomperiiim sit lta.ni u i ixpedire ad mcolumitatem et honorent

Sixulatis.

C’était consacrer, en desir du moins, l’œuvre i ntl< n de Gonzalez. Ce qui en adviendra et comment héroïque tentative « le restauration lut sans lendi durable, selon « pul’avait redoute Gonzalez, lis pro

chains épisodes de la querelle nous en informeront.

i 1rs documi nts ortglnaua relatifs au décret de 1680 et 1 l’affaire Gonzalez nous ont été conservés, comme on l’.i u. par Concilia, d. mis si Dt/esa delta Compagnla <ii <..>, ;., nisc. 17U7 (éd. Lit. : Vindictm Socti tattt.Lmi, enlse, i et par Patuzzi, dws ses Letltrt teologioo-marall…/i ; u » bio Eraniste, t. i. Trente, 1754, append., p, i. i., i dai Ossavaxtoni s../>r.i part puntt d’istoria leUerarla..^ t. u. Venise, 1756, append., p. lvii-cxxx. On en trouve une o

tion il. ois DOtUnger ReUSCO, "/>. rif.. t. il.. 1 1.1. n-liicl… p., s sini. Retenir aussi i., déposition de Gonzalez.m (.nus de* tractations préparatoires au procès de béatification d’Inno cent XI, Sae. Rfl, t’ongr. Em. et rto. i >. tard, i < rr.in< : Hum. bealtflcaiionk ri canonlialionU oen. tervi l’ti Innocenta papm XI. Poslllo taper dubio, un stl tignanda commissio Inlroduclionts causa fn eosu, etc., Rome, 171 ;. In-fol., 2’paginât., p. 180, n. 21, 24’témoin, Parmi les documents manuscrits signalés par le P. Astr.iin (cl dessous) -ont d’un Intérêt spécial pour cette histoire : le ms. 9671, de la i u ite.i Rome, Bpistolat etrea probabilia (correspondance de i.on/ativ avec les généraux Oliva et Noj elle, ainsi qu’avec le provincial de Castille, 1667 1687, collection rormée par Gonzalez) ; le ms. 140/, de la même lu iliothéque, qui est i’Opusculum de 1699 1700 dont n..us avons parié ; les Eptstolm ex oariis provinciis Socielatis, en possession « le la Compagnie de Jésus.

2° l’es historiques.le l’affaire se trouvent dans les / del I’. Paolo Segneri sulla materia del probabtle, Cologne, 1732, lett. u et m ; Concilia, Défia storia del probabilismo < .L-/ rigorismo, etc. Lucques, 17 1 ;. t. i, diss. ii, Cl, ; t., , , dlss. Ill : Gagna, Lettere d’Eugénie ipologlsla… ml un collega del 1’. Concina, Lubiana, 17 15, lett. o sq. ; Patuzzi, / « itere teologico-morali… c/i Eusebio Eraniste, . ; éd., [rente,

t. II, 17.M2. lett. XVI J t. VI, 1754, lett. xi m.

8° Enfin maints travaux modernes ont étudié cett< affaire. L’ouvrage cite de Dfillinger-Reusch en a r.ni iii, récit circonstancié, t. r, p. 120-173, Sur le décret d<

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