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l’Iioli HI LISME. I. RÉACTION DOMINICAINE


qui.1 bii n voulu ordonner qu’il lui ainsi pie ci ii el signiiie à l’ordre entier, hoc summe consonare expi voluntati s. »., . Uexandri divina providenlla >a pæ II. i/iu istud unit ini ita preescribt aC

significari clementissime imperavil. Texte dans Rei chert, <tu capitulorum generalium ord. pr., t. vii, 1902, p. Il

on ent s ; his peine I.i portée de cel acte. L’ordre met en -aide les siens contre un danger, où nous reconnaissons clairement les doctrine s et les tendances du temps. L’avertissement signifie sans doute que certains religieux avaient trop versé. Nous axons dit la part qu’uni me (les frères prêcheurs eu l’établissement du probabilisme. Mais le chapitre général vise de préférence ceux qui oiil abusé du système en la décision des cas de conscience, Rien de surprenant que de tels écrivains se soient trouvés dans l’ordre, encore que le mal j semble avoir été moins grave qu’ailleurs ; les polémistes dominicains que nous verrons se lever bientôt s’efforceront de disculper leurs devanciers de tout probabilisme : tactique de controverse, à quoi riposteront sans délai des I hèses contraires. La vérité est qu’on tut à peu près unanimement probabiliste, ici comme ailleurs, jusqu’à cette date de 1656 précisément. Et quant aux c’asuistes dominicains, quelque peu suspects de relâchement, le plus notable est peut-être Vincent Candi do, un Sicilien, maître du Sacré Palais sous Innocent . auteur d’Illustriores disquisition.es morales…, une somme de cas de conscience disposés en ordre alphabétique, parue à Rome en 1638-1643. Selon Echard, l’ouvrage aurait déplu au maître général, Thomas Turco, qui en interdit la lecture dans les couvents a cause de la complaisance marquée par l’auteur envers certaines opinions relâchées. Quétif-Echard, Scriptores…, t. ii, col. 580 ; cf. art. Laxisme, col. 71. La liste des auteurs dominicains de casuistique, dans Quétif-Echard, op. cit., t. n. Index materiarum, p. 965 sq. Il se trouve que les Actes du chapitre général de 1656 s’ouvrent sur l’éloge funèbre de V. Candido († 1654), où il n’est pas fait allusion à cette défaillance, mais où nous prenons au contraire une haute opinion de ses vertus.

Pour obvier aux dangers comme aux abus, l’ordre ne prescrit rien d’autre, constant en ses directives doctrinales, qu’un attachement plus fidèle et presque scrupuleux à saint Thomas d’Aquin. Il insiste sur la nécessité de rester docile à l’ancienne tradition théologique, témoignant ainsi, à rencontre de la mode du temps, une salutaire défiance de la nouveauté cultivée pour elle-même. En faveur de ses monitions, il peut invoquer l’expresse volonté du pape Alexandre VIL chez qui nous saisissons ainsi, dès le commencement de son pontificat, les préoccupations que traduiront dix ans plus tard les condamnations que l’on sait. Et nous entrevoyons combien il comptait sur l’ordre des frères prêcheurs et sur la doctrine de saint Thomas pour la conservation dans l’Église d’une saine et bienfaisante morale.

Aucun commandement cependant n’était donné, ni par k pape ni par le chapitre, d’entreprendre quelque campagne contre les opinions relâchées ni contre le probabilisme En fait, l’acte dont nous parlons devait avoir cette conséquence, dont nous pouvons penser au surplus qu’elle n’était pas absolument étrangère aux intentions qui le dictèrent. I ne lettre de Vincent Baron, l’un des déflniteurs du chapitre de liiôti. au maître général fait allusion à l’affaire en des termes moins réservés qui la rédaction officielle : Il me souvient, dit Baron, qu’entre autres avis à nous confiés par votre Paternité au nom du saint-père, en vue du bien et de la renommée de l’ordre, il avait celui-ci, de tous le plus grave et souverainement glorieux à la

religion dominicaine comme i l’école thomiste que

le pape était lassé de tant d’opinions nouvelles introduites p. ir ce siècle en théologie inorale, (pli fon

relâi lier la discipline évangélique et t rompent les âmes, au grand danger de leur salut, et qu’il voulait surtout que nos théologiens, en remède a ce mil caché dont souffre l’Église, préparent un ouvrage tiré de la doctrine sévère et sûre de saint Thomas, grâce a quoi fût supprimée comme au cautère cette licence des mœurs el (les opinions qui s’aggrave tous les jours. Texte

reproduit dans la préface a l’édition d’Anvers, 1681, de la Théologie morale de Ghetti, voir ci-dessus. Voilà

du moins comment comprit les choses un important capit ulaire de 1 656.

Mais déjà, el sans attendre cet te invitation solennelle, un religieux dominicain..I. Mercorus, inquisiteur a Mantoue, avait préparé un important ouvrage, celui-là précisément que Baron présente au maître général dans la lettre citée, el qui répond aux vœux du chapitre comme du pape. L’objet en est une mise au point attentive de l’usage des probabilités, comme le titre l’annonce : Basis totius moralis theologise, hoc est praxis opinionum limitata… adoersus nimis emollientes nui plus œquo exaspérantes jugum Christi, .Mantoue, 1658, où l’on voit par surcroît que le soin d’éviter la rigueur n’est pas moindre que celui d’échapper au relâchement chez cet adversaire du probabilisme. Défait, .Mercorus prend garde de ne verser dans aucun excès. Il use même de formules et de procédés précautionneux à l’endroit des probabilistes, d’où peut-être certaines concessions superflues. Mais la pensée est de bonne qualité ; l’élaboration, originale ; la position. solide. Il en faut juger en fonction du vocabulaire établi dans la I™ partie. Le livre n’est point de controverse, mais d’effort doctrinal. Il attira néanmoins sur l’auteur des attaques, et venant des deux extrêmes entre lesquels il avait prétendu se situer. Nicole le félicitera d’avoir placé le débat moral sur le terrain de la probabilité, mais il le blâme fort d’avoir admis une ignorance invincible du droit naturel. D’où des explications de Mercorus : Solutio trium nodorum in opère de opinionum praxi limitanda agentium juxla censurant D. N. de A’., doctoris Parisiensis, 1663. Il y maintient son principe. Du moins, la critique de Nicole est-elle pour notre auteur un brevet de non-jansénisme. Voir les Liiterx provinciales, Cologne, 1665, append. ii, p. 576 sq. Mercorus eut d’autre part l’occasion de venger Fagnanus (voir ci-dessous, col. 512) des attaques de Caramuel, Apocrisis pro doctrina de probabilitate Prosperi Fagnani adrersus apologiam Johannis Caramuel, 1664. Mais son principal ouvrage fut apprécié de tous ceux qui en ce temps luttèrent comme lui contre le probabilisme.

A l’appel du chapitre général répondit avec un zèle particulier la province réformée de Toulouse, prospère et illustre à cette époque de l’histoire dominicaine. Voir A. Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre des frères prêcheurs, t. vii, c. ii, p. 28 sq. Baron y appartenait. Dans leurs cours de théologie, nous voyons les professeurs prendre position, sur le problème de la conscience, dans un sens bien différent de leurs confrères de la génération précédente : ainsi, le P. Pierre Lab t. qui enseigna au couvent de Toulouse une Theologia scholaslica secundum illibatam D. Thomas doctrinam. Son effort spécifique est comme une tentative de libération à l’endroit de thèses qui s’étaient peu à peu introduites en l’école thomiste. Voir l’-ID’. q. xix. t. m. Toulouse, 1659, p. 132 sq. Qu’on ne puisse agir selon la moins probable, cet auteur en donne une preuve excellente, et c’est qu’on ne voit pas. dit-il. quel mol if peut déterminer le choix d’une telle opinion, sinon un intérêt temporel, ou un attachement arbitraire de la volonté, ou quelque autre considération extrinsèque ; niais rien de cela n’est de nature à