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    1. PRIMAUTE##


PRIMAUTE. L’APOGÉE

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En 1213, Innocent III lançait les lettres d’indiction du XIIe concile œcuménique. « Deux choses, y disait le pape, me tiennent surtout à cœur : la délivrance de la Terre sainte et la réforme de l’Église universelle. » Le concile s’ouvrit encore au Latran, le. Il novembre 1215, Après trois sessions seulement, il se terminait a la fin de ce même mois. Il faiil noter que plusieurs prélats grecs y assistaient et que les décisions de rassemblée s’adressaient aussi aux chrétiens orientaux. Mais nous ne possédons de l’œuvre conciliaire, outre le décret sur la reprise de la Terre sainte, que 70 capitula, dont la plu part concernent la discipline des riens et des fidèles.

Le can. 5 mérite une mention particulière : il renouvelle les privilèges des anciens sièges patriarcaux et décide qu’après l’Église romaine, quee, disponente Domino, super omnes alias ordinaria potestatis oblinet priiicipalum, utpote mater universorum Christt fidelium et magislra, l’Église de Constantinople tiendra la pre mière place (depuis 1204, e’e^l un Latin, qui occupe le siège patriarcal) ; l’Église d’Alexandrie, la deuxième ; l’Église d’Antioche, la troisième, el l’Église de Jérusa lem, la quatrième. Lorsque les chefs de ces Églises auront reçu du pape le pallium, après lui avoir prêti li serment de fidélité el d’obéissance, Ils devront égale men-t conférer le pallium à leurs suffrageants. Dans

toutes les provinces placées sous leur juridiction, on

pourra leur soumettre le Jugement des évoques, toul en sauvegardant les appels au Siège apostolique. Hefele-Leclercq, op. cit., t. v b, p. 1316 sq.

Le XIII’concile œcuménique, que le pape Inno cent IV (1243-1254), forcé de quitter l’Italie, dut tenir à Lyon, en 1245, eut encore à s’occuper de la délh rance de la Terre sainte ; mais il édicta aussi un certain nombre de canons disciplinaires et promulgua une série de décrets pontificaux qui poursuivent la réforme ecclésiastique, en la consacrant par des textes juri diques. Frédéric II, en outre, était excommunié et déclaré déchu de toutes ses dignités,

3° Un point culminant : lu fin du XIIIe siècle. La

conquête et l’occupation de Constantinople par les Latins, en 1204, avaient été marquées et suivies par

des excès, des inlences, des destructions sans nombre

et sans excuse, I.’empire latin, fut, |’la nouvelle

Home et pour bien d’autres il les orientales, une

lamentable calamité, où la haine des Byzantins trouva un aliment facile et Inépuisable pour toul ci’qui venait

de l’Occident barbare. Dans les deux partis, un s’ingé niait à renchérir : on polluait, on exécrait, On rebapti sait, (m fulminai ! des anal bénies.

En 1232, cependant, la politique aidant, le pa triarche grec Germain il avait écrit, de Nicée, à Gré

gOire IX (1227-1211) au sujet de |a désirable fin du

schisme ; mais il ne poussa pas la concession Jusqu’à la

reconnaissance de la primauté romaine. |.e pape eut

beau envoyer des légats, on ne put aboutir à aucun résultat. Hardouin, Concil., t.vn, p. 149 ; Mansi, < oncil., t. xxiii, col. 17, 27’. » : il’.). En 1245, Innocent l. devani le concile de Lyon, constatait l’échec de toutes

les tentatives d’union. ()n n’en continua pas moins de

poursuivre les conversations entre les deux Églises, surtout après la chute de l’empire latin et la rentrée du patriarche grec à Constantinople (1261). Pour de multiples raisons, où la politique axait sa grande part,

Michel PaléolOgue, renoua les relations officielles avec le pape Urbain IV (1261-1264). Celui ci lui dépêcha quatre nonces munis de pouvoirs très étendus. De son côté, Michel envoyait au pontife romain l’évêque de Crotone et reconnaissait formellement la primauté du Saint-Siège. C’est alors que, sur la demande qui lui en lui faite, saint Thomas d’Aquin écrivil son Contra trrores Grœcorum, dans lequel le Docteur angélique

s’attache à la réfutation des dix erses cireurs ou opinions particulières qui séparaient les Grecs des Latins,

mais sans s’arrêter a la question de la primauté romaine.

Clément IV (1265-1268) persévéra dans les efforts de ses prédécesseurs ; mais, en face d’un patriarcat troublé, il s’en tint à poser, comme condition préalable à toute union et a tout concile, l’adhésion des Byzantins au symbole de foi qu’il leur envoya en I2’17. Grégoire X (1271-1276) crut enfin aboutir. A Constantinople, ce n’était pas seulement la politique impériale, i aussi l’influence de.ban Beccos < 1296) qui travaillait pour l’union. Les évêques orientaux, au fond, acceptaient plus aisément la reconnaissance de la primauté

du pape <i l’acceptation du principe de l’appel à Rome que l’introducl ion du Filioque dans le symbole : les questions secondaires, exploitées par Photius, passaient au premier plan.

lapape convoqua néanmoins le XIIIe concile œcuménique, qui se tint a Lyon 1 127 1 1. Cinq nmt évêques

de tontes les Églises orientales el < 1 1 1 1. 1 1 s et mille

abbés se trouvèrent rassembles. L’union entre I I

que et l’Église latine fut vite rétablie, trop vite.

sans doute. Les ambassadeurs grecs, Germain, c patriarche, Théophane, métropolitain d Georges ^cropolite, sénateur et grand lo deux autres officiers de la cour de Paléologue v pi

i les lettres du basileus, des prélat Ironie,

l’aîné des princes impériaux. L’empereur répétait dans -es biiies bsymbole reçu de Rome ; il v prof’expressément la primauté romaine : //"-’/ iiu<, qu<sonda romana Ecclesia summum et plénum primalum ri prlncipalum super universam Eeelesiam oblinet, quem se ab ipso I>i>m ; im in bealo l’iir<> upostolorum principe sine veriiee, cujus romanus pontifi successor, eum potestatis plenitudii radier

et humtltter recognoscit. Il y demandait pour I i

que le maintien des rites ei coutumes compatibles avec la doi tune des con< îles œcuméniques, i Andronic écrivait dans le même s, -us. et les prélats

annonçaient leur entrée dans l’unité de | l

dei la ra nt prêts à. h corder Immédiatement tout ce dont buis prédécesseurs s’acquittaient en v ers le Siège apos loliques avant le schisme. L’union fui donc soient ment proclamée et |urée. I lefele la-, |en q i a,

p. 153 sq. Mais cette union était superficielle. Malgré les efforts île.ban BecCOS, devenu pati

malgré la pression ex< r< ée par Michel, l<

veuljoiis et les siibliles controvei i a bientôt

un schisme de lait, qui devint officiel et dclili

l’avènement d’Andronlt |

Il lusion. Quoi qu’il en pul en que la

réforme de i t e, lis, . ne soit pas encore de tout point réalisée par son chef dans ses men n que.tes

abus renaissants réclament sans cesse des eii ris ininterrompus, on peut considérer cette im de

coin n H’un apogée. La primauté du pape est te, on nue :

lis Grecs eux mêmes, s’ils persistent dans le se] tisme, reprochent a la papauté bien plus les modalités secondaires que b’princ Ipe de sa prééminence de juridiction, et bien davanta’le heurter trop de traditions doctrinales ou disciplinaires des antiques es d’Orient. Le pape règne. Précisément, sa pri

matie universelle, jusque dans l’ordre temporel milite

sur la théologie. I "us les maîtres de cette époque, sans

en excepter les plus grands, s’ils étudient le principa spirituel du pontife romain, instituent d’emblée une comparaison eut re les deux pouvoirs, civil et religieux, et tentent d’en fixer les rapports.

C’est ce quc l’on remarque au mieux chez Gilles de Rome (i 1316) el Jacques de Vlterbe. Pour l’auteur du /i. au potestate, si l’Église a le pouvoir

des clefs, ci’pouvoir, le pape le possède, qui adeptu apicem totius Ecclesia. n. 12, éd. de Florence, p. SX. Le pape, en effet, a tout pouvoir dans l’Église :