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doctrinales, et quelles conséquences contient le ss iniir si r’accepte poinl de l’enclore dans la seule

conscience. Terillusn’a point fait école. Le probabilisme continuera d’invoquer la réflexion : mais, plutôt que de faire correspondre à celli et uneréalité, il se contentera de défendre les principes mêmes de cette réflexion, savoir « pu-, dans le doute, la loi n’est ni promulguée ni obligeante, el qu’il en va alors comme « tans le cas d’ignorance invincible. Ce n’est que jusque-là que saint Uphonse imitera plus tard Terillus. Mais la tentative « le celui ci demeure fort significative pour l’historien. Elle attira sur son auteur l’ai (eut ion de son

temps et bientôt les critiques d’un « te ses confrères

espagnols, Ignace de Camargo, et « lu dominicain Daniel Concina, deux auteurs que nous retrouverons. D’intention plus directement défensive est le gros livre d’Honoré Fabri, paru à Lyon eu 1670, et à Cologne, augmenté du double, en » <~2. Apologeticus doctrines moralis ejusdem societatis. La lettre d’Oliva que nous avons citée est en tête de ce volume, que neuf

I héologiens de la Compagnie se sont accordés à approuver. L’auteur entend fournir la réfutation complète de tout ce qui a été dit depuis vingt-cinq ans contre la doctrine morale de son ordre. Il répond successivement aux différents adversaires, où nous retrouvons, parmi quelques inconnus, des noms que nous avons déjà recensés. La forme dialoguée entend donner à ces fastidieuses dissertations un tour littéraire et agréable. Pour compléter l’arsenal, Fabri a joint à ses Dialogues une seconde partie, composée des écrits déjà publiés par certains jésuites contre des adversaires. Son livre, où Fagnanus et Baron étaient assez vivement pris à partie, valut à Fabri quelques mésaventures, y compris son arrestation à Rome, en 1671, par l’Inquisition romaine (l’histoire de ces démêlés, dans Dôllinger-Reusch. op. cit., t. i, p. 45, n. 2 ; Reusch. Index, p. 503).

II s’attira aussi plus tard une riposte d’Etienne Gradius, préfet de la bibliothèque Vaticane. Disputatio de opinione probabili cum P. H. Fabri, Rome, 1(378, qui, ayant fait devant la Congrégation de l’Index un rapport favorable à Baron, s’était vu accuser par Fabri d’être hostile à la Compagnie de Jésus. La critique que fait Gradius du probabilisme à cette occasion est loin d’être sans mérite. Fabri était un esprit curieux ; il avait renom de savant. Il a donné occasion à un mot de Leibniz (cité dans Reusch, op. cit., p. 504, n. 1) : « Je m’étonne qu’un aussi habile homme entreprend de défendre cette morale ridicule de la probabilité et ces subtilités frivoles, inconnues à l’ancienne Église et même rejetées par les païens. » (Leibniz a été attentif à cette dispute de la probabilité au sein de l’Église romaine. Voir un mot dans une lettre à Bossuct du 18 avril 1692, dans Bossuet, Correspondance, éd. cit., t. v, p. 129.) D’autres auteurs probabilistes decetemps et de la Compagnie de Jésus sont nommés dans Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 45-46 ; y remarquer Richard Arsdekin (ou Archdekin), un Irlandais, professeur à Louvain et à Anvers, dont l’ouvrage, mis à l’index en 1700, parut amendé en 1718 (détails dans Reusch. op. cit., p. 511).

3. Les anliprobabilistes.

Nettement distincts des groupes précédents et même, comme on verra, combattus par l’un ou l’autre des auteurs que nous venons de citer, quelques théologiens de la Compagnie prennent parti contre le probabilisme, continuant l’opposition dont nous relevions plus haut les premiers indices. On peut classer parmi eux un professeur du collège de Louvain, Louis de Scildere, dont le livre, dédié à l’archevêque de Malines, paraît à Anvers en ltiiil : I)< principiis conscientiæ formandse tractatus sex, lum in jure naturæ ae divino, tum in humano, canonico ac civili fundati, livre principalement canonique, mais où son ! touchées les questions « le la conscience douteuse

el de la conscience probable, L’auteur les traite d’une manière personnelle et dans un esprit qui t ranche sur le probabilisme. Le livre porte le permis d’im mer du pro Incial de Belgique.

I.us plus importantes et signiflcal ives sont la publication el la doctrine de l’ouvrage indiqué plus haut de Michel di Elizalde, adversaire résolu du probabilisme. Sa suggestion de 1666 avait reçu du général Oliva l’accueil sommaire que nous avons dit. La proposition décomposer lui-même un ouvrage contre le probabilisme lui vint « lu cardinal jésuite Pal lavicini, qui, ayant professé naguère cette doctrine, s’en était maintenant détourné au point d’avoir eu le projet d’écrire une rétractation. Ce fait de la conversion de Pal lavicini est t res fermement él abli, grâce notamment à son Épis tolier, publié a I { « uni’en 18 18. Voir aussi d nis l’Appsn-dix cité d’Esparza, Dôme. 1 669, p. 78. une information intéressante sur le sujet. D’autres cas « le telles conversions sont connus, notamment celui du cardinal bénédictin d’Aguirre, nommé ci-dessus. Dans la Compagnie même, plusieurs des grands adversaires du probabilisme, Elizalde lui-même, Gonzalez, Camargo, avaient commencé par adhérer au système. Il existe sur le sujet une littérature dont on trouve les pièces dans Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 52 sq. ; cf. p. 120122 ; les témoignages de Gonzalez et de Patuzzi sont particulièrement intéressants. Quoi qu’il en soit, l’allavicini encouragea très positivement le travail entrepris d’Elizalde, qui serait, disait-il, fort agréable à Alexandre VII lui-même. L’approbation de son général lui ayant été refusée, Elizalde fit paraître son livre à Lyon, en 1670. sous un pseudonyme : De recta doc-Irina rnorum libri IV, auctore Antonio Celladei ; accessit Appendix de natura opinionis. En 1681 parut à Fribourg la deuxième édition de l’ouvrage (augmentée d’une IIe et d’une IIIe partie), mais non plus approuvée que la première. Elle portait le nom véritable de l’auteur, mort en 1679, et qui avait écrit en tête de la partie inédite : « Voici la IIe partie du De recta doclrina morum, que j’avais promise dans la I re, qui a commencé déjà d’être imprimée, bientôt interrompue ou plus exactement empêchée, et dont je ne sais absolument pas si elle verra le jour ou non. » Nous devinons combien d’incidents sous ces paroles ; cf. Dôllinger-Reusch, op. cit., t. i, p. 51-55. A la fin de l’ouvrage, cette protestation non moins significative : i J’atteste avoir écrit… avec cette foi très instante selon laquelle je crois qu’il n’est pas le disciple du Christ, qu’il n’est même pas digne du Christ, celui-là qui aime plus que lui un père ou une mère quelconque, soit une nation, ou une terre, ou une famille, ou une école… »

On trouve dans Dôllinger-Reusch. op. cit.. t. i. p. 5556, un échantillon du style d’Elizalde. Sa doctrine ne devait pas moins déplaire aux probabilistes. Il la récapitule sous deux chefs, part. I, t. III, q. xviii : 1. la loi de Dieu est la première règle des actes humains ; 2. la raison en est la règle secondaire. Donc la raison doit être subordonnée à la règle divine. Donc le probabile consuetum (tel que l’entendent en ce temps la plupart) n’est pas une règle d’action. Mais le probabile conscientin’le devient (lel que le plus souvent on y est en effet d’accord avec la loi de Dieu). Très originale est la IIIe partie, dont les deux livres VII et VIII sont intitulés respectivement : De invenibilitale veritatis m>ralis et île ignorantiis in specie et !)< modis inoeniendi veritatem moralem seu de gladio missu in terrant a Saloatore, On voit l’inte t On. Par ni les moyens de découvrir la vérité morale. Elizalde développe longuement celui qui consiste dans la charité, t. VIII, q. xii : elle nous enseigne en rendant notre cœur pur ; parce que chacun joue « le la tin et « les moyens selon ce qu’il est ; en nous faisant juger droit « lu facile et du difficile ; en nous faisant aimer la loi et non pas discuter avec elle : eu