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IMUMAUTÉ. LA CRISE ARIENNE


est tenu par le pape Jules, nous venons de le voir, comnie un usage établi. <>n peut même dire que le concile « le Sardique, par esprit de conciliation, dépouille l’évêque de Rome du droit de juger en seconde inst ance, puisque la revision sera exécutée par un concile provincial à la désignation de l’évoque de Rome et choisi dans une province voisine de la province qui a jugé d’abord. Le concile de Sardique relient seulement, pour l’évêque de Rome le droit de prononcer s’il y a lieu a revision : il reconnaît à l’évêque de Rome ce que M. Babul appelle une juridiction de cassation » sur tout l’épiscopat catholique. Batiffol, La paix constantinienne, p. 447-449 ; cf. ibid., p. 444 sq. Hilaire de Poitiers ( f 366) nous rapporte de ce concile de Sardique la lettre s nodale au pape Jules, dans laquelle on lit : Hoc optimum et value congruenlissimum esse videbitur si ad capul, id est ad Pétri aposloli sedem de singulis qui busqué prouinciis Domini re/erant sacerdotes. Fragm. Iiist., ii, 9, P. L., t. x, col. 639. On ne saurait désirer une plus belle expression de la primauté romaine.

Mais, en Orient, tous ceux qui ne sont pas inféodés à l’arianisme pensent de même qu’Hilaire et Athanase. C’est ainsi que Théodoret de Cyr, dans son Histoire ecclésiastique, déclarera que Jules I er, en évoquant à Home la cause des nicéens déposés, « s’est conformé à la coutume ecclésiastique ». Hist. ceci., t. II, c. ni, P. G., t. lxxxii, col. 996. Et Socrates avait écrit dans le même sens, à propos de l’un des nombreux conciles tenus parles ariens : « …Jules, évêque de Rome, n’y fut pas ; il ne se fit représenter par personne. Or, la règle ecclésiastique défend de décider quoi que ce soit dans l’Église sans le consentement du pontife romain. » Hist. ceci., t. II, c. viii, P. G., t. lxvii, col. 196.

d) Avec le pape Libère (352-366), la papauté, on peut le dire, « est criblée comme le froment ». Nous n’avons pas à apprécier la fermeté du caractère ou de l’orthodoxie de ce pontife, mais nous devons souligner le déploiement extraordinaire d’efforts que mirent en œuvre les eusébiens et leur protecteur Constance II pour amener à leurs vues l’évêque de Rome, en particulier pour le faire souscrire à la condamnation d’Athanase et à la formule homéousienne de Sirmium. « On n’épargna pas Libère, évêque de Rome…, écrit Athanase. On ne fut pas arrêté par la considération que ce trône est apostolique, et que Rome est métropole de la Romania ; et on oublia qu’on avait auparavant, dans des lettres, traité ces hommes d’hommes apostoliques. .. On voyait Libère attaché à la droite foi, ennemi déclaré de l’hérésie arienne, appliqué à détourner d’elle tous ceux qu’elle attirait, et on se disait : « Si nous « gagnons Libère, nous les aurons bientôt tous. L’empereur espère que par Libère il attirera à lui tout le « monde. » Athanase, Hist. arian., 35-37, P. G., t. xxv, col. 733 sq. L’historien païen Ammien Marcellin (vers 330-400), qui, du reste, appelle le pape christianæ religionis autistes, a fort bien discerné le but et la portée de ces intrigues et de ces violences : « Constance, observe-t-il, avait atteint son but par la déposition d’Athanase ; mais il brûlait du désir de voir confirmer cette mesure par l’autorité supérieure qui appartient à l’évêque de la Ville éternelle, auctoritale quoque potiore seternæ Urbis episcopi prmari desiderio nilebatur ardenti. » L. XV, c. vii, éd. Gardthauscn, p. 63. Comment ce païen pouvait-il en venir à parler du siège de Rome en des termes qui rappellent [renée ? Il constatait, sans plus, la primauté, que les hérétiques ou autres dissidents n’ont niée que parce qu’elle se tournait contre eux. C’est ainsi qu’en 366 les semi-ariens et les macédoniens firent une démarche auprès de Libère et lui demandèrent de rentrer dans sa communion. Hefele-Leclercq, Hist. des conc, t. i b, p. 977-978. L’évêque de Rome exigea l’adhésion formelle au sym bole de N’icée ; il fut obéi et il accorda des lettres de réconciliation pour tous les évêques d’Orient. Voir art. Libère, t. tx, col. 631 659.

3. Le schisme d’Antioche. I.e schisme mélétien

d’Antioche, l’un des épisodes les plus complexes de la vaste crise arienne, prit son importance de la situation du siège disputé - le deuxième alors de l’Orient — et de sa persistance pendant plus d’un demi-siècle (361415 environ). Nous n’avons pas à le raconter par le détail. Voir l’article MÉLÈCE d’Antioche, t. x. col. 520 sq. Qu’il nous sutlise de noter que les divers partis se réclamaient de Rome : Meletius, Vilalis atque Paulinustibi hæreresedicunt, écrit saint Jérômeau pape Damase. EpisL, xvi, P. L., t. xxii, col. 359. Épiphane, Ambroise, Jérôme, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse. Basile le Grand, Cyrille de Jérusalem, Jean Chrysostome, prennent parti et agissent auprès du pape ; le concile de Constantinople (381) délègue à Damase trois évêques qui l’informeront de la cause. Jamais la juridiction du siège romain n’a davantage été reconnue et sollicitée.

En ?>1, Hasile s’adresse à Athanase, dont le prestigeest si grand et l’Église si proche, non pas pour demander à l’évêque d’Alexandrie de se constituer juge du conflit ou de le soumettre à un concile, mais pour le supplier d’obtenir l’intervention directe, plus rapide et plus sûre que la procédure canonique, de l’évêque de Rome, Damase I er. Qu’en espère-t-il donc ? Qu’il examine les atlaires en litige, qu’il les aborde de sa propre autorité, aÙTùv aî>OsvT ? ( aai 7VEpL tô np5.y[iy., et pourvoie par des gens de son choix à la correction des coupables. Episl., lxix, P. G., t. xxxii, col. 432 sq. A Damase lui-même, d’ailleurs, Basile fait les mêmes déclarations : « Tout l’Orient est bouleversé… ; nous n’espérons de remède que de la visite de votre miséricorde ; c’est ainsi que, dans le passé, l’abondance de votre charité a toujours consolé nos Églises… Nous ne demandons là rien d’absolument nouveau, mais au contraire un geste conforme à l’usage. Nous savons, en effet…, que le bienheureux évêque Denys, qui brilla chez vous par la rectitude de sa foi et par les autres vertus, visita par une lettre notre Église de Césaréeet consola nos pères. » Epist., lxx, ibid., col. 433-435. Il y a plus encore peut-être, dans cette autre lettre du même saint Basile à l’évêque de Rome, où il est question de l’évêque Eustathe de Sébaste, qui, déposé par un concile provincial, « trouva cette voie, pour se faire rétablir sur son siège, d’en appeler à votre autorité. Que lui fut-il demandé par Libère, et quel assentiment y donna-t-il, nous l’ignorons ; toujours est-il qu’il revint porteur d’une lettre qui le rétablissait sur son siège ; il la présenta au concile de Tyane et fut rétabli ; à présent qu’il est publiquement déclaré arien, il ne peut être déposé, sauf par l’autorité qui l’a rétabli. » Epist., c.clxiii, ibid., col. 980.

Représentant de l’école alexandrine, Didyme l’Aveugle († 398) appelle saint Pierre le coryphée, xopuçatoç, le chef, Tcpdy.p’.xoç, celui qui occupe le premier rang parmi les apôtres, ô zx -pwTeïa èv toIç àTTocToXoiç eycov. C’est à Pierre que les clefs du royaume ont été confiées, il a reçu le pouvoir de réconcilier les lapsi pénitents ; ce pouvoir tous les autres le reçoivent par lui, y.où ttxvtsç S’.'oeÙTovS. De Trinitate, 1. I. c. xxv ii,

1. U.c. x.xvin. P. G., t. xxxix, col. 408,

417, 6ln. 726. À la même époque saint Épiphane de Salamine († 403) parle avec le même enthousiasme de la pierre solide sur laquelle l’Église est fondée.

Mais c’est surtout Jean Chrysostome, prêtre d’Antioche, mêlé de près au conflit, ensuite évêque de Constant inoplei : - 107). qui est, en cette fin du iv° siècle, l’un des témoins les plus illustres de la primauté romaine. S’cmploya-t-il auprès du pape pour amener avec le Siège apostolique la réconciliation de l’évêque Flavien