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PRIÈRE. FORMES PARTICULIÈRES

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ta porte, prie ton l’ère qui e.st présent dans le secret, et ion Père qui voit dans le secret te le rendra » Matth vi 6 Et pourtant Mgr Kerkhofs, évêque de Liège.a la Semaine liturgique de Namur, ne se voit-il pas obligé d’intituler l’une des sections de son étude sur les rapports entre la prière liturgique et la prière privée : -Pas l’exclusivisme de la part de la prière liturgique.7 Et cette section commence ainsi : « De son côté, la prière Hturgique ne doit ni supprimer ni sous-estimer la prière privée. » Prière liturgique et vie chrétienne, p. 137 C est donc qu’il existe des « liturgistes » qui auraient tendance à supprim ou à sous-estimer la prière privée. Et pourquoi voudrait-on la supprimer ? On en donne deux raisons : d’abord, elle serait inutile, tous nos besoins religieux pouvant être satisfaits parla prière liturgique ; ensuite, elle serait illégit.me d’après la conception catholique des rapports de l’*^ Q U avee Dieu l’individu n’existe pas au regard de Dieu, qui m connaît que l’Eglise ; nul ne peut prier en son nom personnel et pour lui seul : toute prière doit fre dite au pluriel, selon le modèle de prière donne par le Christ I.. urière privée, individualiste, est une prière protestante ; saint Cyprien n’a-t-i. pas dit : ^nfcimm Pater meus, sed noster : nec Da mihi, sed da nobs, qua unitatis maqister noluit prioatim precem fieri, ut sclicei nuis nro se ïantum precetur ; unum enim orare proommbus volait, quoniam in uno omnes ipse portavit El saint Thomas conclut de ce texte que l’oraison domi nicale profertur ex persona communi totiu » Ecclesla,

IIMI », q… xxxui, a. iii, ad 3, Ces ! a dire est une

prière publique.

Non, la prière privée n’est [.as inutile : La prière liturgique, dit don, Ryelandt, est essentiellement une forme de prière collective et sociale qui, toute belle et sainte qu’elle est, ne pourra jamais se substituer totalement au besoin de vie intérieure Personnelle qu’éprouvent les Anus que Dieu attire à lui. Pour tous ceux qui ressent eut soit le besoin de se former des convictions senties et intimes sur les vérités de a foi. soit le besoin de prier en silence. … il faut qu en dehors des devoirs du culte officiel ils se réservent un temps pour prier en privé et méditer. Quelle que soit la beauté des textes des psaumes et des prières itUTgi nues, la méditation et l’oraison en privé gardent n. an moins leur place essentielle en toute vie intérieure normale.. Cité par don, G. I.cfebvre, LttUTfltV P- 184 rf Prière liturgique et vie chrétienne, p. 1 J8 : M en, i comme en fait’, dans toute vie chrétienne, à côté de la prière liturgique, il v a donc place pour la prière privée.

Non. la prière privée, personnelle. Individuelle, vo.re individualiste, n’est pas nécessairement une prière protestante, fondée sur la négation du dogme de l’E-lise. de la nécessité d’appartenir à l Eglise, de passer par l’Église pour atteindre Dieu. Ne nous la>s sons pas Influencer par les conceptions sociologiques à la Durkhelm pour nous représenter Us rapports de l’individu avec la société dans l’Église : pierres vivantes du temple « le Dieu, nous restons des personnes qui peuvent entretenir avec Dieu des rapports personnels Dieu nous connaît chacun par notre nom ; nous, h sommes pas des êtres anonymes dont l’ensemble formerait l’Église, comme les gouttes d’eau rassemblées, agglutinées, forment l’océan. Dilexit me et tradldit temetipsum pro me. - j’ai versé telle goutte de sang pour toi.. Pourquoi faut-il qu’on soit oblige d insister aujourd’hui sur « les vérités si élémentaires’Cf. do ». Lefebvre, Lilurgia, p. 186.

1 Quelques formes particulières de la prière. a) L’oraison jaculatoire. « Ces prières, dit Landriot, op cit l n p 236, consistent en de fréquents élancements de cœur vers Dieu ; tantôt ce sont des traits invisibles qui sortent, sans être aperçus, des profon deurs de l’âme ; tantôt ce sont des jets du cœur qui s’élancent sous la forme de paroles ardentes » Donc l’oraison jaculatoire présente deux variétés : le soupir, 1’. aspiration. sans parole précise d une part, et, d’autre part, la courte invocation formulée, . Mon Dieu ! ». Jésus 1° Deus meus et omnia, etc. C est plus particulièrement à ces courtes invocations qu on a donné le nom d’oraisons jaculatoires, sans doute d’après le mot de saint Augustin qui rapporte ce qu on disait des solitaires de la Théba.de : Dicuntur /ratres in.Kqupto crebras quidem habere oraliones, sed cas U.men brevissimas, et raptim quodammod » p.culalas. Epist., « xx, n. 20, P. L., t. xxxiii, col.501. Sur la nature des cent mille. aspirations quotidiennes d. P. William I lovle, voir L. de Grandmaison Rev. d ascét eldemijst.. 1021, p. 132-137 ; cf. ibid., 1926 p. note On a fait des recueils d’oraisons jaculatoires ;. L de Grandmaison, ibid., 1921. p. 137- note, signal. celui du cardinal Jean Bona. dans l’édition Lehmkuhl. Opwculaascettca selecta Joannis card. Bona, Ir.bourgen-B 1911, p. 281-378 ; H. Bremond, Hi « f. Idt…, t. x, n 340 celui de Baker, Devout exercices of immédiate aei » and affection » of the will, une centaine de pages, . Bremond relève la formule employée par Baker pour caractériser la nature des oraisons jaculatoires : u

ces quelques mots (dont elles se composent) se tradm raient non pas des nol ions, mais, comme dit l laker, des acte » immédiat » de la volonté. - En d’autres termes, les

Oraisons jaculatoires formulées se ramèneraient aux aspirations non formulées Nul auteur na peut etr, mieux parlé que lïnelon SUT ce sujet. remarque

Landriot, ibid., p. 239, note, qui cite Le christianum présenti aux gen » du monde.

bl Le monosyllabe. Nous faisons allusion aux

conseils donnes’par l’auteur du N nage de nneonnau Uine » a -eux qui Veulent se livrer a la contemplation.

c’est-à-dire à une aspiration une et pure vers Dieu : cf. Rev. d’ascét. et de mysliq., 1926, p. 191 199. Le contemplatif ne doit penser en particulier a aucun.es attributs de Dieu, mais fixer sa pensée sur son être Simple et nu ; pour cela, écartant de sou esprit tous les autres mots qu’on peut appliquer a Dieu, il se livrera a l’aveugle et amoureuse considérai i » n de ce

m0 l ii, ..sr. « Que s’il te plaît, dit l’auteur au candidat i i :, contemplation, d’envelopper et de resserrer cette

application de la volonté en un mot. afin de la retenir plus facilement, choisis un mot court et d’une seule syllabe ; il vaudra mieux que S’il en a deux, car. plus il

est court, mieux il convient a l’opération de i esprit. Ce

sera par exemple, le mol Dieu OU le mot love ( amour). ( hoisiS celui que lu w-ux. ceux la ou d’autres. « —, lii, que tu préfères parmi les mots d’une syllabe, et hxclc

dans ton cœur de sorte qu’il ne s’en éloigne pour rien au monde i Le nuage de Vinconnaii iii, tred.

NœUnger, Tours, 1925, p. 90. Pour ce qui te concerne.

|e ne vois pas d’inconvénient que tu n’aies plus aujourd’hui d’autres méditations sur ta misère OU sur la bonté de Dieu, sinon celles que tu peux tirer de ce mot

sin t péché) ou de ce mol Dieu, ou de tout autre mot

analogue a ta convenance. Mais il ne faut ni diviser m analyser curieusement ces mots en considérant leurs propriétés… Prends au contraire ces mots comme un tout. Dans celui de sin, vois un bloc pesant, lu ne sais quoi, quelque chose qui ne diffère pas de toi même, i ll’id.. C xxxvi. p. 163-164.

Même procède pour la prière : les contemplai ifs. si alors ils se servent de paroles, ce qui est rare, ils > emploient fort peu de mots. et. moins, 1s en Usent, mieux ils s’en trouvent. Oui. et un mot duru syllabe est préférable à un mot de deux OU plus, pour cette œuvre qui est celle de l’esprit ; car c’est dans la fine et suprême pointe de l’esprit que devrait toujours se maintenir ce ni qui veut s’livrer parfaitement.