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PIE I er (SAINT) — PI H II


sous le pape précédent, Hygin, Cont. hær., i, xxvii, 1, P. G., t. vii, col. <i « 7 : il a pu continuer sa propagande sous Pie ; en toul cas, Valentin est signalé comme présent dans la ville sous ce pape. Ibid., III, iv, 3, col. 856. C’est aussi le moment où le philosophe.Justin arrive à Rome et mène la lulte contre les hérétiques. La date obituaire de Pie I er est fixée au 1 1 juillet par les deux éditions du Liber pontiflcalis. Aucun des documents anciens ne dit qu’il ait été martyr.

Sources. — Saint Irénée, Cont. hæreses, F, xxvii, 1 ; III, m, 3 ; lettre à Victor, dans Knsèhe, Hist. ceci., V, xxiv, 14-16 ; Tertullien, Ado. Marcionem, i, 19 ; Eusèbe, Hist. eccl., IV, xi, 6, 7 ; Liber pontiflcalis, éd. Duchesne, t. i, p. 4, 16 sq., 58-59, 132-133 ; Jafté, Regesta pont, ronu, t. i, p. 7, 8.

Travaux. — Lipsius, Chronologie (1er rômischen Bischôfe, 1869 ; art. Pius I, dans Smith et Wace, .1 dictionarij of Christian biography, t. iv, 1887, p. 416-417.

É. Amann.

PIE II, pape du 19 août 1458 au 15 août 1464.— I. Avant le pontificat. II. Le pontificat. III. Les œuvres. I. Avant le pontificat.

Jeunesse et éludes.


/Eneas Silvius naquit le 18 octobre 1405, à Corsignano, près de Sienne. Son père. Silvio Piccolomini, issu d’une vieille et noble famille siennoise ou peut-être romaine, après avoir vu sa fortune dilapidée par ses tuteurs, était entré au service de Gian Galeazzo, à Milan, puis il avait épousé une descendante de la maison des Forteguerra, ruinée elle aussi, et s’était retiré avec elle dans un vieux domaine familial, à Corsignano, pour le mettre en valeur. Silvio était courageux, Vittoria était pieuse. Leur fils aîné, .Eneas, et ses deux sœurs, seuls survivants de leurs dix-huit enfants, se livraient avec eux aux travaux des champs. Entre temps, le jeune garçon apprit à lire et à écrire chez son curé, puis son père lui enseigna les éléments de la grammaire, et l’envoya, âgé de 18 ans, poursuivre ses études à Sienne. Tout en copiant des livres pour gagner sa vie, .Eneas suivit les leçons de grammaire d’Antoine d’Arezzo, celles de poésie et de rhétorique de Mathias Lupius et de Jean de Spolète, et s’assimila, par d’inlassables lectures, toute la littérature latine de l’antiquité et du Moyen Age, surtout les œuvres de Cicéron, de Virgile et de Tite-Live. Bientôt, il se mit à écrire des poésies légères, à l’imitation de Properce, et fut admis dans le cercle des humanistes Mariano Sozzini, Maffei Veggio et Hugo Benzi. Touché par les sermons de Bernardin de Sienne, il jura de se faire moine, mais ses amis le retinrent, et le saint lui-même, qu’il alla consulter à Rome, le détourna de son dessein.

Cédant aux instances de ses parents et pour avoir plus tard un gagne-pain, il se mit à l’étude du droit sous Pierre Peccius et Antonio de Rosellis, tout en continuant de cultiver les arts libéraux. Quelques années plus tard, il se rendit à Florence, attiré par la renommée de Filelfe, puis il visita les maîtres célèbres de Bologne et de Padoue. Mais l’étude du droit, où il avait fait rapidement de grands progrès, lui répugnait. L’éveil de sa passion pour Cinthia acheva de le rendre incapable de tout travail sérieux. Aussi, quand le savant Dominique Capranica traversa Sienne, au printemps de l’année 1432, pour se rendre au concile de Bâle, se décida-t-il facilement à le suivre comme secrétaire.

Premier séjour à Bâle.

Durant les premières

années de son séjour à Bâle, le jeune humaniste, toujours en quête de moyens d’existence, ne pouvait avoir qu’un rôle très effacé. Il vécut, en somme, dans le sillage de ses maîtres successifs, qu’il s’appliqua à servir fidèlement ; et l’on aurait tort de chercher, avec Voigt, dans ses interventions de commande, des indications sur ses opinions personnelles ou ses dispositions intimes. C’est à sa correspondance familière qu’il

faut demander, comme l’a fait Thea Buyken, des échos de ses idées et de ses sentiments pendant celle période. Capranica, créé cardinal par Martin V, mais non promu en consistoire, tenait avant tout à faire reconnaîlre son titre, contesté par Eugène IV. /Eneas, dont il fit son procureur, mena l’affaire rondement, requit du tribunal une citation contre le pape et obtint un jugement aux termes duquel son maître était reconnu « vrai cardinal de l’Église romaine ». Haller, Concil. Basil., t. ii, p. 190 ; Wolkan, Der Briefweclisel des Eneas Silvius Piccolomini, l K part., t. ii, p. 12, lettre du 1 er novembre 1432. Il passa ensuite au service de Nicolas Scaliger, évêque de Freising, qu’il accompagna à la diète de Francfort (octobre 1432) ; puis il devint le familier de l’évêque de Novare, Barthélémy Visconti, agent des intrigues du duc de Milan, l’adversaire-né du pape, et se fixa dès lors à la cour de Philippe-Marie. Pendant ce temps, une grave scission s’était produite dans le concile, et la situation s’était tendue à tel point qu’Eugène IV avait été sommé de comparaître dans les soixante jours sous peine de suspense. Voir Bale (Concile de), col. 120. Mais quelles que fussent ses préférences, .Eneas n’avait pas été amené à prendre position par un acte public. A en juger par ses confidences, après s’être laissé pénétrer par l’atmosphère d’enthousiasme qui régnait à Bâle au début du concile, il n’avait eu ensuite que désillusions et en était venu à prendre en dégoût le genre humain. Lettre du 5 décembre 1433 à la ville de Sienne, dans Wolkan, t. i, p. 24.

Barthélémy Visconti résidait habituellement à Milan et ne faisait à Bâle que des apparitions rares et brèves. Son secrétaire eut assez de loisirs pour se remettre à cultiver les muses. Mais, quand le pape, chassé de Rome par les mercenaires du duc, se fut réfugié à Florence et que Barthélémy eut été envoyé vers lui en négociateur, la situation tourna bientôt au tragique. L’évêque se laissa entraîner à comploter avec Nicolas Piccinino l’enlèvement d’Eugène IV. La police florentine découvrit la conspiration ; Barthélémy fut jeté en prison et /Eneas, qui avait été chargé de porter un message au condottiere, faillit subir le même sort à son retour de Sienne. Il ne dut son salut qu’à sa fuite dans une église. Le cardinal Albergati intervint en faveur de Barthélémy et s’attacha son secrétaire.

Albergati ayant été nommé par le pape plénipotentiaire au congrès d’Arras, /Eneas le suivit par Milan, Ripaille, Bâle, Cologne, Liège, Louvain, Tournai et Douai ; puis, quand la paix eut été signée entre le duc de Bourgogne et le roi Charles VII (21 septembre 1435), il fut envoyé en mission auprès du roi d’Ecosse. Après quoi, il rentra à Bâle où il resta, tandis qu’Albergati poursuivait sa route vers Florence. Il allait, cette fois, prendre au concile une place plus importante.

Deuxième séjour à Bâle.

On était au printemps

de 1436. Les décrets de réforme venaient d’être promulgués et la question qui passait au premier plan était celle du projet d’union avec l’Église grecque. /Eneas, secrétaire du cardinal de Saint-pierre-ès-Liens, Jean Cervantes, fut, avec l’appui de Cesarini, nommé scriptor et abbreviator du concile ; ce qui lui permit de siéger et de voter dans l’assemblée. Son premier grand discours, fut prononcé le 16 novembre. Mansi, Concil., t. xxx, col. 1094 sq. Très modéré de ton et respectueux pour la papauté, il conclut au choix de la ville de Pavie pour le futur concile d’union, selon le vœu du duc de Milan ; mais il n’eut d’autre effet que de mettre en évidence le talent de l’orateur, de lui valoir l’estime générale, et de lui mériter, de la part de Philippe-Marie, l’octroi de la prévôté de Saint-Laurent. Après avoir failli mourir à Milan, où il était allé prendre possession de son bénéfice, /Eneas fut chargé de prononcer devant les Pères du concile