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pu : il le pontificat


chœur de la cathédrale Saint-Cyriaque, le cœur* de Pie IL Son corps fut, transporté à Home, selon son désir, pour être enseveli dans la basilique vatieane, dans la chapelle qu’il avait fait construire, à gauche de l’entrée principale, pour recevoir le chef de l’apôtre saint André, apporté de Patras par Thomas Paléologue. Plus tard, quand on reconstruisit Saint-Pierre, son tombeau fut transféré à l’église Saint-André délia Valle ; et, en 1023, l’inscription qu’a publiée Rossi, Inscripliones christianae urbis Romse, t. ii, Rome, 1889, p. 421, fut remplacée par une autre, dont on trouve le texte dans Ciaconius, Vitæ et res gestæ puntificum, t. ii, Rome, 1677, p. 1027.

L’administration.

1. Le Sacré Collège. — Pie II

rencontra dans le Sacré Collège des défiances et des oppositions qui ne désarmèrent pas. Il eut beaucoup de difficultés à faire accepter de nouveaux cardinaux. Les choix qu’il fit furent généralement heureux, encore que les considérations de nationalité ou de famille n’y aient pas toujours été étrangères. La promotion du 5 mars 1460 comprenait cinq cardinaux, tous Italiens. Les plus remarquables étaient Ange Capranica, frère de Dominique, Alexandre Oliva, général des augustins, et Rernard Eroli, évêque de Spolète. Les deux autres étaient ses parents : Nicolas— Forteguerri, son cousin, homme d’épée plutôt que d’Église ; et François de’Todeschini-Piccolomini, son propre neveu. Il nomma en même temps in petto l’archevêque de Salzbourg, Burchard de Weissbriach, qui fut promu seulement le 31 mai 1462. La promotion du 18 décembre 1461 comprenait encore trois Italiens. : Jacques Ammanati, évêque de Pavie, futur continuateur des Commentaires de Pie II ; Barthélémy Rovarella, archevêque de Ravenne, et un jeune étudiant de vingt ans, Louis de Gonzague. A eux s’ajoutaient les Français Jean Jouffroy, évêque d’Arras, et le prince Louis d’Albret, ainsi que l’évêque d’Urgel, Jayme de Cardona.

2. Questions doctrinales.

Au point de vue doctrinal, trois actes importants marquent le pontificat de Pie II : la condamnation des erreurs de Zanini de Solcia, l’interdiction d’en appeler du pape au futur concile, et la défense de discuter la question de l’union hypostatique du sang versé par le Christ.

a) La lettre Cum sicut, du 14 novembre 1459, condamnant les erreurs de Zanini, se trouve dans Baronius, Annales ecclesiastici, édit. Theiner, Bar-le-Duc, 1864, ann. 1459, n. 31, et dans Du Plessis d’Argentré, Collectio judiciorum de novis erroribus, t. ii, Paris, 1755, p. 254 a. Il y en a des extraits dans les dernières éditions de Denzinger, Enchiridion, n. 3031, et dans le Thésaurus doctrines catholicæ, de F. Cavallera, n. 1468, 622, 793, 796, 799 a, 1125 b, 868, 796.

Les idées du chanoine de Bergame étaient aussi variées que fantaisistes. Le monde, disait-il. doit finir naturellement par l’embrasement de ses éléments, quand la chaleur solaire aura absorbé toute l’humidité de la terre et de l’air (prop. 1), et tous les chrétiens seront sauvés (prop. 2). Avant notre monde, Dieu en a créé un autre qui fut lui aussi peuplé d’hommes et de femmes, en sorte qu’Adam n’a pas été le premier homme (prop. 3). Si Jésus-Christ a souffert et est mort, ce n’est pas pour notre rédemption et par amour pour le genre humain, mais sous l’influence nécessitante des astres (prop. 4). Jésus, Moïse et Mahomet ont dirigé le monde selon leur bon plaisir (prop. 5). L’hostie consacrée ne contient pas l’humanité, mais seulement la divinité de Jésus (prop. G), fin dehors du mariage, la luxure n’est un péché que parce que les lois positives l’ont défendue, et elles ont eu tort : seule la prohibition ecclésiastique m’empêche d’admettre comme vraie l’opinion d’Épicure (prop. 7). S’emparer du bien d’autrui, même contre la volonté du propriétaire, n’est pas un péché mortel (prop. 8). Enfin, la loi

chrétienne prendra fin en faisant place à une autre, comme la loi de Moïse a pris fin par celle du Christ (prop. 9).’foutes ces propositions, dit le pape, ont été soutenues avec une audace sacrilège, contrairement aux dogmes des saints Pères ; mais leur auteur a renoncé ensuite spontanément à ces pernicieuses erreurs. L’abjuration avait été obtenue par Jacques de Brescia, O. P., et l’auditeur pontifical Bernard de Bosco. Zanini n’en fut pas moins condamné par Pie II à finir ses jours enfermé dans un monastère.

b) La bulle Execrabilis, du 17 janvier 1460, condamnant l’appel au futur concile, est aux Reg. vatie. 475, fol. 198, et 502, fol. 280. Elle a été publiée souvent. On la trouve dans les Commentarii de Pie II, p. 91-92 ; dans le Bullarium diplomatum… de Tomasetti, t. v, p. 149-150 ; dans le Magnum bullarium romanum, de Cherubini, 1. 1, p. 369 sq. ; dans Raynaldi, ad ann. 1 160, n. 35, etc. Denzinger en a donné un extrait, n. 717 (608), ainsi que Cavallera, n. 370, mais tous deux la rapportent à tort à l’année 1459. Sur la date, voir Pastor, Hist. des papes, trad. Furcv-Ravnaud, t. iii, p. 94, n. 1.

Pie II dénonce, dans cette bulle, 1’ « exécrable abus », autrefois inconnu, qui porte certains de ses contemporains à en appeler, du vicaire de Jésus-Christ — à qui il a été dit en la personne de saint Pierre « Pais mes brebis », et « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié aussi dans le ciel » — au futur concile. Voulant éliminer de l’Église « ce poison » qui tend à détruire son organisation, et veiller au salut du troupeau en écartant de la bergerie tout objet de scandale, il condamne ces provocations, les réprouve comme erronées et détestables, et décrète contre quiconque aura provoqué ou souscrit un appel de ce genre, l’excommunication majeure.

c) La bulle Inefjabilis summi providenlia Palris. du 1 er août 1464, défend à tous les dominicains et franciscains, jusqu’à décision du Saint-Siège, de discuter, prêcher ou parler sur la question de savoir si c’est une hérésie ou un péché d’admettre que le sang du Christ a été séparé de la divinité pendant les trois jours de la passion, ou de ne pas l’admettre. C’était la conclusion d’une querelle ouverte depuis plus de deux ans, à l’occasion d’un sermon du célèbre prédicateur franciscain. Jacques de La Marche, qui devait être canonisé par Benoît XIII.

Nous n’avons pas à raconter cette affaire : on la trouvera résumée à l’art. Jacques de Brescia. t. viii, col. 291. Ajoutons seulement aux références données là que la bulle Inefjabilis se trouve aussi dans le Bullarium diplomatum, de Turin, t. v, p. 180-182, et dans le Magnum bullarium romanum, t. i, p. 380, et que le passage principal a été reproduit non seulement dans Denzinger, n. 718 (609), mais dans Cavallera, Thésaurus, n. 787.

3. La réforme de. l’Église. — Réclamée depuis longtemps, toujours différée, la réforme de l’Église in capile et in membris, restait à l’ordre du jour. Avec tant d’autres, ^Eneas Sylvius et son ami, ’Nicolas de Cuse, l’avaient désirée à Bâle. Maintenant qu’ils étaient devenus, l’un pape, l’autre cardinal, le moment était venu de la réaliser. Ils y songèrent sérieusement et faillirent aboutir. Cuse, qui avait déployé dans sa légation en Allemagne sous Nicolas V, puis comme évêque de Brixen, de louables efforts pour la réforme, rédigea un projet audacieux, vaste et précis, applicable à la curie d’abord, puis à l’Église entière. Texte publié par Dùx, op. cit., t. ii, p. 451-466, et mieux par Stephan Ehses, Der Reformentwurf des Kdrd. Nie. v. Cues, dans Historisches Jahrbuch. t. xxxii, Munich, 1911. Un autre projet fut élaboré par Domenicho de’Domenichi. Publié à Brescia en 1495 (Hain, Repertorium,