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PRISCILLIEN


lion : celle-ci fui reprise par deux évéques, Magnuset Rufus ; le préfel du prétoire, Évode, conduisit l’enquête. Priscillien fut convaincu « le maléfices et de doctrines immorales ; il lui condamné àmorl et exécuté avec six de ses partisans, les diacres Asarbius et Auré lins, Félicissimus et Arménius, toul récemment passés à la secte, le poète Latronianus et la matrone Eu chrotia. L’évêque Instantius et le rhéteur Tibérianus lurent exilés ; on les relégua aux lies Scilly.

On ne s’en imi pas là. Une commission militaire fut expédiée en Espagne, avec la charge « le rechercher les priscillianistes et de procéder contre eux. Os mesures

hrulales soulevèrent les protestations de (ous les honnêtes gens, mais ceux-ci ne pouvaient pas grand’chose aussi longtemps que Maxime se maintenait au pouvoir et gardail sa confiance à Ithacius. Sans doute le pape saint Silice refusa I il sa communion aux partisans de l’évêque d’Ossobona et saint Ambroise lit-il de même.

Il fallut al tendre la chute de Maxime l.’iKKi pour voir se produire une réaction : llhacius lut alors déposé de l’épiscopat ; lui et son collègue Hydacius <le Mérida furent Internés à Naples, tandis que les restes de Pris

c illien et des autres suppliciés de Trêves étaient 1 1 joui plialement ramenés en Lspa « ne.

Pendant quelques années, la secte put librement se répandre : Priscillien était honoré par ses partisans comme un martyr, sou tombeau était un centre de pèlerinage ; ses ii res étaient lus avec respect. L’évêque d’Astorga, Symposius, était à la tête du mouvement :

cédant à l’enthousiasme populaire, il consacra de nom brCUX évêqueS priscillianistes ; après peu de temps, la

province de Galice sembla définitivement perdue pour l’orthodoxie.

Il devenait urgent d’aviser. Les évêques des autres

provinces d’Espagne se réunirent a SaragOSSe, puis a

Tolède ; ils n’arrivèrent a aucun résultai pratique, bien que Symposius e( son fils eussent fait mine d’accepter

les conditions posées par saint Aml>roise et promis de condamner la doctrine de Priscillien. En 100, il fallut assemblera Tolède un nouveau concile, devant lequel

consent irent à comparait re les évêques galiciens. Les débats lurent animes : parmi les priscillianistes, les uns

acceptaient de se soumettre, les autres se montraient Intraitables ; du côté orthodoxe, >i-u opinions égale

ment se faisaient jour, celle des modèles, qui étaient

prêts, moyennant certaines conditions, a entrer en

communion avec les priscillianistes repentants, et celle

(les Intransigeants, qui exigeaient la déposition Immé diate de toul l’épiscopat galicien. H lallut recouru a l’arbitrage du pape Anastase et de l’évêque de Milan Simplicien. Ceux-ci se prononcèrent pour les solutions

lérées qui, avec le temps, linuent par prev a loir.

Cependant, le priscillianisme ne disparut pas tout < le suite. Vers l 17, l’évêque d’Astorga écrivait encore a saint Léon pour lui dénoncer les agissements de l.i secte. Entre hérétiques et orthodoxes, la lutte se poiu

suivit sous l’orme de traités, de symboles, de canons conciliaires, l.a dernière grande manifestation contre le priscillianisme eut lieu au concile de Braga de ôli.’î.

où dix-sept anathématismes furent portés contre tes divers points de son enseignement, Ce tut le coup de grâce de l’hérésie. A partir de cette date, il n’en est a peu près pins question..1. Tixeront, Histoire des dogmes, l. ii, Paris, 1929, p. 2 : i.">.

Telle est, dans ses grandes lignes, l’histoire extérieure ^ priscillianisme. Cette histoire n’est pas sans présenter des obscurités : le procès de Priscillien eu particulier n’est pas clair, el trop d’influences politiques et mondaines entrent en jeu dans une cause où seule la doctrine aurait dû être examinée, l.a condamnation de l’hérétique et de ses part i sa us nous apparaît ainsi, comme elle (’apparaissait déjà à saint Martin el à saint Ambroise, d’une souveraine injustice.

II. I.v doctrine de Priscillien. Est-ce à dire « pie Priscillien ait été orthodoxe et qu’il ne faille voir en lui qu’un simple prédicateur d’ascétisme ? M. Babut a récemment tenté de le réhabiliter et de prouver que sa doctrine n’avait rien de répréhensible, de sorte qu’il aurai ! été simplement l’innocente victime d’une cabale de prélats mondains. A cette ((inclusion simpliste s’opposent l’ensemble des faits (punous connaissons, et aussi les témoignages qui nous restent sur l’enseignement de Priscillien.

1° Ouvrages priscillianistts. Quels sont au juste ces témoignages ? lui 1889, l’attention du public savant fut vivement excitée parla publication, dans le Corpus de Vienne, d’un volume cpii..i i n croire le titre, contenait les œuvres de l’lise illien. On savait aSSUn nient par saint Jérôme, De vir. III.. 121. que Priscillien avait composé de I rès nombreux Opuscules. Mais on ni

connaissait Jusqu’alors aucun de ces opuscules et l’on s’accordait a penser qu’ils avaient tous disparu voici quc l’éditeur G. Schepss, annonçait onze traités de Priscillien retrouvés dans un m--, de la bibliothèqui

de l’université de WurtzboUTg. v rai dire, ces traite S

sont anonymes dans le nu., mais la preuve de leut origine semblait si bien administrée que les doutes

n’étaient pour ainsi dire plus permis. Voici les titres d< ces t laites :

1. Sans litre dans le ms. ; appelé Liber apologelicus

par l’éditeur, qui j vit d’abord un plaidoyer prononci

en 380 au < o mi le de Saragosse ; il s’agit beaucoup plus probablement d’un plaidoyer adressé au concile di Bordeaux en.’i<s t.

2. Liber < « / Damasum episcopum ; sans doute >

la défense adressée eu’AS 1 382 BU pape hainase. Ion que Priscillien et ses compagnons vinrent a lioine.

.’i. De flde (et i de apoeryphis ; apologie en faveur des livres apocryphes qui doivent être lus avec pic a ut ion.

sans doute, mais qu’il ne faudrait pas coud ; miner en

bloc.

I. V/i/i latut Pas »

~>. Tractalus Genesis, sur hrécit de la création.

i ;. Tractalu Exodi, sur la loi de Paque il x

7. Traclalu » primi psalmi.

H. Traclalu » psalmi tertii.

a. Traclatus ad populum I. sur le psaume xiv.

10. TraclalUS ml populum II. sur le psaume l IX.

I I. Benediclio super fidèles.

Les huit derniers rceaux, sept sermons et

prière, sont loin d’avoir l’importance des trois pn miers.Ce sont des homélies. dans lesquelles règne l’ex< Lèse allégorique et (pu ne siiitiseiii pas.i révélei une théologie caractérisl [que.

Aux Opuscules contenus dans le seul malins, lit de

Wurtzbourg, l’édition de Schepss ajoute des l in Pauli apostoli epistolas, compilation forait

lions et de lelcreuees et destinée a fournir des EU

nients a un prédicateur. Ces canons, qui Bgurent dans plusieurs manuscrits, surtout espagnols, ont été assez

répandus pour que de bonne heure un orthodoxe du nom de PérégrinUS ait tenu à les retoucher.

La Iccl me des I laites de in I /liourn’a pas été sans

décevoir l’attente des spécialistes. Sulpice-Sévère en

effel nous parlait de Priscillien comme d’un or.iteiii abondant et disert. Or, les traités sont écrits en un

style diffus, lourd et pénible. D’autre part, on espérait trouver dans les écrits, prétendument authentiques,

de Priscillien d importants renseignements sur sa doc

trille, et cet espoir a ete trompe : a peine quelques

revendications en faveur des charismes prophétiques

ou des livres apocrv plies ; cela ne sullisail pas a expli quer pourquoi Priscillien avait ete coud, uiine dès

à Saragosse et finalement exécute.

Il est vrai que les trois premiers opuscules sont des apologies présentées a des adversaires et. par suite.