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PRIMAUTÉ D’APRÈS LES BYZANTINS. 1.1. IV SIÈCLE


dernier lieu, les premiers essais de polémique spé< ulative contre ta primauté romaine <i l| i ont vu le jour au cours du schisme de Phoi ius.

l" Témoignages antérieurs à l’affaire pholienne. Les trois patriarches orthodoxes qui onl tenu le siège de Constantinople au iv siècle, avanl saint Ignace, trois saints, à savoir Taraise (784-806), Nicéphore [ «  (806-815), Méthode I" (843-847), ont reconnu 1res clairement la primauté <le saint Pierre et du pape

Taraise, dans sa Lettre ((mire la simonie, adressée au pape Adrien I", aussitôt après le II' concile de Nicée, et insérée dans le Corpus juris de l'Église byzantine, <>ù et l<- est restée jusqu'à nos jouis, dit en propres termes : Votre Sainteté a hérité du siège du divin apôtre Pierre… C’esl légitimement et parla volonté de Dieu qu’elle préside toute la hiérarchie religieuse… Aussi, nous obéissons aux paroles sorties de votre bouche : 'H àSeXçiXï] Gu.6Jv [spo7?ps7C7)ç àp/ispwa’jvr (, y) sv0scu.coç xai xoerà 0eoû (SoiSXijcriv Trp’jTaveuouac t/)v îepxp/ixr, v àyioTsîav. » J.-B. Pitra, Juris ecctes. Grœcorum hist. et îiwn., t. ii, Home, 1868, p. 305, 309.

Saint Nicéphore nous a laissé, dans ses écrits, trois ou quatre témoignages de sa foi en la primauté romaine. Dans le premier de ses Antirrhétiques contre les iconomaques, d’abord, où il établit la légitimité du VIIe concile œcuménique « parce que, selon les règles divines établies dès l’origine, il a été dirigé et présidé par cette glorieuse portion de l'Église occidentale, je veux dire par l'Église de cette ancienne Rome, sans laquelle tout dogme agité dans l'Église ne peut, quand bien même il aurait la sanction préalable des lois canoniques et des usages ecclésiastiques, être regardé comme approuvé ni comme définitivement arrêté, car c’est Rome qui délient le principal du sacerdoce et la dignité des coryphées apostoliques. Apolog. pro sacris imaginibus, i, P. G., t. c, col. 597 A. Dans son Symbole de foi, voulant prouver que les iconoclastes sont retranchés de l'Église, il en appelle « aux lettres récentes du très saint et bienheureux évêque de l’ancienne Rome, c’est-à-dire du siège premier et apostolique. » Papadopoulos-Kérameus, 'AvâXexxa -rr, ç tepoaoXu[j.i.tix ?, ç P16Xio6y)xy)ç, t. i, p. 460. Pour lui. quiconque est condamné par Rome, ou n’admet pas la foi de l'Église romaine et n’est pas en communion avec elle, est par le fait même exclu de l'Église de Jésus-Christ. C’est ce qu’il répète encore dans l’Apologeticus minor pro imaginibus, P. G., t. c, col. 841 CD. Voir aussi sa Lettre synodale au pape Léon III, P. G., t. c, col. 193-196. Cf. V. Grumel, Quelques témoignages byzantins sur la primauté romaine, dans Échos d’Orient, t. xxx, 1931, p. 423-427.

De saint Méthode, tout dévoué au Saint-Siège, qui, en 821, ose porter à l’empereur Michel II le Bègue le grave document romain qui condamne une fois de plus l’iconoclasme (Vila Methodii patriarches, dans les Acta sanctorum, junii t. ii, p. 440-447), nous pouvons citer un beau témoignage sur la primauté de saint Pierre, qui se trouve dans VOfjicc de la réconciliation des apostats, composé par lui et faisant partie de YEuchologe ou rituel de l'Église byzantine ; Pierre y est appelé le coryphée des apôtres, à qui les clefs du ciel ont été remises par Dieu et sur lequel le Sauveur a édifié son Kglise : Aécttotoc Kùp'.e 6 Qzhc, tjhwv, ô ràç xXeïç rijç fiaaiXeîaç aou LTsTpco tco xopuçaîco twv ànoaTÔXcov xocTeiATuaTSÛeraç xal ètt 'gcùtco tyjv àyîxv aou’ExxX'^alav oîxoSo[iï ; a « < ;. Goar, Euchologium Grsecorum, Venise, 1730, p. 690.

A côté de ces patriarches de Constantinople, apparaît leur illustre contemporain, saint Théodore Studite († 826), dont on peut dire qu’il est le grand docteur grec de la primauté romaine. C’est à chaque page de sa correspondance qu’on peut cueillir des textes sur la primauté de saint Pierre et les prérogatives de son

successeur, l'évéque de Rome. Pour lui, Pierre cl

l'évéque de Rome ne font qu’un. Le prince des apôtres continue toujours a vivre dan es successeurs poifl gouverner l'Église universelle. Le pape est le chef divinement établi, le coryphée des patriarches, le pasteur suprême de l'Église de la terre. Sans sa participation

et son approbation, pas de concile œcuménique pus sible. Il est depuis toujours la source limpide de l’orthodoxie, la pierre de la foi. sur laquelle est bâtie l'Église catholique. Impossible d'énumérer ici tous lc^ témoignages. Les principaux ont été recueillis par S. Salaville. La primauté de saiid Pierre et du papt d’après saint Théodore Studile, dans Échos d’Orient. t. xvii, 1914-1915, p. 2.'M2. Voir aussi J. Pargoire, L'Église byzantine de S21 a 847, '.', éd., Paris. 1023. p. 200-291, 291-205. Citons seulement ces trois courts passages pour montrer comment Théodore unit intimement l’apôtre Pierre a l'évéque de Rome. On lit dans une lettre au pape Léon III, écrite en 810 : « C’est à Pierre, c’est-à-dire à son successeur, qu’il faut soumettre toutes les nouveautés hérétiques introduites dans l'Église universelle par ceux qui s'écartent de la vérité. » P. G., t. xcix, col. 1017-1020. En 817, Théodore interpelle en ces termes le pape Pascal I er : « Écoute, tête apostolique, pasteur préposé par Dieu aux brebis raisonnables, porte-clefs du royaume des deux, pierre de la foi sur laquelle est bâtie l'Église catholique, car tu es Pierre, toi qui gouvernes le siège de Pierre. » Ibid., col. 1152 C. Et, dans sa lettre dog matique adressée au concile des iconomaques, il dit : « C’est en toute assurance que nous nous appuyons sur le Siège romain, dont le Christ a dit : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église, etc. » Ibid., col. 1 1 17 LS. Ce n’est pas, du reste, seulement en paroles, c’est aussi par des actes que l’higoumône du Stoudion proclame la primauté du siège de Pierre. C’est au pape qu’il ne cesse de faire appel pour restaurer à Byzance la discipline canonique et la foi orthodoxe.

Son homonyme et contemporain de Syrie, Théodore Abou-Qourra, évêque de Haran (t vers 820), proclame, lui aussi, très nettement et la primauté de Pierre et sa permanence dans son successeur, l'évéque de Rome. Dans son huitième mimar ou traité, qui est une brève démonstration chrétienne et catholique, il écrit : Il faut noter que les apôtres avaient pour chef saint Pierre, à qui le Christ avait dit : « Tu es Pierre » etc. : à qui il dit aussi trois fois, après sa résurrection, près de la mer de Tibériade : Simon, m’aimes-tu ? » etc., et ailleurs : « J’ai prié pour toi afin que tu ne perdes pas ta foi. » Vous voyez bien que saint Pierre est le fondement de l'Église… Les paroles du Seigneur : J’ai prié pour toi » etc., ne désignent pas la personne de Pierre ni les apôtres eux-mêmes. Le Christ a voulu désigner par ces mots ceux qui tiendront la place de saint Pierre à Rome et les places des apôtres… Dire que le Christ a voulu désigner saint Pierre et les apôtres en personne, ce serait priver l'Église de ce qui doit l’affermir après la mort de saint Pierre. » Constantin Bâcha, l’n traité des œuvres arabes de Théodore Abou-Kurra. évêque de Ha ran, publié et traduit en français, Paris, 1905. p. 31. 35. Lorsque en 808 éclata à Jérusalem la querelle du Filioque entre les moines francs du mont des Oliviers et un moine grec de Saint-Sabas, le patriarche de Jérusalem, Thomas, envoie, dès 809. une ambassade au pape Léon III pour lui soumettre la question. Cf. Vie de Michel le Syncelle. dans I"EXXt)v*.xoç tpiXoXoyixOç o’jikXoyoç, supplément archéologique aux t. xxiv-xxvi. 1896, p. 25, et Le Quien, Oriens christianus, t. m. col. 350 D. En 8 11, saint Grégoire le Décapolite et ses amis iconophiles font un geste semblable en sollicitant, par l’intermédiaire de saint Joseph l’I lymnographe, le secours du pape Grégoire IV contre l’hérésie iconoclaste.