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PRIÈRE PUBLIQUE ET PRIÈRE PRIVÉE


qu’il soit, de telle sorte qu’elle puisse être aperçue ; mais c’est là, ajoute-t-il, une « dénomination tout extrinsèque et accidentelle » ; cette circonstance ne confère pas à la prière quelque propriété spécifique.

Pour être complet, signalons la conception de la prière publique qu’on pourrait dégager des pages oratoires que lui consacre Landriot, op. cit., t. ii, p. 224234 ; elle ne s’accorde tout à fait avec aucune des conceptions que nous venons de mentionner, mais elle pourrait bien être la véritable notion de la prière publique. Il s’agit de la prière ou du culte divin célébré en commun par rassemblée « 1rs fidèles d’une ville ou d’une paroisse, sous la présidence de l’évêque ou de prêtres, qu’il s’agisse de la messe ou d’autres olfices ; c’est la prière de l’assemblée, de l’ « Église locale, que la liturgie viendra régler, ordonner, uniformiser dans une certaine mesure, mais qui pourra aussi déborder le cadre liturgique. Entre la prière publique ainsi entendue et la prière privée, individuelle, on pourrait placer la prière semi-publique, celle qui serait célébrée en commun par des groupements religieux plus restreints, à côté ou à l’intérieur du groupement paroissial, eommunautes religieuses, confréries, collèges, séminaires, familles.

Nous réserverons donc le nom de prière privée a la prière individuelle, » celle que chacun offre en son nom propre, pour soi-même ou pour aul rui, dit saint Thomas, loc. cit., et qui n’est pas dite en commun, ajoute rons-nous. Remarquons d’ailleurs que la prière privée ou individuelle peut et doit accompagner la prière publique OU commune : le prêtre, à la messe, au hic viaire, en même temps qu’il prie comme prêtre, c’( dire au nom de l’Église, doit prier aussi en son nom ; les entiments que l’Église le charge d’exprimer à l Heu en son nom, à elle, il doit évidemment chercher à les res sentir en son propre cour et à les exprimer à M’en

d’abord en son nom, à lui. Il arrivera même bien son vent qu’une prière dite en commun par une assemblée.

un groupement religieux quelconque, ne sera pas. a

vrai dire, une prière commune, niais la juxtaposition de prières individuelles simultanées ; même en récitant ensemble des prières qui s’expriment au pluriel, comme

le Pater noster, combien de fidèles, ou même de prêtres,

ne prient vraiment qu’en leur nom personnel et que POUF eux mêmes ! « Nous nous réunissons, c’est à-dire que nous nous plaçons les uns a côté des autres ; nos corps se louchent, mais nos ftmes sont solitaires…

Quel est celui d’ent rc nous qui pense a son frère quand

il prononce la grande parole (le la famille dispersée : Notre l’ère’.' i Landriot, "p. cil., p. 228. N’j a t il pas beaucoup de prêtres qui ne considèrent le hré iaire. ou même la messe, que comme une prière personnelle qui leur est imposée par l’Église, <>u que les fidèles leur demandent de dire à leur profil moyennant rétribu tion ?

Plusieurs questions se posent au sujet de la prière publique et de la prière privée : nous en traiterons

brièvement deux : celle de la supériorité de la prière

publique sur la prière privée, et celle de la légitimité de la prière privée à côté de la prière publique.

a) La prière publique est elle supérieure èi / « prière privée’.' Il s’agit tout à la lois de la prière publique telle que l’entendent saint Thomas et Suare/, d’une part, et telle que l’entend Landriot. d’autre part. I’est à (lire de la prière dile au nom de l’Église a personis légitime ad hoc deputatis (Code eau., n. 1256), et de la prière de l’Église locale, de la paroisse, des fidèles rassemblés autour de leur évèquc ou de leur prêtre pour la prière collective. « I.a prière collective l’emporte sur la prière individuelle en dignité et en efficacité. H. Hoornært, Liturgie ou contemplation, dans Études c<irm< : lit<iincs, avril 1932, p. 177. Et, sans doute, on doit en dire

nier, m : rui’.oi, . CA i HOL.

autant de la prière dite au nom de l’Église par ceux qu’elle a chargés de cet office. Et pourquoi cela ? On comprend que la prière commune de plusieurs personnes soit supérieure à la prière privée de l’une d’entre elles : une somme est évidemment supérieure a l’une de ses composantes, le tout est plus grand que la partie. .Mais si nous comparons la prière commune d’une assemblée peu fervente à la prière privée d’un saint, pourrons-nous dire encore que la première l’emporte sur la seconde en dignité et en efficacité ! Le bréviaire, la messe même d’un prêtre tiède, l’emportent-ils en dignité et en efficacité sur l’oraison, fût-ce même la simple oraison jaculatoire » d’un saint ?

A ces objections, les théologiens répondent : « Le fondement objectif de sa supcrini ite i de la prière publi que ou liturgique) sur la prière privée réside dans son caractère officiel. Elle est non seulement composée par l’Église…, mais dite et offerte en son nom par ceux qui sont chargé* de cette mission ; en elle, ce n’est pas un

membre de l’Église qui prie, c’est l’Église elle-mêmi qui prie, et qui, étant l’Épouse Immaculée et bien

aimée du Christ, confère a cet le prière une valeur san pareille et une force d’impétration en quelque sorteirrt sistible, exaudita pro sua reoerentia. Dans ce sens, on

parle de la prière liturgique comme de la Vox tponstt,

et on lui reconnaît, par de la la valeur qu’elle reçoit de la sainteté et de la piété de qui l.l récit. operantis miniulri, une valeur objective propre lui venant de l’Église au nom de laquelle elle est offerte, ci opère operato Ecclesiee operantis. MgrL. Kerkhofs, Prière liturgique ci prière priot’e, i ans prière htm

et vie ilir tienne, p. 135 ; cf. « loin l’ierrel. l.o prière litiir

gique, dans La vie spirituelle, I* » nov. 1932, p. in Nous n’avons pas à discuter Ici cette théorie de 1 i i pouse Immaculée do Chris !. distincte de la totallti

des individus qui composent, a chaque instant de la (lui ce. la société terres ! le qui s’appelle 1 I’holi

que romaine, (.’est donc au nom de cette Église ld<

mystique, que le ministre de l’Église terrestre, que chaque communauté de cette Église terrestre, offrent a Dieu la prière liturgique. Mais ce n’est pas <

assez dire : coin me le Christ et II Iglise, C’est tout un.

finalement la prière publique est une prière dite.m

nom du Christ, ou mieux encore (’est la prière même

du Christ. On comprend dès lors qu’elle remporte Infiniment sur toute prière privée, émanai elle du plus grand saint, en dignité et en efflcadti

En dignité et en efficacité, nous dit on. encore fau (Irait il savoir de quelle efficacité, de quelle valeur de la prière il B’agit. Quant a sa valeur ivluiciisi

d’hommage rendu a Dieu et a sa valeur Impétratoln si l’on admet le présupposé que la prière publique est la

prière même du Christ, on ne peut douter de la supi limite de la prière publique sur la prière privée Mais

en va I il de même s’il s’agit des autres valeurs de la prière, de sa valeur « unitive. c’est a due de son apti

t u de a nous recueillir en Dieu, a nous unira Dieu par la pensée et par l’amour, et de sa valeur moralisatrice, de sa valeur éducative ? La chose est discutable.

Parlons d’abord de sa valeur uuitivi ; la prière publique, c’est adiré la récitation ou le chant de

l’office divin par le prêtre isole on par un groupe de

prêtres, chapitre de cathédrale ou chu ur de moines.

ou l’assistance et la participation a la messe ou aux

vêpres paroissiales, la prière publique rivee a un texte

stéréotypé, astreinte a l’observation de règles multiples et minutieuses, la prière publique où les sens

assiégés des Impressions les plus diverses, est elle aussi favorable a la contemplai ion que la prière prl Il Semble bien que poser la question, c’est l.i résoudre

les désavantages, les Inconvénients de la prière vocale et de la prière stéréotypée, avoues par les théologiens et par les liturglstes. ainsi ( pie nous l’avons signalé,

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