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PRIMAUTÉ D’APRÈS LES BYZANTINS. LE NI 1’SIÈCLE


avec Rome : nous voulons parler de la Lettre de Pierre d’Antioche à Dominique, patriarche d’Aquilée. Comme il ressort de su correspondance avec Michel Cérulaire, avec saint Léon IX et même avec Dominique, Pierre est opposé au schisme ; il veut maintenir l’union des Églises ; mais il se révèle imbu d’une conception absolu m eut fausse de l’Église universelle. Cette conception n’est autre que la fameuse théorie de la penlarchie poussée à sa dernière limite et excluant la primauté de juridiction du patriarche de l’Occident. Pour le patriarche d’Antioche, la catholicité est di isée eu cinq patriarcats, ni plus ni moins. Ils correspondent aux cinq sens du corps m s si [que du ( Jirisl, qui est l’Église. Oc même que le corps humain ne compte que cinq sens,

de même il ne saurait y avoir plus de cinq patriarches

tans l’Église. Dominique de Grado est vertemenl repris d’avoir osé prendre ? le titre de patriarche, puis qu’il serait le sixième, ce qui est impossible, Chose plus

grave et qu’on n’avait pas ouïe jusqu’ici, même quand on faisait allusion aux cinq patriarches, Pierre enseigne

la parfaite égalité des patriarches entre eux. Dans ce

petit collège des cinq, tout se décide à la pluralité des suffrages : Sri tôjv TtXeiovov Jj i|/r, <po< ; xpa-reï. La voix d’un seul ne compte pas, s’il a contre lui les quatre autres : elç Se oûSelç. C’esl pourquoi les Latins sont

invités à abandonner l’usage <h pain a/me pour se

rallier au rite des quatre patriarcats orientaux. P.’» '.. I. cxx, col. 760, 77b. Le patriarche d’Antioche débite cette énorinilé avec une sereine inconscience. On it tout le chemin parcouru dans la voie du schisme depuis Photius, depuis les déclarai ions pentarchiques de quel ques membres orientaux du VIIIe concile œcuménique. Pierre n’est malheureusement pas le seul à penser et

à palier ainsi. Son contemporain, .Michel l’sellos. fait

une allusion transparente à la même théorie quand il

écrit à Cérulaire, au sujet des patriarches : L’un

d’entre eux gouverne l’Orient, un autre Alexandrie, un autre la Palestine ; un autre a obtenu en partage la vieille Home. » C. Sathas, Meoaitovix^ p16Xio0r ( xT), i. ii, p.. r >0 ! >. L’idée qu’on se fait, à Byzance, du pontife romain, au xr siècle, appareil bien dans l’en tête du laineux opuscule Intitulé Contra Franco », rédigé dans l’entourage de Cérulaire : Romanus pontifex et quoi’/ ; / « / sunt ex parte Occidentls cfwistiani extra sinum Tonium, Itali, Longobardi, Franci… et reliqui prseler Calabrorum gentem…, omnes una cum /<o/>" a mullis jam annts extra catholicam Ecclesiam degunt. Monumenta ad Photium efusque historiam pertinentia, Ratlsbonne, 1869, p. 62 bit. <>n ne nie pas que l’évéque de

Home soit le successeur de Pierre, qu’il occupe son siè^e ; mais on n’en conclut pas qu’il ail tous les prl vllèges de Pierre, car celui ci aussi a été I vêque d’An lioche et il a ronde Alexandrie par son disciple saint Marc.

Quanl à la primauté même de l’apôtre saint Pierre, nu ne la nie pas encore ; on la proclame même avec autant de netteté qu’en plein ix’siècle, in anonyme

du xr siècle dit de la sainte ier : e qu’étant encore sur terre elle considérait Pierre comme le londeinent

de l’Église et traitai ! Jean comme son Mis selon ta grâce : ’Il ny.pObj’ic Ilirpo » xoci’Iojàvvf] toi ; I X » l XOpu<p0qoiÇ TÔVJ à-’.r>70>, 0)V OUVfilTJYS ~ô> p-èv c’oç

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Se ô : >’: <> xùtÎjç v.y-y. /âpiv. Pour Pierre d’Antioche, saint Pierre est ton jours le coryphée « les apôtres, sur lequel la grande Église de Dieu a été édifiée, è<p’Ôv 7, - il i’ExxXïjcla i-o)v.>/$< [ir-y. :. Episl. ad Michælem Ceeru tarium, P. G., t. cxx, col. 800. Philippe le Solitaire, dans sa Dioptra, déclare exprès sèment que les ciels du rovaunie des CÎCUX ont été confiées à Pierre seul qui avait renié imis ois le Christ, |, I, c. xi. P. G., I. CXXVII, col, 7 13 7 1 I Quani au grand exégète byzantin du xr siècle. Théophylacte de Bulgarie, il parle de la primauté de Pierre a peu près dans les mêmes termes que saint Jean Chrysostome. Pierre a la primauté sur tous ; a lui seul a été confié le gouvernement de l’univers : jràXiv va 7vpcoTsï-/ —y.j-oij y.y. xtjv -r, ’. olxouuivTjç Trpooraoicxv Xa66Vra oVI. -> : u£T<xvobxç. In eoangel. Lucas, P. <.. t. cxxiii, col. P17.’î I) : cf. Enorrat. in eoang. Joannis, t. c.xxiv, col. 309 : to [Iérpefp rijv irpoorooiocv tûv TÎJÇ olxo yi.iir, z -/, , ’/-.<, > t-/z : y’III. PARTI 1RS ET AD L/- URSS I YS / l PRIltAVTË DE PIBRi JRDl Ml 81ËCLB La primantede Pierre, si bien établie dans la tradition que, a laquelle les iires liturgiques de l Église byzantine rendent un éclatant témoignage, continua, après le schisme de Cérulaire et jusqu’au seuil de la période moderne, a être affirmée par un grand nombre de théologiens byzantins, par ceux surtout qui ne se mêlèrent point de polémique antilatine, La plupart, du reste, ne paraissent pas songer au lien nécessaire qui unit la primauté- de saint Pierre.1 celle de l’évéque de 1 tome. A côté de ces partisans del’ancienne tradition commencent a apparaître, surtout A partir du xmsiècle, les polémistes antilatins. Les relations entre Grecs et Latins s’enveniment après la quatrième croisade et la prise de (.onsl ; inl inople. en 1204. < >n établit, en Orient. et a Constantinople même, une hiérarchie latine. Les tentatives d’union sont continuelles, mais n’abou tissent jamais. I.es Patins, dans les pourparlers et les diseussions, font sans eesse appel a la primauté du comme successeur de saint Pierre. C’est alors que les polémistes Lie. s se souicuncn ! « lit petit OpUSCUle de Photius contre la primauté- romaine, et. pour miner celle-ci par le fondement, s’enhardissent Jusqu’à enseigner que t<uis les apôtres étaii ni égaux entre eux et que la primauté- de Pierre n’a été qu’une préséance honorifique fondée sm l’âge ou le mérite, ou bu-n ils prétendent que, si Pierre a eu une primante, celle-ci lui.1 été personnelle et n’a ete transmise a personne. Nommons quelques représentants de l’un et de l’autre TOU] e. I » Les tenants </< l’ancienne tradition. Parmi eux, nous trouvons au xir s, , / ulhymi Zi gobent qui marche sur les traces de Théophylacte et Interprète a peu pris dans le même sens que lui les textes évangéliques relatifs a la primauté d< Pierre ave< les mêmes réminiscences de saint Jean Chrysostome : Pierre a reçu la 1 pa l’Ire le momie eut 1er. alors que.la. quis n a reçu q iule siège de Jérusalem, las apôtres ne crurent pas les saintes femmes leur annonçant la résurrection de Jésus, mais ils ajoutèrent l"i.1 Pierre, pane qu’il était le chef de tOUS, .’Comment, in Joannem, PC, t iwn, col. 1 i" 1 1500 ; In Marcum, ibid., col. B 18 B. Théophane Kirameus, dans ses homélies, salue en l’api tre Pierre le fondement des disciples du Christ, xpT)7rîS « rôv ii, a07)T< Homil., xxxvii, P. G., I. 1 xxxii. col. 704, 7°’.. celui dont le SeiL.li.-ur a p.r mis la chute parce qu’il devait lui confier le gOUVer nement des brebis raisonnables. « Jv Xoyixi il mil.. I.v. loc. cit.. col.’< s Ls canonistes byzantins Balsamon et Zonaras lent dans i, - omocanon byzantin, comme une 1 d’une authenticité dont ils ne doutent point, la fameuse Donatio Constanlini, qui affirme d’une manière si claire à la fois la primauté universelle de Pierre et celle de son successeur, l’évéque de Rome : ïva, (- n iXwv àp/txr.v i otow : z tçj ytJv -Z"" 1’Nomocanon, tit. m. c 1.