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PIE II. ŒUVRES

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n. 6321). Pie II nomma, pour les étudier, une commission dans laquelle figurait saint Antonin ; mais les résistances rencontrées déjà par ailleurs dans les pays chrétiens, et les soucis causés par le progrès de l’invasion musulmane, paralysèrent la bonne volonté du pape. Il dut se contenter de réalisations partielles, et son plan général, entrepris enfin au cours de l’été 1464, demeura à l’état d’esquisse. Résumé dans Pastor, Gesch. der Pâpste, t. ii, append. n. 62 a.

Nous ne pouvons qu’indiquer ici les actes principaux dePie llconcernant le clergé séculier : préséance rendue aux évêques sur les protonotaires et serment imposé aux référendaires apostoliques de ne pas accepter de présents, Bullarium de Turin, t. v, p. 152-153. Visite et réforme des pénitenciers de Saint-Pierre, de Saint-Jean de Latran et de Sainte-Marie-.Majeure, Bullarium vaticanum, t. ii, p. 162-163. Rappel des règles canoniques concernant l’octroi des ordres sacrés, Bull, de Turin, t. v, p. 165-166. Instructions données à Pierre Boshan pour la réforme du clergé Scandinave, Reg. valic.’>1V, fol. 27. Bulles pour la réforme du clergé d’Aragon, dans Raynaldi, ann. 1465, n. 21, et du diocèse de Valence. Reg. valic. 493, fol. 9. Déposition de l’évêque de Bénévent, admonestations au cardinal Rodrigue Borgia. etc.

Concernant les ordres religieux : appui donné à l’activité réformatrice de la congrégation de Sainte-Justine de Padoue en Italie, Bullar. Casin., t. i, p. 90 ; t. n. p. 353, 355 ; de la congrégation de Bursfeld en Allemagne. Leuckfeld, Antiquilates Bursfeldenses, Leipzig. 1713, p. 1 60 ; L". Berlière, Les origines de la congrégation de Bursfeld, dans Mélanges d’histoire bénédictine. Maredsous, 1897-1902 ; des olivétains, Bull, de Turin, t. v. p. 169-172 ; de l’ordre franciscain de la stricte observance. Wadding, Annales ordinis minorum. Rome, 1735, passim ; de Jean Soreth, général de l’ordre du Carmel, Bullar. carmelit., p. 262-263 ; de Thierry, archevêque de Trêves, etc. Déposition du général des dominicains, Martial Auribelle, Cugnoni, JEnex Sylvii Piccolomini opéra inedita, p. 224. Bulle défendant aux membres des ordres mendiants de se soustraire à la juridiction de leurs supérieurs sous prétexte d’études, Bullar. de Turin, t. v, p. 143. Actes multiples concernant la réforme des monastères de l’ordre de Vallombreuse, Reg. valic. Ô18, fol. 162, des humiliâtes à Venise, des dominicains à Forli et à Reggio, des carmes à Brescia. Pastor, Gesch. der Papste, t. ii, p. 264 : sans parler des prémontrés de Bavière et des dominicains des Pays-Bas. Tout cela suint amplement à montrer que si Pie II ne réalisa pas la grande réforme souhaitée, il y travailla néanmoins avec un zèle incessant et accomplit sans doute tout ce qu’il lui était possible de faire à l’époque troublée où il vivait. Au point de vue social, il faut noter à son actif ses interventions en faveur des juifs qu’il défendit de baptiser contre leur gré, ou de contraindre à travailler le jour du sabbat, et en faveur des nègres que, trop souvent, les chrétiens réduisaient en esclavage, bulle dans Raynaldi, an. 1402, n. 42 ; les mesures qu’il prit pour le rachat des chrétiens tombés aux mains des Turcs, Reg. valic 479. fol. 316 ; la lutte contre l’usure poursuivie activement sous son pontificat par les franciscains de l’Observance et la multiplication des monts-de-piété.

4. Le culte.

Pie II aimait la splendeur des cérémonies religieuses. Plusieurs fois, on le vit présider des manifestations magnifiques qu’il n’a pas dédaigné de décrire lui-même dans ses Commentaires. Ainsi, la ! cérémonie de la translation du chef de saint André, du ! Ponte Molle ; i Sainte-Marie-du-Peuple, Commentarii, I’. 1 93 sq., ou la grande procession du saint sacrement, à Viterbe, le jour de la Fête-Dieu, en 1462, ibid., p. 208 sq.

Une seule canonisation fut célébrée pendant son pontificat : celle de sa sainte compatriote, Catherine de Sienne. Bulle du 29 avril 1461, dans Bullar. de Turin, t. v. p. 159-165. Malgré la voix populaire et les efforts de ses amis, les franciscains de l’Observance, i ! refusa de canoniser Jean Capistran.et l’ardent prédicateur ne connaîtra l’honneur des autels que deux siècles plus tard, sous Alexandre VIII.

5. Les lettres, les sciences et les arts. —.Lucas Sylvius peut être considéré comme un des grands animateurs de la Renaissance. Admirateur passionné de l’antiquité, fouilleur de bibliothèques, écrivain amoureux de la forme, il eut au concile de Bàle un rôle analogue à celui qu’avait joué le Pogge à Constance. Le futur secrétaire du roi Henri VI, Adam Mulin, avec lequel il resta en correspondance, lui doit d’avoir été « peut-être le premier Anglais qui ait su écrire une lettre ornée de citations classiques ». A la chancellerie de Vienne, il se fit, « à proprement parler, l’apôtre de l’humanisme » ; et il déploya de louables efforts pour pousser l’empereur et les princes allemands à se faire les protecteurs des lettres, plutôt que de s’occuper de chevaux et de chiens. Voigt, Die W iederbelebung des klassischen Altertums, Berlin, 1859, p. 371-378. Les humanistes italiens se réjouirent bruyamment de le voir succéder à Calixte III. Ils espéraient le voir reprendre les faveurs et les libéralités de Nicolas V. Ils durent bientôt déchanter, soit que le nouveau pape, fin lettré lui-même, fût difficile à satisfaire, soit qu’il fût plus sévère sur le chapitre de la moralité, soit enfin qu’il ait refusé de. consacrer au superflu des sommes jugées nécessaires ailleurs.

On le vit cependant charger François d’Arezzo de poursuivre la traduction de l’Iliade commencée par Laurent Valla et d’y ajouter celle de l’Odyssée ; admettre au collège des abréviateurs Barthélémy Platina, auteur d’un ouvrage bien connu sur la vie et les gestes des papes ; encourager Flavio Biondo, dont la Roma triumphans retraçait les fastes de la Rome antique ; favoriser les Patrizzi et Antoine Campano, son poète de cour, dont il a inséré quelques pièces de vers dans ses Commentaires, p. 135, 137, 186, 197, 205, 217.

Les ruines procuraient à Pie II « une noble jouissance » ; il défendit de les détruire et veilla à la conservation des édifices anciens présentant quelque intérêt. Bulle, dans Theiner, Codex diplomaticus, t. iii, p. 222223. Par ses ordres, les murailles de Rome et plusieurs églises furent restaurées ; il fit construire à Saint-Pierre la tribune à laquelle travailla Mino da Fiesole et l’élégante chapelle Saint-André ; il commanda à Paul Romain et Isaïe de Pise la châsse qu’il destinait à recevoir le chef de l’Apôtre. Mais c’est à Sienne surtout et à Corsignano qu’il fournit du travail aux architectes et aux sculpteurs. Le principal monument qui lui soit dû est la cathédrale de son village natal dont il fit une ville et qu’il érigea en évêché sous le nom de Pienza. Huile du 13 août 1462, dans Bullar. de Turin, t. v, p. 166-161°. L’édifice, bâti par Bernard de Florence, peut-être Rossellino, et admirablement meublé, fut consacré par Pie II en 1462. Cf. Commentarii. p. 131, 235 ; E. Muntz, Les arts à la cour des papes, t. iii, p. 220 sq.

III. Les œuvres de Pie IL — Pie II a laissé des poésies dont il n’y a pas lieu de parler ici, des discours, des lettres, des dialogues, des écrits historiques et géographiques, des mémoires. Son style, 1res soigné, est élégant, harmonieux et d’une belle latinité ; niais souvent un peu froid parce qu’on y sent de la convention. Bien fies pages, cependant. OÙ transparaît l’émotion, sont de vrais morceaux d’anthologie. On trouve chez lui des descriptions admirables, des cris déchirants, de puissants mouvements d’éloquence. Il aimait écrire et