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PROBABILISME. LA RÉACTION DOMINICAINE


fonder un jugement prudent. P. 145. Le retour aux lois de l’esprit ei le sens de la vérité ne peuvent que rendre intenable le probabilisme. Labal combat aussi l’idée de l’assentiment simultanément accordé a deux contradictoires, et sou argument rencontre exactement Jean « le Saint-Thomas, qu’il réfute. Il résout encore l’objection tirée du droit qu’on a « le ne pas suivre le plus parfait, dont nous savons qu’elle vient « le Médina : ce droit ne joue plus, répond Labal, « plaint le moins parlaii comporte le risque d’un mal, ce <|ui est le cas de l’opii ion moins probable, laquelle l’ait courir un risque d’erreur. Ce redressement d’un théologien dominicain contre ses devanciers du même ordre est tout à (ait significatif. Nous pensons du reste que la réaction de Labal est plus pragmatique que doctrinale, bien plus commandée par le souci de limiter les fâcheux effets du probabilisme qu’inspirée d’une méditation r< nouvel* e

de la pensée de saint Thomas. E1 c’est pourquoi sans

doute on observe chez cel auteur de curieuses concessions : il avoue que la loi dont l’existence est douteuse n’oblige pas après un diligent examen, « pie le principe

de possession s’entend en toute matière. Du moins

n’accusera i on pas de rigorisme ce nouvel adversaire du probabilisme.

On connaît davantage.I. -H. Gonet, de la même pro vince dominicaine, professeur à l’université de Boi deaiix, auteur du laineux Clypeua théologie thomUticse, paru à Bordeaux de 1659 à 1669, et dont une neuvième édition paraissait a Lyon en 1681, année « m mourut Gonet, On y trouve, à la suite du traité de la moralité « les actes humains, une dissertation de la probabilité,

publiée a Bordeaux des 1664, mais revue depuis par l’auteur. Le lil re en est déjà SUggest il : DissertatlO lliiii logica de conscientia probabili seu « /< opinionum proba bilitate, contra intolerabilet nooorum casuislarum laxi taies et nimium jansenislarum rigorem. Gonet a son tour entend combattre les excès des casuistes par une cri tique des théories de la probabilité, el d’autre part il ne

lient pas moins suspectes les outrances jansénistes « pie

le relâchement du parti opposé. Il récuse le choix de l’opinion moins probable comme règle de conduite. Mieux inspire que Labat, il rend à la règle du plus sur son efficace en matière de doutes, tant de droit que de fait, réservant ! > principe de possession aux choses de la justice et au tor judiciaire. Sous le titre de Probabi lilatum monstra (art. 5), il recueille un lot des plus énormes propositions de Caramuel et de Tamburini. Par ailleurs, il entreprend une réfutation en règle de Nicole, qui, scion Gonet, n’admet aucun usage < ! « la probabilité puisqu’elle ne peut excuser si elle est fausse, ni aucune ignorance invincible du droit naturel. A quoi Gonel oppose ces conclusions : quand l’homme est tenu d’agir, il peut suivre la sentence probable si, après sui

lisante recherche, une autre plus probable ne lui appa

rail pas ; qui agit d’après une opinion probable fausse

el COnl raire a la loi divine, mais qu’il pense in i ne il île ment être vraie et conforme à la loi divine, est excuse « hpèche. El railleur dénonce la racine de l’erreur |.ni seniste eu ces matières, qui est une distinction « lu droit positif et du droit naturel telle « pul’ignorance du second est toujours vicieuse : mauvaise théologie « lu pèche originel « pie Gonet s’emploie à rectifier. Cf. An guslinus, I. 11, e. n sq. Il partage pour son compte en trois zones les préceptes naturels el. admettant qu’il

n’y a point Ignorance Invincible quant aux deux pre

mières (donc pour des préceptes comme ni’pas lorin quer. ne pas voler, ne pas mentir), il le nie de la lien sieme (tel eonlrat est illicite). Ou voit « loue se tonner

nettement chez Gonet celle position « ! « juste milieu,

qui sera le souci de plusieurs générations de moralistes. Il le déclare expressément lui-même « fins une conclu sion qui rejoint son titre : Unde oeritas thomistica inter novorum casuistarum laxitales et minium janseniana

rmii rigorem nwdiu stad. On n’interprétera don* p son désavantage la signature qu’il accorda en 1660, avec deux autres professeurs de la faculté « hthé< de Bordeaux, au décret déclarant exempt d’h< l’ouvrage latin de Nicole. I.ud. Monlaiti Litterse provinciales, déféré a l’examen de cette faculté par le parlement de la ville (texte « lu décret dans l’ouvrage en cause, Cologne, 1665, prol. I). La dissertation de Gonet représente parmi les égarements « lu temps une théologie sinon très profonde, « lu moins suffisamment correcte, l.a réacl ion dominicaine en cette période n’a rien produit de meilleur.

(. « mit et Labat sont des professeurs. Baron, que nous retrouvons ici. est un polémiste. Vous avons relevé déjà un témoignage « le son zèle. Au vrai. ii mêlé « le tout : il a défendu quelques auteurs di son parti, combattu un plus grand nombre d’auteur con Iraires. Caramuel (qu’il traite cependant comme un personnage considérable), Matthieu de Moya, l héophile Raynaud, etc., mais miissj Nicole. Il a inl I blemeni écrit ; il s’est édité el réédite « hmême, d’où une produit ion littéraire quelque peu confuse. Voir Quétii Echard, op. c17., t. ii, p. 655-656 ; Hurtçi n omenelator, t. tv, p. 281 283. Ses livres sont Interminables, « I ii « n « pie d’un latin qui sent encore sa latinité. Mais quelle importance réelle eurent ces écrits di circonst i Pleins de renseignements sur les controvi ours,

ils semblent avoir fait un sort littéraire aux idées des autres. Ou moins, les démêlés de Baron avec Rome attestent ils « puses publications furent remarquées (voir « i « Icssunsi Dans l’ensemble, l auteur, bien qu’il se défende d’en prohibe) absolument l’usage, peni I vers une défiance excessive de la probabillti « la ni «  « iie règle d.n i mu que le sût « m le certain, si

une probabilité n’est pas favorable a la loi, il la ré «  r.n ailleurs, il évite de fonder s.i critiqui mu i.- principe qui exclut l’ignorance Invini Ible du droit naturel. Il dénonce avec di Lugo l’équivoque « l uni adh< simultanée a deux propositions contraires ! rejette

la certitude obtenue par réflexion sur hdoute f-i

que l’extension du principe de possession en deh< la justice. Plus personnelles peut flexions A

l’adresse de Caramuel, dans la dédicace d. -.. moralis… pan pri’ir. Il l’appelle h « ni.. id « d siècle ci dénonce i liez lui un fonds d’agnosticisiw qui est un jugement pénétrant sur l’esprit d outrancier probabiliste. Nous avons d « l’une

décadence du si ns de la vente, beaucoup plus qu’une

décadence « lu sens moral, explique chez es auteurs

l’origine du probabilisme. Voici quelques traits de la mentalité dépeinte : ne rien adui |, ne

pas rejeter les opinions des autres ; ne p. « s adhérer

absolument aux siennes ; lien n’es !.dis. il liment faUX,

rien n’est absolument vrai, il n’j a que du vraisem

Idalile ; chercher la vérité, niais ne pas l’espérer ; en

attendant qu’on la trouve, établii la probabilité que Caramuel définit, selon Baron, une vérité- virtuelle ;

et le en lin lis ternies av ce I ont es les écoles et enliser Ver la paix..Initiions a cel excellent aperçu un lie. m moiicnienl de I îaron :

i unquam « Iceronem de i ils vita liumirus olficiis disseieiiiein euiii nostris theologlæ moralis scriptoribus para quin robore suflund a et pêne dolnre i ibeac iiii, ob

sacuh nnslri et I eelesie deilecus seiupitei nuui. Vun, si lue il iiieuni seiisuin apeuré, vulentur milii theologl etliiiue locuti, el ( ieein SCripsiSSe ni t lieoln : us il eln isl i.uiiis.

Nescles an Iste acrius pro honesto an illl pro util ! et lib > tate pugnent. Ibid.

Vincent Contenson, al lire « fins l’ordre des fr «  prêcheurs par le précédent (Quétii Echard, "/>. cit.,

t. ii, p. ti, ">ii). est en effet l’héritier « le son zèle et de son esprit. Comme il arrive, il dépassa même les pensées qu’il admire. Mort a 33 ans. en 1674, il a laisse une