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    1. PRIÈRE##


PRIÈRE. AUTRES CONDITIONS

Tl’l

parvenir au salut. Cela est de foi : l'Église l’a défini contre les pélagiens et les semi-pélagiens, qui refusaient à Dieu l’initiative dans l'œuvre de notre salut. Cf. Denz— Bannw, n. 17(i et 179 : « Si quelqu’un dit que c’est grâce à la prière de l’homme que le secours divin est accordé, mais que ce n’est pas grâce au secours divin que nous prions, il contredit l’enseignement du prophète Isaïe, repris par saint Paul. » S’ensuit-il qu’il n’est aucune prière qui ne soit d’origine purement humaine ? Non, évidemment ; il ne s’agit ici que de la prière faite pour obtenir de Dieu les secours spirituels dont nous avons besoin pour faire notre salut, faite en vue du salut. Quand la prière n’a d’autre objet que l’obtention de biens purement temporels, la guérison, le succès d’une entreprise, etc., pourquoi ne pourrait-elle pas jaillir spontanément, naturellement, du sentiment de notre indigence ? La grâce de Dieu ne paraît pas nécessaire pour nous porter ; i recourir à lui dans ces circonstances. Cf. Suarez, t. I, C. Vlll n. <>-H. Dans ce cas, nous aurions affaire à une prière purement naturelle, sans aucun rapport avec le salut ; en revanche, les textes conciliaires ou patriotiques concernant la nécessité de la grâce pour exciter en nous l’idée de recourir à Dieu, pour nous porter à la prière, n’ont en vue que la prière surnaturelle, la prière sicut oportet, comme ils l’appellent.

On a coutume d’apporter en preuve « le la thèse le célèbre texte de saint Paul, Rom., viii, 2 « >-'27 : ipse Spiritus s/inclus postulat pra nolns gemitlbus inenurru bilibus, en entendant, avec saint Augustin (De dono peneverantise, c. xxiii, n. 64, P. L., t. m.. col. 1032)

postulai au sens de poslularc faclt. enin itm ii, op. cit..

p. 38, note, n’admet pas cette Interprétation

2° Grâce adjuvante. - I.a grâce nous est nécessaire pour bien prier, pour donner à notre prière toutes lis qualités qu’elle doit posséder. « S’entretenir avec Dieu, dit saint Jean ChrysOStome, est une chose qui dépasse les forces de. l’homme, à moins qui] n' soit aidé par l’action du Saint-Espril », cité par Suarez, I. I, c. viii, n. 2. « Puisque c’est une chose qui dépasse les loues de l’homme, continue t ii, il faut que la grâce du Saint-Esprit, venant en nous, nous fortifie, nous donne confiance et nous apprenne la grandeur de l’honneur » qui nous est accordé de nous entretenir ainsi avec Dieu. ibid., n..'i. Qu’est-ce donc qui dépasse les forces de l’homme dans ce saint exercice ? D’abord et principe

lement, de savoir ce qu’il doit demander à Dieu, ce qu’il doit dire à Dieu, pour que sa prière honore Dieu et lui soit agréable ; c’est saint Paul qui nous en avertit : « L’Esprit vient en aide a notre faiblesse, car nous ne savons pas ce que nous devons, selon nos besoins, demander dans nos prières. Mais l’Esprit lui-même prie

pour nous par des gémissements Ineffables ; et celui qui

sonde les COBUTS connail quels sont les désirs de I I 9 prit, il sait qu’il prie selon Dieu pour des saints. »

Rom., viii, 2(i-'27. Saint Thomas, '/< Rom., c. viii, lect. 5, expose bien le commentaire traditionnel de ce

texte célèbre : c’est l’Psprit Saint qui dirigerait, qui produirait en nous notre prière ; elle s’exprimerait par des gémissements ineffables, Intraduisibles, par des

élans du COBUT vers un bien inconnu ; mais Dieu comprendrait et approuverait ces désirs obscurs â l’Ame elle-même, qui, provenant de l’Esprit, ne peuvent Être que conformes au bon plaisir de Dieu. Quoi qu’il en soit du sens précis de ce texte, il en ressort que, pour « pie noire prière soit., selon Mien >. nous avons besoin

de l’assistance de l’Esprit-Saint : c’est lui qui doit nous suggérer ce que nous devons demander.

L’homme a encore besoin du secours divin pour prier avec la foi et la confiance, avec la soumission à la volonté divine, avec l’ardeur et la persévérance inlassables, qui sont requises pour la prière < comme il faut > Nous pensons qu’il est inutile de nous attarder

sur un sujet qui relève, a vrai dire, du traité de la grâce plutôt que de celui de la prière. Mais ce que l’on peut ajouter ici, ce sont les conséquences pratiques qui découlent de cette doctrine et qu’on trouvera partieu lièrement bien formulées dans L'école de Jésus-Christ du P. Grou. Si notre prière ne peut être vraiment bonne « pie si c’est le Saint-Esprit qui la produit en nous, il importe donc, avant de prier, de lui demander son assistance, et, pendant que l’on prie, de se rendre docile a son action : « Puisque la prière est un acte surnaturel, il faut demander avec instance à Dieu qu’il la produise en nous, et la faire ensuite paisiblement sous sa direction ; il faut attirer en nous la grâce par notre ferveur et la seconder sans en troubler l’effet. 30° leçon, t. n. p. 4, de l'édition Desclée, de Brouwcr et Cie, Lille, 1923. Mais, dira-t-on, n’y a-t-il pas ici un cercle vicieux ? Pour bien prier, il faut demander l’assistance du Saint-Esprit ; mais, pour obtenir cette assistance. ne faut-il pas bien prier ? Il faudra donc qu’avant d’implorer l’assistance du Saint-Espril on lui demande « le nous aider dans cette imploration, et i nous voila au rouet » ! Réponse : ne nous préoccupons pas de cela ; taisons de notre mieux, avec l’assistance du Saint-Espilt qui ne nous manque jamais, notre prière pn pa ratoire à la prière, puis livrons-nous a la prière.

17, NÉCESSITÉ DB L'ÉTAT DE QRACB. L'état de grâce est-il nécessaire pour prier, pour bien prier ?

Ci. saint Thomas, in i Sent, dist. l.. q. ii, a. i.

qu. 3 (il s’agit des prières faites par les pei lieins pour les morts) ; Sum. theol., II*-II", q. i xxxiii, a. 16 ; « I cLXXvni, a. '2, ad 1° : QusesL ditp De potentat, q. iii, a '.'. ad 5. Suarez, I. l. <-. viii, n.9 ; « . ix, n.7 ;

( ulrrli. mm., pari. I, c. m. n. 5.

il suffira, pour répondre à la question, de Iran* rln ce paragraphe « lu Catéchisme romain : Un autn degré « le la prière se trouve dans ceux qui, étant cou pailles de péchés mortels, s’efforcent néanmoins de s. relever par cette foi qu’on appelle morte, et « le retoui

m i a Dieu… I.a prière de CCS hommes est ailmist

devant Dieu, et non seulement elle est exaucée, mail encore la miséricorde divine Invite avec la plus grandi honte les pécheurs ft prier : Venu 'i mot, « lit ell<-, nous tous qui élis affligéi et charges, et je vous soulagerai

Ainsi le pulilieain. qui n’osait pas lever les eiix au

ciel, sortit néanmoins du temple plus juste que le pha

lisien. i Nous n’aurions rien dit de cette question, si la « philosophie <h' la prière (le II. Prcmond. fondée sui

une confusion constante entre la grâce actuelle et la grâce sanctifiante, entre l’action « lu Saint-Espril sur

les anus, qu’elles soient ou non Justifiées, et sa pré

seiiee dans les âmes Justifiées, ne ii uers.in l’eus, ment traditionnel sur cette question. Non « pie nous

refusions a ta prière « lu pécheur, écrit-il, Hût. lltt…, t viii, p. 371, tout caractère <i<- prière, il semble

cependant qu’on ne peut l’appeler prière au sens plein

du mot. Quasi prière, prière analogique, essai de

prière. El pourquoi ? Le Misettit ne serait donc pas une vraie prière'.' Est-ce « pie tout le monde ne rci’onnait pas « pie l’un des objets principaux « hla prière,

c’est l’imploration « lu pardon ? Orare, dit saint Gré goire le Grand, est amans gemitus m compunctioiu resonare, cf. supra, col. 183. Si ce n’est pas l’essence <i<

toute prière, c’est au moins une espèce « le prièn Cf. Pottier, S..1. Pour saint Ignace et les « lixercices

contre l’offensive de M Bremond, p 30, note

r. LONQUBVR // : i._ PBJÈBB. I.a prière doit elle

être longue ? Cf. saint Thomas, in l « Sent., dist

. q. iv. a. 2, qu. 2 : 1 1 11 '. q. i xxxiii. a. I I : Sua rez. I. 111, c. n. n. I ">.

il n’est évidemment question ici « pie de la prière

facultative : la prière obligatoire doit durer au moins le temps nécessaire pour la prononciation correcte « les formules prescrites, temps qui varie, remarque Suarez,