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PIE III — Pli : IV. LE PONTIFE


ci iii, » ; iss. (trad. Furcy ftaynaud, t.iv, v, i pass.) ; Eubel, Hierarchia catholica Medii Moi, 2° éd., t. ii, Munster, 1911,

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É. Amann.

PIE IV, pape du 25 décembre 1559 au 9 dé-Cembre 1565. — I. L’homme, le pontife. — II. L’achèvement du concile de Trente. — III. Le complément de l’œuvre conciliaire. — IV. La réforme de l’Église.

— V. Les concessions disciplinaires à l’Allemagne.

I. L’homme, le pontife. — En haine des Caralïa et par réaction contre l’austère et sévère Paul IV, le conclave tenu du septembre au 25 décembre 1559 élut Gian-Angelo de Medici. L’Kspagne s’était opiniâtrement opposée au cardinal de Mantoue, Ercole Gonzaga, qui réunissait les aptitudes à la tiare, mais était l’ami de la France. Voir P. Herre, Papstthum und Papstwahl im Zeitalter Philipps IL, Leipzig, 1907, p. 33-05. Paul Manuce écrit du nouveau pape, amicus noster, qu’il est vir oplimus, egregie litteris excultus, bonorum artium patronus, ingénia miti. Epistolæ, édit. Kirchmann et Thomasi, 1098, p. 14 sq.

Gian-Angelo n’était pas le fils « d’un modeste fermier de l’État » (F. Mourret, Histoire de l’Église, t. v, p. 108), mais le cadet de quatorze enfants d’une famille milanaise appartenant à la noblesse moyenne, qui, jusqu’ici, s’était partagée entre l’art médical et la jurisprudence. Lui-même, jusqu’en 1520, hésita entre la médecine et le droit. Son père, partisan des Sforza, après la bataille de Marignan qui livra Milan aux Français (14 septembre 1515), fut ruiné, incarcéré et délivré de prison grâce à son ami Girolamo Morone. Le même Girolamo procura au jeune Angelo de Medici, sans ressource, une place libre au collège de Pavie. De là l’union étroite entre les deux familles et l’amitié de Gian-Angelo pour le futur cardinal Morone, de dix ans plus jeune que lui.

L’aîné de la famille, Gian-Giacomo de Medici, vrai type du condottiere de la Renaissance, à la vie aventureuse, mourut à temps pour permettre à son frère l’accès au souverain pontificat ; son mariage avec la belle-sœur de Pier-Luigi Farnèse, en le faisant entrer dans la famille de Paul III, avait assuré la fortune de Gian-Angelo, qui, depuis son arrivée à Rome en 1520, végétait dans les emplois inférieurs de la curie pontificale. Lent encore fut son avancement, car Paul III connaissait ses erreurs de jeunesse (il avait trois enfants naturels, deux filles et un garçon né vers 15 1 1 ; cf. Albèri, Le relazoni degli ambasciatori Veneti al Senato, t. x, Florence, 1857, p. 52, 95 ; les racontars malveillants sur sa vie privée continuèrent durant son pontificat ; cf. Pastor, Geschichte der Papste, t. vii, p. 04, n. 5) ; mais les charges qu’il remplit alors dans les États pontificaux ou en qualité de commissaire apostolique aux armées de Hongrie (1542-1543) et d’Allemagne (1540) développèrent son sens pratique, le mirent en relation avec le futur empereur Ferdinand, et lui firent connaître pays et gens. Le 14 décembre 1545, il fut enfin nommé archevêque de Raguse et, le 8 avril 1549, cardinal (Morone. l’était depuis 1542).

Jules III le fit son légat dans la guerre de Parme, puis préfet de la Signature de justice et de grâce. Les calmes années de la fin du règne convenaient à sa nature ; adhérent du parti impérial, il entretint de bons rapports avec les partisans de la France. La politique aventureuse de Paul IV contre l’Espagne, il la blâma ; et il ne dissimula point son attachement à l’empereur Ferdinand I er ; de là le mécontentement du pape qui tint le cardinal éloigné de Rome durant la plus grande partie de son pontificat. C’est de Foligno, où il était évêque depuis 1550, qu’il. se rendit au conclave qui devait l’élire. Cosme I er, qu’il avait fréquenté à Florence et aux bains de Lucques, ne

négligea rien pour assurer son choix, et il l’invita à prendre pour blason pontifical les armes de sa propre maison. Sa Béatitude, remarque l’ambassadeur Luigi Mocenigo, est très flattée qu’on le croie de la famille des Medici de Florence. Albèri, Relazoni degli ambasciatori Veneti, t. x, p. 51.

A peine fut-il élu que proches et neveux se souvinrent de leur parenté ; et lui, fidèle à la tradition des papes de la Renaissance, lit de son mieux pour pousser sa famille. En ceci, toutefois, il garda une modération dont ses prédécesseurs n’avaient pas toujours donné l’exemple ; tout en s’employant à l’avancement des siens, il ne leur concéda rien qui fût dommageable aux intérêts de l’Église. Des Serbelloni, l’aîné Gian-Antonio devint cardinal dès la première promotion (31 janvier 1500) ; Fabrizio, après diverses missions en Espagne, eut le commandement des troupes dans le comtat d’Avignon, et Gian-Battista celui du château Saint-Ange. Les trois Hohenembs (en italien, Altæmps ou Altemps), fils d’un riche seigneur du Vorarlberg et d’une sœur de Pie IV, Clara, qui avaient suivi la carrière des armes, reçurent diverses charges militaires dans les États pontificaux, à l’exception du cadet, Marx Sittich, lequel devint cardinal à 27 ans (20 février 1501), évêque de Cassano, prince-évêque de Constance (octobre 1501) et cinquième légat au concile de Trente (10 novembre 1501), jusqu’à ce que l’arrivée à Trente du cardinal de Lorraine eût conseillé au pape la prudence. « Sa Sainteté, écrit Borromée au président du concile, le 3 janvier 1503, ne l’a pas envoyé à Trente comme théologien ou savant, mais seulement comme son neveu et parce que son origine germanique pouvait être de quelque utilité pour la cause publique. Maintenant, Elle craint, s’il reste à Trente, que Lorraine, ou quelque autre comme lui, ne le couvre de confusion en le traitant d’ignorant. » Navagero le remplaça le 7 mars 1503. Déjà gouverneur de Fermo (janvier 1502), Altemps devint légat d’Avignon, de la Marche d’Ancône, archiprêtre de Saint— Jean du Latran. Voir l’art. Altemps du Dictionnaire d’hist. et de géogr. ecclésiastiques.

Mais le plus clair des faveurs du pape, comme de sa sympathie, allait aux fils de sa sœur Margherita et du comte Giberto Borromeo. Le mariage de Camilla avec Cesare Gonzaga fit entrer les Borromée dans la maison princière de Mantoue, et plus tard, celui d’Anna dans la famille des Colonna. Pour l’aîné, Federigo « capitaine des troupes de l’Église romaine », Pie IV rêvait quelque principauté dans le Milanais ou le royaume de Naples, aux dépens des Farnèse, qui intriguèrent avec succès auprès de Philippe II afin de parer le coup. Sans retard, il le marie avec la fille du duc d’Urbin, Virginia délia Rovere, et le pourvoit du fief pontifical de Camerino. Quand une mort prématurée eut ruiné ses espoirs (19 novembre 1502), il songe à le remplacer par son frère, Carlo, qui abandonnerait l’état ecclésiastique pour se marier, comme, plus tard, Ferdinand de Medici devait échanger la pourpre pour le trône de Florence. Mais celui qui devint saint Charles Borromée, après mure réflexion et sur l’avis du jésuite Ribera, se fit donner les ordres majeurs et la prêtrise à Sainte-Marie-Majeure, puis célébra sa première messe le. 15 août 1503. Comme son oncle était aussi peu satisfait de cette détermination que le reste de sa famille : « Très Saint-Père, déclara-t-il, ne me faites point de reproche ; j’ai pris l’épouse que depuis longtemps je désirais. » G.-P. Giussano, Vita di S. Carlo Borromeo, Rome, 1010, p. 21. Cardinal de la première promotion de Pie IV (31 janvier 1500), entouré" d’une famille cardinalice imposante et d’une nombreuse domesticité (vingt palefreniers), pourvu de trois légations, archiprêtre de Sainte-Marie-Majeure et grand pénitencier, protecteur de pays, de villes et d’ordres, archevêque