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PRIÈRE EFFICACITÉ


i la personne pour qui l’on prie » ; cette prière ne sera pas néanmoins dépourvue fie toute efficacité : si elle procède de la charité, clic augmentera les mérites de la personne qui prie, meriloria erit uranli..’î. Non, il n’est pas défendu de prier pour les pécheurs, ni inutile de prier pour les justes : « // faut prier pour les premiers, « fin qu’ils se convertissent, et pour les seconds, afin qu’ils persévèrent et progressent. Sans doute, en ce qui couenne les pécheurs, ne sont exaucées que les prières faites pro » r : rdrs(inatis et non celles qui sont faites pro prœscilis ml mortem ; mais, comme nous sommes dans impossibilité de discerner les prédestinés îles réprouvés, il s’ensuit que nous ne devons refuser à personne le suffrage de nos prières. Quant aux justes, on a trois motifs de prier pour eux : d’abord, pane que les prières d’un grand nombre sont plus facilement exaucées ; ensuite, afin que de nombreuses personnes rendent grâces à Dieu pour les bienfaits qu’il accorde aux [estes, bienfaits qui tournent aussi à leur profit, comme le dit l’Apôtre, II Cor., 1, 11 ; en dernier lieu, afin que les Ames plus avancées évitent l’orgueil, en considérant qu’elles ont besoin des suffrages de celles qui le sont moins. » 1 Enfin, prier pour autrui n’est pas usurper le rôle du Christ, pane que celui qui prie n’entend pas

obtenir ce qu’il demande propria virtute, sed virtute ejus quem oral ; el par conséquent, celui qui prie pour autrui ne s’attribue pas la grâce pléniere. gratiam pienitudinis, mais il la reconnaît en celui qu’il prie et de qui il sollicite la grâce à donner au prochain Les trois premières réponses, comme les objections correspondantes, se trouvent dans la II’II 1, la quatrième dans les Sentences.

t -ne question subsidiaire : peut-on prier pour quelqu’un en particulier, ou doit-on se contenter de prier pour tout le monde en général 1 Wiclef aurai ! soutenu

cette idée qu’il n’esl pas permis de prier i i une per lonne en particulier, pas plus pour soi même que pour

n’importe qui. cf. Suarez, I. I, C xiii, n. 1. SOUS prétexte qu’il ne faut priver personne d’un bienfait qui par lui-même appartient à toul le momie et que d’ailleurs la prière n’est pas plus utile à telle personne déterminée si elle est faite exclusivement pour elle que

si elle est faite pour tOUt le monde. Le concile de Constance, en sa VIII" session, a condamne cette criciir

de Wiclef : Spéciales oraliones applicala uni pertona per prmlalos vel religiosos, non plus prosunt eidem quam générales, céleris paribus, Denz.-Bannw., n. L’Ecriture mentionne un certain nombre de prières

failes pour telle OU telle personne en particulier : le

Christ a prié pour Pierre, Luc, xxii. 32 ; ainsi que l’Eglise de Jérusalem, <ct„ xii, 5 ; saint Paul demande qu’on prie pour lui. Eph., vi, 19 ; Col., i. 3, etc Suarez, n. : t. prouve que les deux raisons invoquées

pin Wiclef sont sans valeur. Cf., I. I, C. XXVII, n.. r >-7. 2° Pour qui doue peut on et doit "’î prier : ’poUT qui ne Ir peut-on pas ? Le Catéchisme romain part. IV. c. v, abordant celle question, commence par déclarer que personne au monde ne doit être exclu de nos prières. ni nos ennemis particuliers, ni ceux qui n’appartiennent pas à noire pays ou à noire religion : orandum est pro omnibus sine ulla exceptione vel inimicitiarum, vel genlis, vel religionis ; el que noire prière doit viser à procurer à tous les hommes d’abord le salul de leur ame, ensuite la conservai ion de leur vie : qua m ora-Hone primum petenda suni quæ salutem anima complectuniur, deinde quæ corporis ; el ceci n’esl pas un simple conseil, c’est un devoir impose par la charité. Puis le

Catéchisme énumère wnc série de personnes OU de catégories de personnes pour qui nous devons particulièrement prier : les pasteurs des âmes, les princes, les justes, nos ennemis personnels, tous ceux qui n’appartiennent pas à l’Église, les morts qui sont en purgatoire, les pécheurs. Enfin, on peut se demander si le

Catéchisme ne reconnaîtrait pas une sorte de prière pour les saints, sanctorum omnium causa : ce ne serait plus, il est vrai, une prière de demande, mais une prière d’action de grâces, par laquelle nous louons et bénissons Dieu « des victoires et du triomphe qu’ils ont remportés par un effet de sa bonté sur tous leurs ennemis, tant intérieurs qu’extérieurs ».

Mais ne pouvons-nous pas demander aussi pour les saints, cf. Suarez, I. I, c. xiv, et non seulement cette gloire extrinsèque, qui consiste dans le fait d’être connus, aimés et honorés de ceux qui vivent encore sur la terre, ce que l’Église paraît vper dans le Suscipr sancta Trinilas de l’offertoire : ut illis proficiat ad honorent, nobis nulem ml salutem, mais un accroissement de leur gloire essentielle, du degré de béatitude qu’ils ont mérité pendant leur vie terrestre ? Le pape Innocent III, cap. Cum Marthse, De celebratimie missarum, rapporte, sans la faire sienne, mais non plus, scmblet-il. sans la réprouver expressément, l’opinion assez

répandue de son temps, d’âpres laquelle la gloire des saints [pourrait recevoir des accroissements Jusqu’à la lin du monde et il ajoute que c’est pour cela que l’Église de temps en temps pense pouvoir souhaiter l’augmentation « le leur gloire, lieel plerique repuieni non indignum sanctorum glortam vaque ad fudieium augTnentari, et ideo Ecclesia intérim rep augmentum gloriftcaiionis et, mm optari. Le pape ne partage pas cette opinion, mais il reconnaît qu’ell

sous jac enle à I criailles prières de l’Église Les théolO giens postérieurs se sont rangea à l’opinion <lu : qui ne VeUi voir dans toutes les formules on II

demande que talit oblalio prosit vel proficiat haie nando vel’il’"il gloriam et honorent, que la demande de l’augmentation de la gloire extrinsèque, tta débet inii ut ml hoc prosit quod magit æ mag Ubus. CI. saint Thomas. In l Sent., dlst. XLV, ,, . ii, a 2, qu. I ; Suarez, op. clt :.ban de Saint-Thomas, In II II. q. I KXXIII, : I Har

min, Sexta i ontrooersia gênerait », l>< purgalorio, I. II,

c. xiii.


VIII. VALEUBS il l 1 i l « i i i Dl IV il I

Saint Thomas rcconnall i la pri< re quatre t ipi i es de valeurs, dont deux seulement lui conviennent en tant que prière, IIa-IIæ, q i kxxiii, a. 12 el 13 dans l’art. 12, il signale sa valeur d’oeuvre sallsfactolre et, dans l’art. 13, les trois nui us valeurs Les effets de la

prière sont au nombre de trois. Ie premier est coin

inun a tous les actes qu’Informe la charité : « est h mérite. Le second appartient en propre à la pi c’est l’obtention ou Impétration Ie trolsll n celui qu’elle produit dans l’âme par sa présence même c’est une certaine réfection spirituelle.

,, . CI saint Thomas,

In IV Sent., dlst.. q. IV, a 7. qu.

2 : Il il.

q i xxxiii. a. 7. ad 2 ; a. 15 ; Suarez, i Le. xxii.

. Il en va de la prière comme de tout autre acte ertucux : elle tient sa valeur méritoire de la charité dont elle est issue, celle et ayant en effet pour objet propre le bien éternel dont la jouissance est l’objet de nos mérites, l >r, la pi 1ère procède de la charité par Tinter médiaire de la religion, dont elle est un acte : c’est à la religion, en effet, de présenter la prière a Dieu, tandis

que la Charité nous fait désirer ce dont elle demande

l’accomplissement II » II", a. 15 Le même raisonnement se rencontrait déjà dans les Sentences, avec cette différence que saint Thomas n’j affirmait pas que la

prière procédait toujours et comme essentiellement de la charité, mais seulement aliquando ; d’où il concluait, non pas que la prière est un acte méritoire, mais seulement qu’elle le peut être. Il est une autre condition nécessaire pour que la prière, comme tout autn vertueux, soit méritoire : c’esl qu’elle soit faite en état de grâce, a 1°>. ad 1° : maison pourrait dire que cette