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PRIMAUTÉ D’APRÈS LES BYZANTINS. LE XII1 « SIÈCLE

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P. G., t. civ, col. 1H77 (. ; cf. Balsamon, in dm. // cône. Il Antioch., P. G., t. cxxxvii, col. 1312 C. Au xiir siècle, le Russe Cyrille, évêque « le Tourov,

honoré co te saint par l’Église russe, proclame Pierre

le fondement inébranlable de l’Église, le pasteur du bercail spirituel du Christ, le porte clefs du royaume des cieux ( Macaire Bulgakov, Histoire de l’Église russe [en russe ]. i. m. p. 165), tandis qu’Arsène Autorianos, deux fois patriarche de Constantinople (1255-1259 et 1261-1267), dans un opuscule polémique dirigé contre les Latins, écrit ces mots : Cela, Pierre l’a déclaré, Pierre le bienheureux, vraiment Pierre de la pierre, &Xt)6c5ç TTÉTpoç TÎjç TrÉTp-yc, la pierre sur laquelle le Christ a édifié son Église, Pierre, qui détient les clefs du royaume des cieux, qui en sa qualité de coryphée et de chef, ôç xopuqxxïoç xai 7rpooTàT>)ç, terrassa, a Rome, Simon le Magicien, le premier voleur et disciple du diable dans l’invention des hérésies.’Ajt68eiÇlç

Tî£pl TOÛ 7TÔTE Xal 8tà TWOV f) T^Q’Pw(jlY)Ç È^STTSCTSV’V.y.y.Xrclx, opuscule publié par M. Gédéon.’Ap/eïov iy.y.Xrpia.cs-iy.rfi îoropfôç, t. i, fasc. 3, Constantinople, 1011, p. 331, d’après un ms. de l’Athos daté de 1320. Sur la fin du même siècle, Maxime Planude, dans son long Panégyrique des saints apôtres Pierre et Paul. déclare expressément que Pierre a été choisi par Jésus-Christ pour tenir la place même du Christ auprès des apôtres ; que, sur les bords du lac de Tibériade. Jésus l’éleva au-dessus de tous les autres apôtres, l’établissant pasteur et docteur de toutes les nations, et cela pour toujours. P. G., t. cxlvii, col. 1072 Ali. 1097 C.

Au xive siècle, Grégoire Palamas enseigne que Pierre fut établi par Jésus-Christ coryphée des coryphées, xopjçatoç tùv xoputpatcov ûuô voû xoivoû SectoStou xaréoTir]. Il le compare à Adam, tête du genre humain, et l’appelle le chef suprême et le père de la race des croyants, TTOtTÉpa xal àp"/r / Y£’ï'1v toù twv Osoaeëcov yévoijç, celui qui a reçu la présidence de l’Église du Christ, ttjç toù XpiCTToG’r2xx.r l csiy.ç ttjv irpocrracuav xsxXrpcoTOa. HomiL, xxviii, //( /est. SS. aposl. Pétri et Pauli, P. G., t. c.i.i, col. 356-357, 3C4 A. Cf. HomiL, v. In Occursum Domini, P. G., t. ci.i, col. 09 BC.

La primauté de Pierre, on la trouve affirmée jusque dans le fameux Tome synodique du concile de Constantinople de 134), relatif à la controverse palamite : Pierre y est appelé le fondement de la foi et le coryphée des disciples. Tamis synodicus contra Barlaam et Acindynum, P. G., t. eu. col. 689 B. Calliste II Xanthopoulos, avant d’être patriarche de Constantinople (1397), a écrit un opuscule ascétique où il affirme expressément que Pierre a reçu du Christ l’hégémonie sur les disciples, tôxi IIsTpov, & y.y.i tyjv TjYsjJ.ovtav twv fj.a07)T(7)v sv£-(, aT£’J<jaTo. Opuscula ascetica, P. G.. t. cxlvii, col. 647 I).

Au xv siècle. Siméon de Thessalonique I* 1 129) est encore un témoin non seulement de la primauté de Pierre, mais aussi de celle du pape, comme nous le verrons plus loin. Cf. Dialogus contra hæreses, P. G., t. clv, col. 36 H. 100 D.

2° La tendance nouvelle. C’est sous l’influence de l’esprit polémique et généralement dans des discussions directes avec les Latins que certains Byzantins de cette période sont amenés à nier la primauté de Pierre, parce que celle-ci est présentée comme le fondement de la primauté romaine.

Nous trouvons les premières traces de cette negat ion dans les paroles de Nicétas de Xicomedie, telles tpie nous les rapporte Anselme de llaxclbcrg dans se^ Dialogues (1136). Le prélal byzantin insinue que tout ce que Pierre a reçu du Seigneur, les autres apôtres l’ont eu également. Il n’insiste pas cependant sur ce point, et à Anselme expliquant les textes évangéliques relatifs à la primauté de Pierre, il finit par répondre

d’une manière évasive : l’olesl esse quod dids. Dialoiji, I. III. c. ix, P. L., t. CLXXXVHI, col. 1221, 1223.

Beaucoup plus catégoriques dans le sens de la m lion furent les réponses des Crées dans les discussions qui suivirent la prise de Coirstant inople par les croisés en 121° 1. Dans une lettre adressée au pape Innocent III, le patriarche de Constantinople, Jean X CamatérOi (1198 1206), dénie expressément toute primauté a Pierre sur les autres apôtres, en faisant appel aux paroles du Christ : Vos autem ladite vocari Rabbi. Omnes nos fralres estis. Qui major est vestrum sit rester minister. Malth.. XXIII, 8-11. Dans les textes évangéliques sur lesquels les catholiques appuient les privilèges du coryphée, il ne trouve lien qui ne convienne aux autres apôtres : r ( j.zz yàp oûSèv >ttov raûra oïavooûfieOa xal ~spl -Cri ScXXwv (ferroarôXcav XptaroO. Lettre inédite, dans le cod. Paris. 1302, du XIIIe siècle, fol. 271 v" 272 v°.

Dans une discussion qui eut lieu, le 30 août 1200. entre Grecs et Lalins en présence du premier patriarche latin de Constantinople. Thomas Morosini, le diacre Nicolas Mésaritès. qui devint ensuite métropolite d’Éphèse, répéta mot pour mot les sophisme-, de Photius flans son opuscule :.1 ceux qui [/retendent que Rome est le premier siège (voir ci-dessus, col. 305 sq.) ; puis il ajouta de son cru : i La primauté de Pierre se réduit à une préséance d’honneur et de rang, comme celle du fils aîné dans une famille. oùx êÇouoiaç Spxo~ry.<, —(-.i. -y.’L’Ly. tcTjv 7tpocnpcôvT<ov olov XP° vt P ~" / -’pa 0|/<7>. y.i.-’j. toûto Iïérpoç Û7rcpave<mr)xev fatoarâXciW. A. Heisenberg, Neue Quellen : ur Geschichte des laleinischen Kaisertums und Kirchenunion, n : Die Unionsverhandlungen vom 30. August 1206,.Munich. 1023. p. 24, 25 (extrait des Sitxungsberichle der bayer. Akademie der Wissenschaften. Philos.-philol. und hist. Klasse, 1923).

A la même époque, un polémiste anonyme, fait prisonnier par les Latins en 120 1. écrit sa virulente diatribe intitulée : IIspî. toû Ôtcoiç layuac xoeB" rucôv i AaTÏvcç, dans laquelle il passe en revue tous les textes script uraircs invoqués par les Latins pourétayerla primauté de Pierre. Comme Jean Camatéros. il ne trouve rien, en tous ces passages, qui ne s’applique également aux autres apôtres. Ce n’est pas Pierre, mais sa confession de foi orthodoxe qui est la pierre sur laquelle l’Église est bâtie. Tous les apôtres ont reçu, connue Pierre, le pouvoir de lier et de délier, et il serait ridicule de réservera Pierre seul le pouvoir de remettre certains péchés plus graves. Si nous voyons Pierre, après la Pentecôte, prendre toutes les initiatives, parler et agir toujours le premier, c’est une preuve de l’humilité des autres apôtres, non un signe de prééminence chez celui qui se met ainsi en axant. Si Jésus dit aux saintes femmes : Ile, dicite discipulis eius et Petro. ce n’est point pour mettre en relief la primauté de Pierre, mais pour rappeler à celui-ci que son reniement est pardonné. De même, s’il reçoit par trois fois la garde des brebis, c’est par allusion à son triple reniement ; et il confirmera ses frères qu’il a scandalisés, par l’exemple de son repentir et du pardon qu’il a obtenu. Les autres apôtres n’étaient pas sans reproche : ils axaient abandonne leur Maître, En voyant Pierre obtenir le pardon de son péché plus grave, ils ne désespéreront pas de la miséricorde du Sauveur. Arsenii. Trois opuscules d’un écrivain grec inconnu du début du Mll K siècle (texte grec et version russe), Moscou. 1892, p. 86-87, 100-102, 105100.

Nous axons là un spécimen de la manière des polémistes. C’est celle que nous retrouvons au xi’siècle, dans les opuscules polémiques de Barlaam encore attaché a l’Église dissidente (cf. P. G., t. eu. col. 1262 Cl. (4 dans ceux, beaucoup plus violents, de Matthieu Ange Panarélos. Cꝟ. 1’. Hisso. Matteo Angelo