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    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. SA CAUSE

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ment : Omnia opéra nosira operatus es in nobis ; Domine, 1s., xxvi, 12 ; Dominus omnium es, nec est qui résistât majestuti lux, Esther, xiii, 11 ; Domine, Iiex deorum et universæ potestatis…, transfer cor illiusf régis) in odium hostis noslri, ibid., xiv, 13 ; Conuertilque Deus spiritum régis in mansueludinem, ibid., xv, 11 ; Sicut divisiones aquarum, ita cor régis in manu Domini : quocumque voluerit inclinabit itlud, Prov., xxi, 1 ; Quasi lutuin figuli in manu ipsius… sic liomo in manus illius qui se jccil, Eccli., xxxiii, 13 ; Faciam ut in præccptis meisumbuletis, Ez., xxxvi, 27 ; Operatur in nobis Deus et velle et pcrficere, Phil., ri, 13, etc. Plusieurs de ces textes et d’autres semblables sont cités par le concile d’Orange (Denzingcr, n. 176-200), pour montrer que tout bien vient de Dieu et qu’aucun bien n’arrive sans qu’il l’ait efficacement voulu.

Non seulement ce fondement du principe de prédilection rappelé par le-concile de Thuzey est exprimé souvent dans l’Écriture, mais ce principe lui-même est équivalemment formulé par saint Paul : Quis enim te discernit ? Quid autem habes quod non accepisti ? I Cor., iv, 7 ; Non quod sufficienles simus cogitare aliquid a nobis, quasi ex nobis, sed sufficientia nostra ex Deo est. II Cor., iii, 5. Saint Paul trouve même le principe de prédilection exprimé dans l’Exode, xxxiii, 19 : Quid ergo dicemus ? Numquid iniquitas apud Deum ? Absit. Moysi enim dicil : Miserebor cujus misereor et misericordiam prœslabo cujus miserebor. Igitur non volenlis, ncque currentis, sed miserentis est Dei. Rom., ix, 15. On lit aussi dans les Psaumes : Salvum me fecit Dominus, quoniam voluit n^e, Ps., xvii, 20 ; Salus justorum a Domino, Ps., xxxvi, 39 ; Misericordiæ Domini, quia non sumus consumpti, Thren., iii, 22 ; et le salut temporel est l’image du salut éternel. On lit aussi dans Tobie. xiii, 15, ces admirables paroles qui annoncent ce que dira explicitement la plénitude de la révélation : Ipse Deus castigavit nos propler iniquilales nostras, ipse salvabit nos propler misericordiam suam.

Notre-Seigneur lui-même dit dans le même sens : Confiteor tibi Pater…, quia abscondisli hœc a sapienlibus et prudenlibus et revelasti ea parvulis. lia, Pater, quoniam sic fuit placitum anle te. Matth., xi, 25. D’après ce texte, les parvuli ont reçu plus de lumière et de secours, parce que tel a été le bon plaisir de Dieu, qui les a aimés davantage. De même, Notre-Seigneur dit à ses disciples : Nolile limere pusillus grex, quia complacuit Palri vestro dare vobis regnum. Luc, xii, 32. Des élus, Notre-Seigneur dit encore que personne ne peut les ravir de la main de son Père, Joa., x, 28 sq., ce qui signifie, sans allusion à la prévision des mérites clés élus, l’amour spécial du Père pour eux et le secours infailliblement efficace qu’il leur accordera pour les faire mériter jusqu’à la mort et pour les sauver. Nemo ex eis periit, nisi filius perditionis. Joa., xvii, 12.

Enfin, dans les épîtres de saint Paul se précisent les notions d’élection et de prédestination, et nous y trouvons des lumières nouvelles sur le motif de celleci. Paul écrit : Benedictus Deus et Pater Domini Noslri Jesu Christi, qui benedixit nos in omni benediclione spiriluali in arlestibus in Christo ; sicut elegit nos in ipso anle mundi constitutionem. ut essemus sancti et immæulati in conspeclu ejus in caritale ; qui prædeslinavil nos in adoplionem filiorum per Jesum Christum in ipsum, secundum proposilum voluntatis suie in laudem gloriee graliæ suæ, et, plus loin : In que (Christo) eliam et nos sorte vocali sumus, prædestinati secundum proposilum ejus, qui operatur omnia secundum consilium voluntatis suas. Eph., i, 3, 4, 11.

Ce texte, ainsi que l’ont remarqué avec les thomistes bien des théologiens comme Bellarmin et Suarez, contient trois assertions principales :

1. Dieu nous a choisis, elegit nos, non pas parce qu’il prévoyait que, si nous étions placés en telles circons tances, avec telle grâce suffisante, nous deviendrions saints plutôt que d’autres également aidés, mais pour que nous soyons saints, ut essemus sancti. — 2. Dieu nous a ainsi choisis et, par suite, prédestinés, secundum proposilum voluntatis sue, selon le dessein ou le décret de sa volonté, selon son bon plaisir, indiqué de nouveau au ꝟ. 11. Cela dans l’ordre d’intention, où la fin précède les moyens. — 3. In laudem gloriie graliæ suæ, pour que, dans l’ordre d’exécution, éclatât non pas la force du libre arbitre créé, mais la gloire de sa grâce divine, selon ce qui est dit, Rom., ix, 16 : Non volenlis, neque currentis, sed miserentis est Dei.

De plus, dans ces textes, il ne saurait être question seulement de la prédestination à la grâce, puisque celle-ci est commune aux élus et à bien des réprouvés. Il s’agit de la vraie prédestination, qui inclut le décret d’accorder non pas seulement la grâce de la justification, mais le don spécial de la persévérance finale, que nous ne pouvons à proprement parler mériter. Le concile de Trente cite à ce sujet, Rom., xiv, 4 : Potens est Deus eum qui slat slatuere, ut perseveranler slel et eum qui cadil reslituere, Denzinger, n. 806. Il rappelle aussi, ibid., ces paroles de Phil., ii, 12, 13 : Ilaque, carissimi mei…, eum m ?lu et tremore vestram salulem operamini. Deus est enim qui operatur in vobis et velle et perficere, pro bona voluntate.

Enfin, presque tous les théologiens qui ont admis la gratuité absolue de la prédestination au salut ont appuyé cette doctrine sur les c. viii, ix et xi de l’épître aux Romains, où saint Paul, parlant de la prédestination des gentils et de la réprobation des juifs, formule des principes généraux, qui s’appliquent manifestement, comme le remarque le P. Lagrange (Comm. sur l’épître aux Rom., c. ix), aux individus, d’après le principe que « Dieu opère en nous (en chacun de nous) le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ». Phil., ii, 13. Saint Paul du reste dit même, Rom., ix, 24 : ut oslenderel divitias gloriæ suæ in vasa misericordiæ quæ præparavit in gloriam. Quos et vocavil nos non solum ex judœis, sed eliam ex gentibus ; par où l’on voit qu’il pense non seulement aux peuples, mais aussi aux individus, qui deviendront, selon son expression (ibid.), des vases de gloire ou des vases d’ignominie. De même au c. viii, 30 : Quos prædeslinavil, hos vocavil… justificavit. .., glorificavit, vise les individus. Et nous avons vu que dans le verset qui précède : Quos præscivit et prœdeslinavil conformes fteri imaginis Filii sui…, le quos præscivit signifie ceux que d’avance il a regardés avec bienveillance, ce qui s’applique même aux enfants morts sitôt après le baptême, sans avoir eu le temps de mériter. Le quos præscivit ne signifie donc pas quorum mérita præscivit.

Quels sont donc les principes généraux que saint Paul formule ici au sujet de la prédestination ? Il la définit proposilum Dei, viii, 28 ; proposilum secundum eleclionem, ix, 11 ; secundum cleclionem graliæ, xi, 5, c’est-à-dire un propos ou résolution selon une élection gratuite, car il ajoute, xi, 6 : Si autem gratia, jam non ex operibus ; alioquin gratia jam non est gratia.,

Saint Paul y explique aussi les propriétés et les effets de la prédestination, viii, 28 : omnia cooperantur in bonum, Us qui secundum proposilum vocali sunt sancti. Et sitôt après, il énumère les trois effets de la prédestination : la vocation, la justification, la glorification, qui s’appliquent à proprement parler aux individus. Enfin, il montre son infaillible efficacité et attribue celle-ci non pas à l’effort de notre volonté, mais à la toute-puissance de Dieu : Si Deus pro nobis, quis contra nos ? viii, 31.

Quant à la cause de la prédestination, il ne la voit point dans la prescience de nos mérites, mais dans une miséricorde spéciale de Dieu : Miserebor cujus misereor et misericordiam præslabo cujus miserebor. ix, 15. D’où