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PR0BAB1LISME. L’AGE INTERMÉDIAIRE, CAJETAN


le même risque de confusion que nous signalions cidessus.

Conclusion.

Les auteurs que nous venons

d'étudier, et qui couvrent un siècle, du milieu du xi" à celui du xv, forment donc, quant au problème qui nous occupe et malgré leurs autres différences, un groupe homogène. Sous l’effet de préoccupations pastorales et non pus doctrinales, en fonction, semble-t-il, du besoin spécial des Ames de leur temps, ils interprètent la règle tutioriste de la théologie médiévale mais sans sonner un instant à l’abandonner. Leur effort revient à insister sur l’usage légitime de la probabilité pour rétablissement de laquelle ils signalent des règles. Avouant que le doute impose le choix du plus sûr, ils s’ingénient à ouvrir des issues hors <u doute, d’ailleurs de bon aloi. Il est remarquable que leur dessein pratique et miséricordieux s’accommode d’une théologie réputée intransigeante et dont ils utilisent en vue de leur objet une authentique donnée. En substance, celle théologie entre leurs mains ne bouge pas. Pal ailleurs, ne nous dissimulons pas que la tendance de ces auteurs est fort différente de l’inspiration du Moyen d’une part, les droits de la vérilé. de l’autre, ceux de la conscience ; là, un souci de rectitude, ici de bénignité (on peut en toucher un exemple dans l’exi que font ces auteurs du Quodlib. viii, a. 13, de saint Thomas ; voir l’ail, cité : Éclaircissements…) ; une pro habilité approchée de la certitude chez les uns. plus mélangée de doute chez les autres. La tendance nouvelle n’est pas sans danger, Lux mêmes emploient des mots et des formules qui, isolés de leur contexte, sein

bleraient une dénonciation du tutiorisme. A force de

les dire et de les répandre, on prépare un esprit peu conforme a celui qui les a dictés. Nous avons pu recon

naître aussi dans cette littérature, et pour la première fois, quelques traits qui s’affirmeront dans l'âge su !

vanl : la priorité de l’idée « le conscience ; la dislribu lion de la matière morale selon les préceptes du I >éca logue ; la distinction moins nette <u doute et de l’opi nion ; la confusion des genres scientifique et utilitaire ;

voire une formule OÙ le mol probabilité a perdu son

philosophique. Le vocabulaire est d’ailleurs assez

instable et le juridique se mêle au moral. A nous cpn saons ce qui a suivi, il est impossible de ne pas voir en ces ouvrages et en leur succès, sans préjudicede la fidélité essentielle des auteurs a la théologie medie valc, une soi le de disposition favorable a l'éclosion

prochaine de pensées ci (le systèmes nettement nouveaux. Nous trouvons là eu somme les caractères divers et presque contradictoires des à^cs de transit ion.

/II. LA THÉOLOGIE DIDACTIQl 1 I Ile pourra faire

l’objet d’un Jugement plus simple.

i" Adrien d’Vtrecht. Nous la trouvons représentée, à quelque temps de ces auteurs, par Adrien d’I Itrecht, plus tard le pape Adrien VI, dont un Quodlibet disputé à Louvain en l LU rencontre les mêmes problèmes doni nous venons de voir l'élaboration pratique. El sa posl lion se dessine à propos de l’un des mots engagés dans l’affaire, celui de scrupulus. Pour Gerson, « lit ii, le scrupule contre lequel on peut agir signifie l’hésitation ou la crainte accompagnant l’opinion prépondérante conçue à l’avantage du parti contraire. A quoi Adrien oppose saint Thomas, Quodlib. viii, a. in. dont il donne, h la faveur d’un mot corrompu, une interprétation outrée. Voir l’art, cité : Éclaircissements… El il

refuse que l’opinion plus probable puisse toujours pré valoir sur le doute ou lliesilalion l’accompagnant. 11 réduit le scrupule contre lequel on peut agir à une crainte due à des apparences, et telle qu’on la trouve chez qui même a la foi ou la science du contraire. La suite de la dispute et certaines décisions qu’y défend '.'auteur (par ex., sur l’obéissance due au prélat ou la conduite de l'époux pris de doute sur la validité de

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

son mariage) accusent la même tendance, ou semble diprccit ; la probabiliti im.liLde régie d action, bu n qu’y soient rectifiés les excès ou dangers de l’interprétation bénigne analysée ci-dessus. Adrien admet d’ailleurs fort bien que le dissentiment des docteurs n’entraîne pas infailliblement le doute, et donc l’obligation du plus sûr, chez tous les intéresses. Ouæstiones auodlibeticæ xii, l’aris, 1531 ; Quodlib. ii, fol. 24-44. Au passage d’Alexandre de Ifahs relevé plus haut (col. 422), on comparera chez Adrien l'étude de ces doutes dont l’une et l’autre issue semblent rencontrer un péché ; il les décide selon le moins dangereux combiné avec le moins vraisemblable : mathématique assez subtile. comme il le reconnaît lui-même. Ibid., el surtout In /Vum Sent., circa sacr. ptenit., l hr restitut., j Quia jam dictum est sq., Venise, t~>22, fol. 16 sq.

2° Jean Major. Sans nous arrêter a Gabriel l'.iel i | i 195) eie.nt le Commentaire sur les quatre Itvn Sentence » ne semble contenir rien d’important sur mitresujet, mentionnons un passage de Jean Le Maire († 1540), ebmt hCommentaire n-visedu l livre

paraît a Paris en 1516. Sur la qucslieeii de saveur epiel

parti prendre en cas d’opinions divergentes, il conclut

qu’en matière morale il faut tenir hplus sur. qu’on a le choix si les opinions en présence muiI également taines. « piele prudent suivra l’opinion eles s, , _, s plutôt (pul’avis ehquelques uns Johannis M mar iiim Sententiarum, Paris, 1516, q. it. in prologum,

fol. II.

Les commentateurs </' taint Thoma

l.es premiers commentaires publies de la Somn saint Thomas, au commencement du viii siècle, reviennent sur ces mêmes questions, a la vérlti i"< /

brièvement.

En 1511, hdominicain allemand Conrad Koellin,

avec l’approbation élu maille général de SOU eirdre-.

Thomas Cajétan, publiait mui enseignement ehl’uni ve-rsiie ehfieidelberg sous la feermed’un commentaire littéral et complet de la l* II" ehsaint Thomas ; le commentaire de Cajétan lui même sur cette partie de la Somme théologique est date du 29 décembre 1511.

Sur les origines elece genre nouveau, voir lai ' i

m ors, i vi. col. 889 890, 905 908 On s., it que, dans cettel 1 1'. les art."> et 6 île la q. xix Intéressent la conscience. Dans le commentaire « hKoellin on ne

trouve à cet endroit sur la conscience douteuse que la

mention suivante, où saint Antonin a l’honni ur d'être cite comme hmaître en la matière :

ot : i etlam « l < - ist : i materU an aliquii conformant m consclentlsc dublcG m tiis quæ (tint peecata mortalia i Vide ». S. Quodlib. mm. a. 13, Ita m 1 "" 1 tenena venus oplnionem, el nia hit autem de ejus verttate, dlclturquod ne.

ide- (leist : i III. (tell. I Ici lODgUin III dollllllei Antonio… /

silio eommentaria prima… m ftun-jns Ang, i.te ;.. Venise, 1589, p. 164.

Quant a Cajétan, il se contente sur le menuendroit d’une réflexion relative- ; i la déposition ele la conscience erronée. Pas n’est besoin, élit il. qu’on soit alors capable dese faire une raison contraire ; il suffit qu’on n'.u cepte pas cette erreur, fût-ce pour hdéplaisir qu’elle cause-. On agira alors impunément a l’encontre den qu’elle près, rit. L’exemple qu’il invoque donne son

sens exact a sa proposition. Originale et intéressante,

quoique d’une portée limitée, elle nesera pas retenue dans la théologie morale.

Mais nous sommes ave-rlis par aille-urs de l’intérêt porté par i-cs deux mail res thomistes an problème de la

conscience douteuse. Plusieurs fois, sur îles ques

prat iepies. Koellin a consulte Cajétan. qui semble avoir

eu pour lui de l’estime. Voir dans les Opuscula de Cajétan, i. i. tr. XXXI. resp. i II i. L’unedes consultations s'énonce précisément : Quid importai scrupulus ientisequostante licite operamuropposilum, Loc. cil..

T.

Mil

1°..