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[PR0BAB1LISME. PROSPÉRITÉ, LES CASUISTES


l. ii. p, 195-196. Il se trouve ainsi que la théologie morale, telle que le type s’en est affirmé alors et a prévalu jusqu’il nos jours, est marquée de certains caractères, qui sont précisément ceux des ouvrages dont nous parlons.

Le premier est un amoindrissement « le l’exigence scientifique. Os ouvrages ordonnés à l’utile se contentaient de juxtaposer les matières en un ordre principa lement pragmatique. La synthèse en est fort incertaine ( voir, par ex., les variations des auteurs sur la place du

traité de la conscience ; cf. B.-H. Merkelbach, Quelle place assigner au traité de la conscience ? dans Rev. des se. phil. etthéol., t. xii, 1923, p. L70-183). Dans le trai ni des quesl ions, el cette l’ois en vert u des I liéones

de la conscience, admises connue on a u par ces auteurs, ils procèdent moins par détermination de la vérite que par juxtaposit ion des opinions en cours. Nous touchons ici la conséquence en méthode théologique de ce déplacement signalé de la règle d’action, où le soin de la vérité perd son primordial intérêt. I.a théol morale devient de préférence un recueil d’opinions, (lassées selon ce qu’on appelle leur probabilité. D’où l’absence de ces qualités de précision et de décisionqu’on pouvait admirer, jusque sur les matières concrètes, chez les théologiens d’antan. On a pu voir (col. 185) quelle

idée se l’ont les nouveaux ailleurs de l’cllort Intellei

tuel et de la fermeté de l’opinion dans l’esprit, lu théo logien jésuite s’en plaignait dés 1591, llmri Htnriquez, professeur au collège de Salamanque, dans le prologue liés intéressant de sa Summa théologies moralis, parue

en 1591 : … Ils croient ne pouvoir mieux faire, lors qu’ils ont cité le tenanl d’une opinion OU rapporté une

raison probable, que de présenter l’une et l’autre sen leucc comme probable et sûre en pratique ; dans cette pensée, ils commandent a l’avocat, au juge ou au cou

l’esse m de dormir traiiquillement sur l’une et l’autre

oreille. A quoi bon la vérité puisque le probable suf

lit’? I.’objel même et donc la liai lire de la théologie

morale oui changé. Voilà jusqu’où porte l’amoindris sèment signalé de l’exigence scientifique.

Le second caractère est qu’en celle théologie on ne

lient plus guère compte de la culture morale de l’homme. Il est dtl cette l’ois aux préoccupai ions cas uis tiques des ouvrages dont nous parlons. On y fournit des solutions, el leur gloire est d’embrasser ions les cas

possibles. Ils arborent cette prétention dés leur titre.

/oi présente son livre comme des Instituliones mura les in quitus universse quæstiones ad conscienliam recte uni prave factorum pertinentes breviter tractantur ; Laj manu dii du sien : Theologia moralis in qulnqut libres pariita, quitus materise omnes practiese cum ad exlernum ecclesiasticum tum internum conscientise forum spec tantes, nova methodo explicantur, el Tamburinl : Explicatio Decalogi… in <jiki omnes fere conscientise casus… declaraniur. Il est bien de vouloir diriger la pratique,

mais celle-ci ne consiste pas dans la seule applica lion des solutions. Elle procède de l’homme, (pu se prépaie a v réussir par une culture appropriée. I.a théo logie classique y avail pourvu grâce a la prudence. Celle pièce organique de la vie morale tombe désor mais en discrédit. Si même elle est nommée, (die figure parmi les vertus morales connue un reste de l’ancienne ordonnance, mais inutile. Et pourquoi, en effet, mettre

l’homme en mesure de prononcer un jugement de vé

niepratique si tOUt l’art Consiste à choisir parmi les

opinions déclarées probables ? Autre effet donc dans la théologie morale du changement de la règle d’action, car la disparition de la prudence tient profondément à cette raison là ; on ne sait plus qu’en faire parce qu’elle

est remplacée.

Le troisième caractère est l’importance en théologie

morale de l’idée d’obligation, considérée comme une entreprise de la loi sur la liberté, qui serait le bien ori

ginel et propre de l’homme. Nous avons dit (col. 175), l’origine de celle conception et combien elle était passée dans les ouvrages dont nous parlons. Loin que . Il morale soit la promotion d’un bien désirable, elle applique une loi qui est un quid odiosum. D’où l’effacement d’un traité comme celui de la fin dernière. D’où la préférence donnée a une organisation selon les préceptes. Quand bien même on retient les vert os, prit est celui-là. D’où cette tâche spé< ifiquede mesurer aussi exactement (pupossible l’action a taire, en vue de limiter l’obligation et de ménager la liberté ; tandis que l’ancienne théologie proposait a l’homme les biens qui lui conviennent. Il est bien vrai qu’une théol principalement casuistique se doit d’être attentive a

lac Mon particulière et d’évaluer surtout les péchés ; mais n’y peut on mettre un esprit et viv ilier même i es recherches ? Ces ouvrages y ont manqué, . omme

ils sont aux nouvelles préoccupations. Entre autres conséquences, cette limitation infligée a la théol morale devait conduire a l’émancipation de ce qu’on

appelle maint eiianl la thl l étiqUe et mystique.

autrefois contenue dans l’unité de la science théologique et de son inspirai Mais qui songerait désormais a régir la ie spint ne Ile selon lei a l’ad ion morale’Il ressort de ces observations que la théologie morale

d’aujourd’hui, héritière des ouvrages que i - venons

de voir paraître, est en " alité danla suite des anciennes Sommes des confesseurs et non de ce qu’on appelait jusqu’au - siècle théologie morale, laquel

demeurée pour ainsi due eu disponibilité ; et que la

même ou sont récusées bs thèses formelles du pp biilsme, l’empreinte de celui et demeure visible en <cdivers caractères que nous avons brièvement indique-.. Voir l’art. Moral : ( Théologie), t. x, col 24

/II. / / -. 18U18TE8. < fui le ceux dont nous e

nous de parlei ont rang de i asuistes en ie temps d’innombrables ailleurs. Vvec ou s. m-- prétention de théologie morale, se multiplient alors les resolutionei

simili. Les exploiteurs des ( ohm iciu es sont de toute

ioi, e. Ils écrivent en latin ou en langue vulgaire, fis adressent aux pénitents comme aux confesseurs buis Sommes, leurs Trésors, leurs (.lutines. Certains disser tent encore du probable et du douteux ; d’autre* s’appesantissent sur des matières particulières, comme le jeûne, les contrats, le mai bre entre tous est le

volumineux De s. malrunnnii sacramento (le I bornas Sanchez, déjà nommé. Nombre de ces éci 1 1 « -., omm précédents, mêlent le droit à la morale, Énorme littérature de laquelle les prochaines querelles retiendront quelques exemplaires, mais qui ne feront guère qu’ex pier les témérités de buis pareils. Listes de ces publications dans iiuiiei. Somenclalor, t. iii, col. 35’(de 1581 a i ; col. 590 603 (de 1601 à II

col. ssd soi, ide 1621 à 1640) ; col. 1185 1202 (de 1641 à 1663) ; cf. I. von l tôllinger et l r. 1 1. Reuw ii, schichle der Moralstreitigkeiten in </<r rômisch-katholisrhrn Kirche…, L i. Nôrdlingen, lï 1-31, et les

art. Casi isi iqi i. t. ri, col. 1859, ci Jésuites, t. > m.

col. 1089 1090. otie lâche est in de deluiir le rapport

de cette casuistique avec le probabilisme,

Elle entend trancher de Luit et envelopper la vie morale entière du réseau de ses solutions. Le Irait en était visible déjà dans les théologies morales. et nous disions qu’il caractérise une casuistique proba

biliste, Nous ie retrouvons, comme bien l’on pense, chez les casuistes de métier, entre lesquels se distingue, quant a ce point, le tbeatin sicilien Antonin Diana. grand personnage romain en son temps (1585 1663 ; les théatins fournirent au xvir siècle un grand nombre

de casuistes et non des inouïs audacieux i. Ses Resolu tiones murales ne contiennent pas moins de 6595 réso lutions, où sont traités environ 20 000 cas de conscience.