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PIE II. ŒUVRES

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se retrouve tout entier dans son œuvre ; c’est dire que, au point de vue de l’objectivité, il est loin d’être un modèle. Même quand il s’essaie à faire de l’histoire, il n’a presque rien d’un historien : le goût de l’histoire ne supplée pas le sens historique. Mais quand on prend son œuvre pour ce qu’elle est, on la trouve profondément attachante, parce qu’on y prend contact avec un homme très cultivé, très ouvert, doué d’un esprit subtil, d’une imagination vive et d’une âme vibrante.

Nous n’avons pas d’édition complète et moderne de Pie II. Les Opéra quæ exstant omnia, publiés à Bâle, datent de 1551 et de 1571. Des œuvres importantes y font défaut. Les lettres, au nombre de 414, occupent près de la moitié du volume.

Les lettres ont été imprimées fréquemment à part. Elles ont paru à Strasbourg en 1475-1476, à Cologne en 1478, à Milan en 1481 (Hain, n. 169) et 1486 (Hain, n. 170), en 1496, en 1506, etc. Fea y a ajouté une lettre de rétractation au recteur de l’université de Cologne, 13 août 1447, dans Pius II a calumniis vindicatus, Rome, 1823, p. 148-164. Anton Weiss en a publié 149 inédites tirées du ms. 338 !) de. la bibliothèque impériale de Vienne, dans son Mneas Sylvius’Piccolomini als Papst Pius II, Graz, 1897. Pastor en a donné ou analysé d’autres, inédites aussi, en appendice à sa Geschichte der Pâpste, t. ii, Fribourg, 1904, n. 4-26, 29, 30, 34, 36-40, 45, 46, 48, 50, 54, 60, 61, 63. Toutes ces publications doivent céder le pas à celle, plus complète et très soignée, de Rudolf Wolkan, Der BriefLvechsel des Eneas Silvius Piccolomini, dans Fontes rerum Austriacarum, Vienne, 1912, t. lxi, lxii, lxvii.

Les discours ont été réunis par Mansi : PU II Orationes politicæ et ecclesiasticæ, 3 vol., Lucques, 17551759. Il faut y ajouter J. Haller, Eine Rede des Enea Silvio Piccolomini vor dem Baseler Konzilium, dans Quellen u. Forschungen aus italienischen Archiven, t. iii, Rome, 1900.

Étant secrétaire de Félix V, /Eneas a raconté ce qui s’est passé au concile de Bâle, entre le mois d’octobre 1438 et le mois de juillet 1440. C’est l’ouvrage auquel on a donné le nom d’Historiée concilii Basiliensis libri III, et que l’on a intitulé aussi De gestis Basiliensis concilii. En réalité, le t. II, où il devait être question d’Eugène IV, a été perdu. Dans certaines éditions, par exemple celle de Leipzig, 1791, il a été remplacé par une lettre du 13 août 1440, dans laquelle /Eneas décrit à Jean de Ségovie le couronnement de Félix V. Le De gestis, qui trahit fortement les sentiments de l’auteur à l’époque où il a été composé, présente en même temps l’intérêt d’un témoignage direct. Il a été publié à Bàle en 1515, à Cologne en 1535, dans le Fasciculus rerum expetendarum, de nouveau à Bàle, dans les Opéra omnia, à Cattopoli en 1667, à Francfort et Leipzig en 1791, etc. Voir, sur sa valeur, l’étude de Birck, Enea Silvio de’Piccolomini als Geschichtsschreiber des Baseler Konzils, dans Theologische Quartalschrijt, t.. lxxvi, fasc. 4, Tubingue, 1894.

Plus tard, pendant qu’il était évêque de Trieste, /Eneas a écrit une œuvre qui est une sorte de rétracta-’tion de la précédente, où il juge les faits, cette fois, du point de vue pontifical. C’est le Commentarius de rébus Basileæ gestis. Ce commentaire, publié pour la première fois par Catalani, à Fermo, en 1803, a été reproduit dans Fea, Pius II a calumniis vindicatus, Rome, 1823.

Il faut en rapprocher un écrit de plus large envergure composé par Pie II durant son pontificat : les Commentarii rerum mirabilium quæ temporibus suis, prsesertim in Italia, contigerunt (1405-1463). C’est d’abord, dans le t. I, un résumé de la vie de l’auteur avant son pontificat, puis c’est une sorte de journal auquel Pie II travaillait sans relâche, notant presque au jour le jour les faits importants et ses propres ini tiatives, en les entourant de commentaires qui reflètent ses desseins, ses jugements et ses impressions personnelles. L’ouvrage a été retouché, par ordre de Pie II, par son fidèle Jean-Antoine Campano, évêque de Teramo, divisé par celui-ci en douze livres, et augmenté d’une préface. L’Allemand Jean Gobellin en prit copie et le texte fut publié à Rome, en 1584, par François Bandini, archevêque de Sienne, sous le nom du copiste. Cette édition fut reproduite à Rome, en 1589, et à Francfort, en 1614. Campano ne connaissait que douze livres ; Platina parle d’un treizième. Celui-ci a été publié par Voigt, Enea Silvio de’Piccolomini als Papst Pius der Zweile, t. ii, p. 359-377. Giuseppe Lesca a donné plus récemment une nouvelle édition du I er livre, / Commentarii rerum mirabilium quæ temporibus suis contigerunt d’Enea Silvio de’Piccolomini, Pise, 1893.

Étant à Bâle, vers 1440,.Eneas écrivit, pour défendre les idées conciliaires, des dialogues dont la scène se passe aux environs de la ville, sur les bords du Bhin. Les personnages sont, outre l’auteur, le poète français Martin Lefranc, Etienne de Caccia de Novare et Nicolas de Cuse. Le but est de gagner ce dernier à la cause d’Amédée de Savoie. Ce Libellus dialogorum de generalis concilii auctoritate et gestis Basiliensium, dédié à l’université de Cologne, a été publié dans Kollarius, Analecta monumentorum omnis sévi V indobonensia, t. ii, Vienne, 1762, p. 685-790. Pie II a rétracté les idées qu’il y soutenait par sa bulle du 26 avril 1463, In minoribus agentes, dans Bullar. de Turin, t. v, p. 173-180.

Son long séjour à la curie impériale et les missions dont il fut chargé à cette époque furent pour lui l’occasion d’écrire une Historia Friderici III imperatoris, qui fut publiée d’abord en 1685, mais mieux dans Kollarius, op. cit., p. 1-475. Voir sur elle, V. Bayer, Die Historia Friderici III imperatoris des Enea Silvio de’Piccolomini. Eine kritische Studie zur Geschichte Kaiser Friedrichs III., Prague, 1872. Il fit aussi, à cette époque, un long récit de la diète de Ratisbonne où il joua un rôle si important. Historia de Ratisbonensi dicta 1454, dans Mansi, PU // orationes politicæ et eccfesiasticæ, t. iii, Lucques, 1759, p. 1-85. Enfin, il commença sans doute dès lors à rassembler des matériaux pour l’histoire de la Bohême qu’il poussa jusqu’à l’année 1458. Historia Bohemica, seu de Bohemorum origine ac gestis historia ab an. 894-1458, publiée à Rome en 1475, à Strasbourg en 1490, à Venise en 1503, à Prague en 1766, etc. Une traduction en tchèque a paru à Prague dès 1510.

Citons encore, comme œuvre se rapportant à l’histoire, un De viris illustribus seu de viris œtate sua claris, que l’on trouve dans Mansi, Orat., t. iii, append., p. 144-213, ou plus complet dans l’édition qui en a été donnée à Stuttgart en 1842 ; et comme écrits importants, le Pentalogus de rébus Ecclesiee et imperii, que nous avons plusieurs fois cité, et qui a trouvé place dans le Thésaurus anecdotorum novissimus, de Bernard Pez, t. iv, 3e part., Augsbourg, 1723, p. 639-744 ; puis le Dialogus de potestate Sedis apostolicæ, où il disserte contre Laurent Valla sur la donation de Constantin. Publié à Rome en 1475, ce dialogue a été imprimé aussi dans Mansi, op. cit., p. 85.

Pie II, poète, ami de la nature et observateur perspicace des mœurs, avait beaucoup joui des voyages au cours desquels il avait parcouru presque toute l’Europe. Il rêva, étant cardinal, d’écrire une Cosmographie ou description du monde connu de son temps, où il ferait d’ailleurs sa place à l’histoire. Malheureusement, il commença par l’Asie, vers laquelle sa curiosité était attirée davantage et sur laquelle il lui était facile de recueillir de nombreux témoignages. La partie concernant l’Europe est restée inachevée ; il y est surtout question de l’Allemagne. Telle quelle, cette Cosmogra-