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[HÉMONTHÉS. ÉVOLUTION

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accordant à ceux-ci de nombreuses faveurs spirituelles.

III. Évolution. S : i ris éliminer la pensée du

fondateur, les temps y apporteront des modifications notables et donneront lieu à des déviations accidentelles dans l’institut créé par saint Norbert.

Dès 112(i, après le départ de celui-ci pour Magdebourg, les religieux de Prémontré s’adonnèrent avec moins d’assiduité à la prédication. La vie canoniale allait former la hase principale de leurs aspirations religieuses. Celle-ci d’ailleurs était mieux à même de Satisfaire les aspirations personnelles de chaque religieux. Dans la rédaction des statuts primitifs, du moins d’après le texte que nous possédons (le texte VanWæfelghem), la prédication n’est l’objet d’aucune prescription particulière, preuve manifeste du changement survenu depuis le départ de Norbert. À ce point de vue. les intentions du patriarche seront reprises et pleinement réalisées au siècle suivant par saint Dominique, lui-même ancien chanoine régulier, qui s’inspirera des principes norbertins dans l’institution de ses frères prêcheurs. Cf. II. Galbraith, The constitution ni the domtnican order, Manchester, 1925.

Cn autre changement ne tarda pas a s’opérer quant a l’administration des paroisses. Saint Norbert avait

voulu le ministère paroissial, tout comme la prédication, mais il ne comprenait pas ce ministère comme il

- pratiqua dans la suite. Dans sa pensée, L’administration des sacrements et le service paroissial devaient

avoir pour centre une abbaye, où les prêtres, chargés

du ministère, mèneraient la vie religieuse dans toute ta rigueur. Alors que les premiers statuts portent encore des dispositions a ce sujet, graduellement se fit la séparation entre cures et couvents, un ministère

paroissial tanl soit peu intense étant Irréalisable dans li i adre de la vie monasl [que

Aux premiers temps, l’ordre de l’réinont i < eut une

extension extrêmement rapide. D’après les chroni queurs contemporains, il comptait, a la fin du xii'e siècle, environ mille abbayes et prieurés, et. en outre, un plus grand nombre encore de résidences moins importantes. Beaucoup de ces maisons nli pieuses existaient déjà, M est vrai, mais s’étaient

agrégées à l’ordre pour retrouver un renouveau de ferveur. Si l’histoire de ici te première période forme

une des pages les plus brillantes du passe de l’ordre.

il eul cependant des fléchissements : des compétl

lions à propos d’élections abbatiales, des tendances

a l’affaiblissement de l’observance régulière. Toutefois, le résultai d’ensemble lut merveilleux ; des contrées entières furent converties au christianisme ; les

paroisses mal desservies reçurent comme curés des chanoines formés à la pauvreté, à la prière et a l’étude e1 reprirent leur ant iipie ferveur chrcl ienue ; des foules immenses d’hommes et de femmes, sous l’habit de frère lai on de sœur norhert ine. pratiquèrent la perfection chrétienne et la sainteté ; mais les clercs sur tout donnèrent l’exemple des vertus sacerdotales et de la discipline ecclésiastique. I le concert avec l’ordre

de Ctteaux, celui de Prémontré contribua puissam ment a cette magnifique renaissance spirituelle que connut le xir siècle.

Les XIII et XIV 8 siècles marquent pour l’ordre de Prémontré une décadence, qui se manifeste d’ail leurs dans tout l’ordre monasl ique. Plusieurs causes

y contribuèrent. L’ordre eut d’abord à subir le contrecoup des secousses politiques qui troublèrent profondément la chrétienté. Les guerres continuelles, amenant à leur suite invasions et exactions, affaiblirent ou ruinèrent nombre d’abbayes et j rendirent malaisée la vie de communauté. Le schisme d’Occident troubla les esprits et divisa la chrétienté en deux ou trois obédiences, d’où grande difficulté pour la réunion régulière des chapitres généraux. Ce furent.

plus tard, les hérésies de Wiclef et de Jean IIuss, dont tous les ordres eurent à souflrir. Enfin, le xvr siècle amena la réforme protestante qui détruisit nombre de maisons norbertines en Allemagne, et balaya toutes celles d’Angleterre et des Pays-Bas septentrionaux, tandis que les abbayes françaises étaient ruinées par les guerres de religion.

L’ordre de Prémontré, au surplus, portait en lui-même une grande source de relâchement : le nombre exagéré des petits prieurés et des cures où la règle fléchissait devant les goûts individuels et où dominait la tendance à imiter la vie des clercs séculiers. Mais ce fut surtout l’institution de la commende qui contamina tout l’ordre inonast ique. L’attribution d’une abbaye à un séculier, qui n’avait d’autre souci que de loucher les revenus, dev.nl Causer la ruine de l’institut et énerver la vie conventuelle, où l’autorité du prieur claustral, n’étant pas soutenue par celle du prélat, ne jouissait plut de la fermeté requise pour obtenir l’observance Intégrale de la règle, a un

moment donné ilTTXi. sur un total de 7<> abl prémontrées Situées en terre française.. r > t étaient

données en eoinmende. Même l’abbaye chef d’ordre,

malgré le concordat entre la Lrancc et le Saint s

devint, au xvr siècle, successivement la proie de

deux cardinaux.

Cette décadence « levait cependant amenei

sursauts de ferveur et. COnséquemment, des mouvements de ! i ion.

Jadis les religieux de Magdebourg, la ville archiépiscopale de saint Norbert, avaient manifesté une

Indépendance marquée vis a vis de Prémontré. De

même, les abbés et prévois de s.ixe refusaient d

ter aux chapitres généraux, alléguant la longueur du

VOyage et les périls de la rOUte, Cependant, les papes LuciUS III. en 1180 (bulle (jii.i tt rin^. dans I 1.

e, Ord. Prsan. biblioi’Innocent III.

en 1198 (bulle in eo tumus, ibid., p. 646) appuyèrent

les revendications de l’abbi : einT.il de Lninontre à ce sujet ; mais, en 1241, par lent remise de Guillaume,

évêque de Paris, les Saxons obtinrent une concession. Il fut décidé qu’un seul prévôt de Saxe viendrait tous les trois ans au chapitre général, comme dépuU de ses collègues, muni de buis notes et agissant en leur

II.

Le renouveau catholique, qui fut la’.loue de la tin

iu xvr su. h-, suscita dans | ordre dis mouvements de reforme Indépendants, qui prirent le

d’une véritable scission.

lue première n forme se manifesta en l spai I

surtout, la eoinmende avait lait des ravages. Dans le

mouvement de reforme qui s’élaborait, on n’est pas étonné de voir présenter le projet de placer a la tête des abbayes des prélats élus pour trois ans : c’était

éliminer le danger d’un abbé commeiidat aire, nomme

a vie. Cette nouveauté, d’ailleurs, s’inspirait des constitutions de congrégations ou d’ordres plus

il-, gouvernés par un provincial amovibli non par un abbé élu a vie. Sous l’impulsion ant tique du nonce Ornamento et de par la volonté de Philippe 11. les prémontrés d’Espagne furent to

de subir cette réforme radicale ; l’abbatial triennal fut introduit et la haute direction des abbayes d’Es pagne fut confiée a un provincial. In noviciat coin nuin réunirait les candidats de toutes les abbayes. Lue rédaction spéciale îles statuts, parue— en 1576, codifia ces transformations. Voir aussi les Constitutiones ordinis Preunonstratensis eongregationis hispantete, Si ; l ; ov le, i tus.

L’abbé-général de Prémontré, .L’an Despruets,

après de’vaini’s tentatives pour entrer cn rapports

avec la circarie révoltée, fut autorisé par un bref de

oire lli à s’imposer, et put enfin avoir emprise