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l)cs l<M’s. on se formera le jugement <le conscience selon celle dernière, dont on avoue qu’elle a sa probabilité.

Essai significatif m ; iis inefficace. Vasquez utilise les ilcii genres de principes traditionnellement reconnus comme fondant l’opinion pour établir sur eux, relativement à la même question, deux probabilités concurrentes et simultanées. Mais il est clair que l’une de ces deux n’engendre rien dans l’esprit. Elle équivaut à la reconnaissance d’un l’ait extérieur, savoir l’adhésion des autres, nullement à l’engagement de mon propre esprit dans un jugement de vérité. En logique classique, les « autorités concourent pour leur part à informer l’esprit de la vérité cherchée ; on les combine avec les « raisons » pour obtenir la probabilité efficace. Vasquez disjoint les deux types d’arguments pour donner consistance à cette probabilité étrangère, bonne tout au plus à diriger l’action. Vaine subtilité, à laquelle s’oppose invinciblement la nature de l’esprit. Vasquez ne peut faire qu’en ce système on n’agisse selor des opinions au lieu d’agir selon la vérité. Et c’est pourquoi l’objet même de la recherche morale est désormais déplacé : on s’informera de la probabilité extrinsèque, telle que Vasquez vient de nous la définir. D’où notamment chez les probabilistes de l’âge suivant cette débauche de noms propres et de citations, dont il n’y a d’exemple dans aucune discipline autre que la théologie morale.

Quant à l’illettré, Vasquez lui permet à son tour de suivre toute opinion probable. Il s’en justifie dans un raisonnement où perce peut-être ce qu’il y a, faut-il le dire ? de sophistique chez ce brillant jouteur : « Puisqu’un homme docte et probe peut suivre son opinion, exclue celle des autres, même si la sienne est moins sûre, pourquoi l’homme inculte ne pourra-t-il agir selon la même opinion, se fiant, comme il le doit, à la doctrine et aux mœurs de celui-là ? » Ibid., c. vin. La conséquence n’est pas bonne. Le docte s’est fait pour son compte une opinion légitime en cédant aux indices les plus vraisemblables. Ainsi doit faire l’inculte, dont l’esprit n’est pas d’une autre nature. Et, puisqu’il ne peut comprendre les raisons intrinsèques, il n’a d’autre ressource que de suivre l’opinion à son sens la mieux autorisée.

Sur la conscience douteuse (disp. LXV-LXVi), Vasquez tient que c’est péché d’agir contre elle. Certes, il n’est pas dépourvu de ressources pour tirer l’esprit du doute, ne serait-ce que l’adoption d’une opinion sur la seule considération de sa « probabilité ». Reste qu’il tient ferme à sa conclusion, et il entend bien que le doute imposant le plus sûr n’est pas celui qui subsisterait après une « réflexion » sur le doute, mais déjà ce qui s’appelle simplement le doute..Surtout, il applique sa thèse aussi bien aux doutes de droit qu’à ceux de fait, à rencontre de quelques recenliores qui réservent au second cette règle de conduite. Soto, avec sa solution sur le vœu (cf. col. 4 GO, au bas), est de ceux que blâme ici Vasquez (on notera ce fait curieux : un « probabiliste. Vasquez, plus sévère qu’un « probabilioriste. Soto). Peut-être Suarez est-il aussi visé (voir ci-dessous ; on sait les rapports difficiles et les dissentiments doctrinaux qu’ont entretenus ces deux théologiens ; cꝟ. 11. de Scorraille, François Suarez, Paris, 1912, 1. II. c. V ; le point dont nous parlons n’apparaît d’ailleurs pas dans les griefs qu’ils élevèrent l’un contre l’autre).

Vasquez insisle sur la nouveauté de cette position, n’ayanl trouvé, dit il. aucun auteur scolastique qui la soutînt jusqu’ici (disp. LXV, c. m. éd. cil., p. 368) : témoignage précieux de la pari d’un théologien bien informé et contrôlant généralement ses sources. Le tutiorisme médiéval a bien subsisié jusqu’aux

temps dont nous parlons. l’our lui. il avoue ne point

voir de différence, quant au point en question, entre

les deux espèces de doutes : Car toute la cause pour laquelle dans le doule de fait on doit adopter le parti le plus sûr, est que, si on ne s’y conforme, on risque de commettre ce qui en réalité est mal et péché ; or. il y a le même péril dans le doute de droit ; donc même en celui-là il faut choisir le parti le plus sûr. » D’autant que les adversaires sont en peine d’assigner une règle exacte pour dire quand, dans le doute de droit, on peut et quand on ne peut pas suivre le parti moins sûr. A propos du vœu notamment et de la solution de Soto. Vasquez refuse énergiquement comme décision du doute le recours au principe de possession : réservé exclusivement aux matières de justice, en dehors d’elles il ne prouve rien. S’il était alors valide, la règle du plus sûr serait complètement abolie. Celui donc qui doute s’il a émis un vœu fera beaucoup mieux de l’accomplir. Les déclarations de Vasquez sont ici des plus vigoureuses.

Il ne s’interdit pas avec cela d’examiner de près certains doutes déterminés, où peuvent jouer des considérations spéciales. Il est conduit de la sorte à apprécier les règles du droit communément invoquées en matière de doute, et nous avons ici l’exacte expression de son tutiorisme :

Existimo igitur très prædictas régulas superius memoratas hoc ordine sese habere ut secunda deroget prima ! et tertia secundae. Prima autem régula est : In dubiis tulior est pars eligenda. Unie autem in materia justitne derogat secunda : In pari causa melior est conditio possidentis. Huic autem pneferenda est etiam in materia justiti ; o tertia alia régula : Cum sunt obscura jura partium, faoendum est potins reo quam actori. Quare censeo lias régulas et cætera jura quibus statuitur id quod his regulis continetur ipsam naturalem aequitatem expressisse. Disp. LXVI, c. viii.

L’étude de l’epikeia, où Vasquez opère les discernements d’usage et ne marque point de divergence grave d’avec la tradition, confirme son tutiorisme. Rien n’y annonce la non-obligation de la loi douteuse. Disp. CLXXVI, c. iii, t. ii, p. 167-169. On découvre ainsi, tant chez Vasquez que chez Médina, la permanence d’un sens objectiviste de la vie morale puisqu’ils redoutent qu’on n’offense réellement l’ordre en adoptant le parti moins sûr. Il n’y a donc pas, dans leur probabilisme même, l’intention de déplacer la règle fondamentale de l’action et qui est sa conformité avec l’ordre et la loi ; bien plutôt, les précautions qu’ils prennent alors en faveur d’une sérieuse probabilité attestent leur fidélité a cette conception traditionnelle. Ainsi n’est-il point paradoxal d’affirmer que l’une des plus grandes révolutions qui aient bouleversé la théologie morale fut inaugurée par des auteurs qui ne l’ont point voulu faire. Mais la probabilité qu’ils ont mise en circulation ne tardera pas. selon sa propre nature, à causer un dommage réel au renne de la vérité sur l’action. Bien plus, chez ces auteurs mêmes, il faut avouer que le tutiorisme. indépendamment des retouches d’application qu’on y observe, n’a plus la signification vigoureuse de ses origines, et pour cette raison précisément qu’il y coexiste avec un probabilisme. S’il est vrai qu’on peut régler l’action sur toute opinion probable, quoi de plus facile que de sortir du doute en adoptant quelque probabilité ? Du moins, la tentation esl elle grande désormais de créer, sur toute question qui se pose, des opinions probables, au choix des intéressés. L’histoire de la théologie morale nous fera assister a celle inull iplication prodigieuse. OÙ le tutiorisme, mêmesi on ne l’avait expressément répudié. perd toute efficace. Restent du moins chez Médina et chez Vasquez, résistant au génie de leur probabilisme, les doutes de fait auxquels il est encore impossible d’échapper autrement que par le choix du plus sur. Ce