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l’abbaye de Cuissy était célèbre en son temps. Tout aussi connues sont celles de l’abbaye « le Bonne Espé

lance, de I Icilisscm, du l’aie. Des les origines, nous

trouvons en annexe à quelques abbayes, <les acadé

mies et (les collèges. Nous avons déjà relevé l’école

monastique de l’abbaye du Jardin-de-Marie, en Frise. Les nominations et les directions émanant du centre de telle ou telle abbaye entretenaient l’enseignement

dans mainte paroisse incorporée, où la nomination du ludimagister relevait de l’abbé, qui s’attachait à soutenir et promouvoir le mouvement intellectuel.

Les traces les plus évidentes de la culture des religieux prémontrés aux xii c, xiii° et xive siècles, se trouvent dans les écrits hagiographiques que nous laissèrent certains d’entre eux. Nous avons déjà parlé des Vîta que composa Philippe d’Harvengt, abbé de Bonne-Espérance. Nous relevons encore les Vilæ sancti Norberti. qui datent des environs de 1150, et qui ont toute la saveur de ce genre de littérature. De plus grande valeur, cependant, sont les écrits ascétiques, que nous laissèrent quelques chanoines, et qui les placent aux premiers rangs parmi les maîtres de la spiritualité du Moyen Age. Nous avons les Cantiques spirituels du bienheureux Herman Joseph (éd. W. Van Spilbeeck, Namur, 1899 ; cf. L. Jôrss, Das arnsleiner Mariengebet und die Sequenzen des M.-A., Marbourg, 1920) ; les écrits apologétiques d’Anselme de Havclberg († 1158) (éd. L. d’Achery, Spicilegium, t. xiii ; voir ici, t. i, col. 1360) ; les écrits d’Adam Scotus, abbé de Drybourg (vers 1184-1188), qui devint chartreux (A. Wilmart, Maître Adam, chanoine pre’montré, devenu chartreux à Witham, dans Anal, prwm., t. ix, 1933, p. 209-313 ; Fr. Petit, Ad viros religiosos. Quatorze sermons d’Adam Scotus, texte établi avec interprétations et citations, Tongerloo, 1934 ; L. Gooværts, Écrivains, t. i, p. 9-11 ; compléter d’après ceci l’art, paru, t. i, col. 389) ; les écrits ascétiques de Philippe de Harvengt, abbé de Bonne-Espérance, en Hainaut († 1183) (voir son art., t. xii, col. 1407 sq.) ; les œuvres de Richard l’Anglais, de l’abbaye d’Arnsberg, en Allemagne (xiie siècle), dont on possède un Tractatus de ofliciis missse, des Carmina in missam et orationem dominicam et une Vila sanctæ Ursulæ (Gooværts, op. cit., t. ii, p. 91-92) ; les Collations de Wichman d’Arnstein, prémontré jusqu’en 1230, puis dominicain († 1270 ?) (M. A. Van den Oudenryn, Miracula et collationes (ralris Wichmanni, dans Anal, præm., t. vi, 1930, p. 5-53) ; les écrits de Zacharie Chrysopolitanus (xiie siècle), de l’abbaye de Saint-Martin de Laon, homme d’une rare sagacité et d’une profonde érudition, dont l’ouvrage principal, Commentarius in concordiam evangeliorum, eut plusieurs éditions (3e à Cologne, 1618, et P. L., t. clxxxvi) ; Gervais, quatorzième abbé-général de l’ordre († 1228), qui, au IVe concile du Latran (1215), gagna la bienveillance du pape Innocent III, mais dont les ouvrages : Commentarii littérales in minores prophetas sont perdus. Ses Epistolæ ont été publiées par Caillieu, à Valenciennes, en 1661, et par C.-L. Hugo, Sacræ antiquitalis monumenta, t. i, Étival, 1725.

Pour des matières plus particulières, il faut citer Jean de Sacrobosco (Holybusch, ou Jean de Holvwood), Écossais d’origine ; inscrit à l’université de Paris en 1221, il étudia à Oxford, devint religieux de l’abbaye de Holywood, et eut une grande réputation de mathématicien (f à Paris, 1236). Parmi ses œuvres, on connaît sa Sphera mundi, qui jouît dans les écoles d’une faveur qui dura quatre cents ans.

Nous possédons toute une série de chroniques et d’annales, écrites dans les abbayes norbertines et narrant leur histoire, ou celle de la région : celles de Mùlhausen, en Bohême, écrite par Gerlach (Mon, Germ. hist., Script., t. xvii) ; de Saint-Paul de Verdun

(I. xvi) ; de Florelïe (t. xvii. du l’arc (t. JtVl) ; de Selialllarn (t. xvii) ; d’Oslcrhoven (t. xvii) ; de YVindberg (Primordia Windbergensta, t. xvii) ; de Steingarden (Historia Welforum Weingartensis, t. xxi) ; de Gottesgnaden (Pundalio monasterii Gratiæ Dei, t. xxi> ; d’Ilfcld (Historia monasterii llfeldensis, t. xxvi ; d’Ursperg (Burchardi <-/ Chuonradi Urspergensium chronicon, t. xxiii). de Wittewcrum (Emmonis et Meneonis Werumensium chroniea, t. xxmi : de Mariengaarde (Gesta abbatum Horti S. Marin-, t. xxiii, et A. Wurnkes, Sibrandus Leo’s Abtenleven, Bolsward, 1919) ; de Ninove (Halduini Ninoviensis chronicon, t. xxv) ; de Mildenfurth (B. Schmidt, Arnold von Quedlinburg und die ulteslen Nachrichten des russischen Hauses, Iéna, 1883) ; de Weissenau (Acta S. Pétri in Augia, éd. Baumann, Karlsruhe, 1877) ; de Schussenried (Mon. Germ. hist., t. xxvi ; de Marchtall (Liber fundationum seu annales Ecclesise Marchtallensis, t. xxiv) ; de Steinfeld (Historiæ Francorum Steinveldenses, t. xiii) ; de Yicoigne (Historia monasterii Viconiensis, t. xxiv) ; d’Adelberg (t. i) ; de Prémontré (Sigeberti Gemblacensis continuatio Prœmonstralensis, t. vi) ; de Saint-Martin de Laon (Sigeberti continuatio Laudunensis, t. xxvi).

Aux xive et xve siècles, les écrivains prémontrés ne sont peut-être plus de premier ordre, mais ils ne sont pas dépourvus de mérites. Citons, en Ecosse, Raoul Strodus, de l’abbaye de Drybourg, poète et philosophe très connu († 1370) ; Patrice, de la même abbaye, philosophe et théologien († 1350) ; le prince Hayton, en Chypre ("f xiv° siècle), qui écrivit entre autres une curieuse Histoire de l’Orient (Haguenau, 1529) ; à Florelïe, le prieur Pierre de Hcrentals († 1391), auteur d’un Collectarius evangeliorum qui eut trois éditions imprimées avant 1500. A nommer encore, pour l’Angleterre, l’historien Wugenhall ; pour l’Allemagne, Pierre de Kaiserlautern, de l’abbaye de Lutra, remarquable non seulement comme théologien, mais aussi comme littérateur et juriste ; pour la Belgique, Roland Piquot, de Dilighem (j 1507), docteur en droit ; pour la France, Thomas l’Heureux, de Dommartin, bachelier en théologie († 1420).

Les religieux de l’abbaye de Tepl donnèrent au xive siècle une traduction allemande de la Bible (éd. Phil. Klimesch, Munich, 1884). La première traduction de la Bible en hongrois fut faite en 1415, par un prémontré (Anal, præm., t. vi, 1930, p. 223).

L’époque moderne et contemporaine.

De bonne

heure nous retrouvons les religieux de l’ordre aux différents studia generalia. C’est surtout l’université de Paris, la plus renommée pour l’enseignement des arts et de la théologie, qui attirait les sympathies des prémontrés. Jean II de Rocquignies, le dixiieuvième abbé-général de l’ordre († 1269), lui-même docteur en théologie de cette université, appuya ce mouvement en fondant, en 1252, dans cette ville, un collège destiné à mettre plus à la portée des élèves prémontrés les cours universitaires. En 1349, Clément VI concéda aux prémontrés la faculté de professer comme licenciés à cette université. Dès cette époque, on rencontre des prémontrés dans toutes les villes universitaires : Orléans, Rourges, Dôle, Cologne, Douai. Cet exode cessera pour les Pays-Bas avec la fondation de l’Université de Louvain (1425) qui attirera dorénavant les habitants de la région. Les abbés chercheront d’ailleurs à faciliter ce mouvement en érigeant, à l’exemple du collège prémontré de Paris, un collège ou maison de logement et d’études dans les villes possédant un enseignement supérieur. Le collège prémontré de Louvain fut fondé par la circarie de Brabant, en 1571. La circarie de Florelïe y possédait en même temps un autre internat depuis 1619. Tongerloo eut son collège Saint-Norbert, à