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dominé dès qu’il ; i existé ; el il descendra de son firmament mius la (orme d’un homme, roi d’iniquité, meurtrier de sa mire, qui lui-même est roi de ce monde. El il persécutera la plantation qu’auront plantée les douze apôtres du Bien Aimé ; des Douze, un sera livré entré ses mains. Éd. E. Tisserant, Paris, 1909, p. 1 16-1 17. Les historiens les plus sérieux admettent que ce Béliar est Néron » ! que l’apôtre par lui saisi ne peut être que Pierre. Mgr Tisserant, op. cit., p. 227, cite llarnæk, lequel est formellement partisan de celle identification et y découvre un témoignage de plus en faveur du fait de la mort de Pierre (à Rome) sous Néron.

2. Saint Ignace d’Antioche, quelque dix ou vingt ans plus tard, dans sa lettre célèbre aux Romains, les suppliant de ne pas le priver du martyre, leur dit : « Je ne vous donne pas un ordre connue Pierre ou Paul : ils étaient apôtres, je suis un condamné… » Rom., iv, 3, argument qui n’a de valeur véritable que si Pierre et Paul sont venus à Rome et si l’on peut traduire : « ils étaient vos apôtres, je ne suis, pour vous, qu’un condamné. .. ». Or, Ignace était le chef de cette Église d’Antioche qui se glorifiait de posséder la première chaire de Pierre ; le témoin est de poids. Que vaut, à côté, le silence de Justin ou d’Hermas, qui, d’ailleurs, ne parlent fias davantage de la venue et de la mort de Paul à Rome’? Il est amplement compensé.

3. Saint I renée.

Aux environs de l’an 180, l’évoque de Lyon, Irénée, qui connaît la tradition romaine pour avoir vécu à Rome plusieurs années, dit expressément que l’Église de Rome fut fondée par les saints apôtres Pierre et Paul. Dans cette page que nous retrouverons, il établit la série des pontifes qui se sont succédé depuis que « les bienheureux apôtres confièrent à Lin la charge d’évêque ». Cont. hier., III, ni, 1, P. G., t. vii, col. 845.

4. De la même époque, Eusèbe nous rapporte deux témoignages d’importance, l’un d’ « un homme d’Église nommé Caius », contemporain du pape Zéphyrin (début du iie siècle), qui, dans un écrit où il discute avec Proclus, chef de la secte phrygienne, s’exprime ainsi touchant les tombeaux des deux apôtres : « Je puis montrer les trophées des apôtres. Si tu veux aller au Vatican ou sur la voied’Ostie, tu trouveras les trophées de ceux qui fondèrent cette Église » ; l’autre, de l’évêque Demjs de Corinthe, qui, vers 170, s’adressant aux Romains, leur écrit er ces termes : « Vous-mêmes avez associé… la plantation faite par Pierre et Paul des Églises de Rome et de Corinthe… ; tous deux, partis pour l’Italie, y enseignèrent ensemble et subirent le martyre vers le même temps. » Hist. eccl., t. II, c. xxv, n. 5-8, P. G., t. xx, col. 208-209.

5. Au début et au milieu du iiie siècle, Cyprien de Carthage, Firmilien de Césarée, en Cappadoce, Denys d’Alexandrie Fabius d’Antioche, Calliste et Hippolyte de Rome, aussi bien que l’auteur inconnu d’un livre contre Artémon, bref, toute l’Église d’Orient ou d’Occident, admettent ou considèrent comme admis universellement que le siège de Rome est le siège même de Pierre, que l’évêque de Rome est le successeur de Pierre. Pour Tertullien, à l’ « heureuse Église de Rome les apôtres Pierre et Paul ont versé toute leur doctrine avec leur sang ». De præscript., xxxvi ; cf. ibid., xxx, xxxii, P. L., t. ii, col. 48, 42, 44 ; Scorpiace, xv, 2-5, ibid., col. 151 ; De pudicit., xxi, 9-10, ibid., col. 1025 ; Adv. Marcion., iv, 5, ibid., col. 366. Quant à Clément d’Alexandrie, Hypotyposes, dans Eusèbe, Hist. eccl., t. VI, c. xiv, rapportant comment fut composé l’évangile selon Marc, il rappelle d’abord que « Pierre prêchait publiquement à Rome la parole et annonçait l’Évangile sous l’action de l’Esprit ». Origène, peut-être influencé par les Actes de Pierre, nous dit de celui-ci que, « venu finalement à Rome, il y fut crucifié la tête en bas, sur sa demande expresse ». Dans Eusèbe,

Hist. eccl., I. III, c. i, llarnæk a même pu citer le témoignage du païen Porphyre, d’après un texte de Macarius Magnés, du siècle suivant. Die Mission und Ausbreilung desChristentums, t. i, Leipzig, 1906, p. 54, Et voila qui, en passant par l’évêque Pierre d’Alexan drie, Epist. can., tx, P. G., t. xviii, col. 183, et l’historien Eusèbe, trop dépendant malheureusement Actes apocryphes, Hist. ceci., i. ii, c xiv, xv, xxv, rejoint l’attestation du chronographe libérien.

6. Le Chronographe (libérien) de I an 354, écrit en tête de son catalogue des évéques de Rome : Pelrus ann. XXV, mens, uno, d. Vint, fuit temporibus Tiberii desaris et Gai et Tiberi Claudi et Neronis a consul. Minuci et Longini usque Serine et Vero. Passus autem cnm Paulo die ni kal. iulias consul, ss. imperanle Keronc. À la vérité, il n’y a aucun fond à faire sur les données chronologiques fournies par ce texte, qui n’iraient à rien de moins qu’à faire venir Pierre à Rome à une date beaucoup trop précoce. Plus intéressante est la Depositio martyrum, qui se rattache au même texte et nous livre un calendrier de l’Église romaine utilisant peut-être les recherches faites par Hégésippe vers 160 et où l’on peut relever : vin kal. martias natale Pétri de cathedra. — /// kal. iul. Pétri in Calacumbas et Pauli Ostense, Tusco et Basso cons. (Ces textes du Chronographe de l’an : J54, dans C. Kirch. Enchiridion fonlium historiæ ccclesiast. antiq., n. 491, 492.) Nous avons là une indication précieuse de la double commémoration faite par l’Église de Rome, le 22 février, de l’épiscopat ou chaire de l’apôtre, le 29 juin de sa « déposition ». Le consulat de Tuscus et de Bassus, il est vrai, nous reporte à l’an 258, au temps de la persécution de Valérien, deux siècles environ après la mort des deux apôtres. À cette date, a-t-on pensé avec beaucoup de vraisemblance, en raison de la tourmente qui sévissait sur la communauté romaine, les restes vénérés des apôtres Pierre et Paul furent transférés sur la voie Appienne, au lieu dit ad Catacumbas ; précisément, les anciens itinéraires disent que les tombeaux" des saints apôtres furent en ce lieu, à Saint-Sébastien, pendant quarante ans. Notitia ecclesiarum, dans De Rossi, Roma sollerranea, t. i, p. 139, 141. Que ce chiffre de quarante soit approximatif ou symbolique, suivant la remarque de Duchesne, il n’importe guère ; mais l’hypothèse du transfert s’en trouve confirmée, d’autant plus que ces indications diverses s’accordent avec les nombreux grafïïti du IVe ou du v c siècle, mis récemment au jour à Saint-Sébastien, avec l’inscription composée par le pape saint Damase et placée par lui ad Calacumbas : < Hic habitasse prius sanctos cognoscere debes Xomina quisque Pétri pariler Paulique requiris v. Rien que cette tradition et cette translation supposée aient été révoquées en doute, elles semblent bien être confirmées par les découvertes récentes. Les fouilles de Saint-Sébastien ont mis à jour (1915-1925), entre autres monuments notables, un antique triclinium ou salle d’agapes que les archéologues les plus avertis datent de la seconde moitié du ni'e siècle et dont un fragment de muraille montre encore plus de cent cinquante graffiti rappelant des repas funéraires célébrés en l’honneur de Pierre et de Paul et des invocations ou recommandations qui associent leurs deux noms : « Pierre et Paul, secourez Primus, pécheur… En l’honneur de Pierre et Paul, j’ai fait le re/rigerium, moi, Tomius Cxlius… » Ce mot refrigerium, qui se trouve répété quatre fois, désigne en latin l’agape liturgique en l’honneur des martyrs, sur leurs tombeaux, en sorte que nous avons là un émouvant témoignage en faveur de la présence à Rome du corps de l’Apôtre. Voir Atli délia pont, accademia romana di archeologia, travaux de P. Styger. O. Marucchi, R. Lanciani, A. Ratti, etc. Rome. sér. II. t. xii-xiv. 1918-1920. Cf. H. Chéramy, P. S. S.. Saint-Sébastien-hors-les-Murs, la basilique, le souvenir