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    1. PHOTIUS##


PHOTIUS. LE CONCILE DE 879

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ordonne donc de s’unir à la sainte Église et à leur patriarche Photius, c/uem pro Eccle.liae Dei pace et unitaie recepimus. Qu’ils ne cherchent pas à trouver des excuses dans des écritures composées sur ce sujet (actes du VIIIe concile ?) : ce que l’autorité a pu lier, elle peut aussi le délier. S’ils persévèrent, les schismatiques encourront l’excommunication. — Enfin, la 5e lettre, Jalïé, n.3275, qui ne figure qu’au registre, est adressée aux légats romains pour leur signifier la continuation de leurs pouvoirs et leur annoncer l’envoi d’instructions, commonitorium. Cette dernière pièce ne s’est pas conservée dans son texte latin original ; jusqu’à quel point le texte grec, qui figure, avec les signatures du synode romain où ces instructions furent arrêtées, aux actes grecs de la iiie session, est-il la réplique fidèle du texte primitif, c’est ce qu’il est impossible de dire. On serait curieux de savoir si le texte latin contenait l’annulation pure et simple du concile de 809. Le texte latin qu. ; figure dans la collection de Deusdedit est une traduction du grec. Cf. ci-dessus, col. 1554.

IV. LE CONCILE l’UOTlEN DE 8 79-880. — Quelle que soit la divergence entre la rédaction latine et la rédaction grecque des lettres pontificales que l’on vient d’étudier, de quelque manière que cette divergence doive s’expliquer, il ne saurait faire de doute que, en août 879, la pensée de Jean VIII était orientée dans le sens d’une reconnaissance définitive et inconditionnée de Photius. C’est ce qui ressort clairement de la lettre aux ignaciens, qui figure au registre. Tout ce courrier, d’ailleurs, supposait qu’un grand concile serait tenu à Constantinople qui remettrait toutes choses en état et rétablirait enfin, dans la capitale et le patriarcat, la paix religieuse depuis si longtemps troublée.

Renseignements sur le concile.

On a signalé ci-dessus,

col. 1553, la manière dont se pose le problème littéraire relatif aux actes du concile photien de 879880, tels qu’ils figurent depuis Hardouin dans les collections canoniques. Il faudrait bien aussi que l’on donnât une édition plus convenable de l’analyse sommaire qu’en fournit Jean Beccos et que Beveridge a reproduite dans son Synodicon sive Pandectie canonum. t. ii b, p. 273-305. De même conviendrait-il d’attacher plus d’importance qu’on ne l’a fait jusqu’à présent au procès— verbal abrégé que donne de cette assemblée la collection du cardinal Deusdedit.

Quoi qu’il en soit des différences qui se constatent entre ces textes, leur accord d’ensemble montre que l’hypothèse d’Allatius, suivant laquelle le concile n’aurait pas été tenu, est une pure fantaisie. L’authenticité générale des actes grecs doit être admise. Elle l’est actuellement pour ce qui concerne les cinq premières séances. On hésite encore au sujet de l’authenticité des actes des vie et viie séances ; celle-ci est rejetée par beaucoup de ceux qui admettent les cinq premières. Contre l’authenticité des actes qui racontent comment, à ces séances, fut repoussée l’addition Filioque au symbole, on a fait valoir des raisons inégalement concluantes. La première nous paraît extrêmement faible, elle fait état de la scolie qui se lit en marge du ms. dont Hardouin a tiré son édition, ci-dessus, col. 1554 ; on notera qu’elle ne figure pas au Vat. grsec. 1183. Cette scolie prouve seulement l’état d’esprit du copiste qui, au xive siècle, a rédigé cette note ; il conclut à l’inauthenticité des procès-verbaux, et même à l’inexistence des deux sessions non pour des raisons empruntées à des données de fait (comme serait l’absence de ces textes en d’autres mss., des discussions qui auraient eu lieu au sujet de l’inauthenticité), mais pour des motifs empruntés à la dialectique et aussi à la psychologie. Or, ceci nous paraît dénué de toute valeur. Mais, en définitive, les autres preuves que l’on apporte se

ramènent à celles-ci ; ce sont de pures conjectures qui, pour être formulées par les critiques et historiens d’aujourd’hui, ont exactement la même valeur que celles du scribe du xive siècle. Beaucoup plus importante serait l’argumentation qui se tire de la manière dont Jean Beccos parle de l’attitude de Photius au concile, spécialement en ce qui concerne Yaddilion. Ci-dessus, col. 1554. Mais, ici encore, tant que des textes plus précis n’auront pas été découverts, il conviendra de se tenir sur la réserve. Évitons de renouveler, à propos de ce concile photien. les exclusives que formulaient si aisément, contre les actes du concile de 680, les défenseurs à tout prix de la mémoire du pape Honorius. Voir l’art. Honorius I er, t. vii, col. 117 sq.

Autre chose est la question de la lettre Ojx’xyi’izli. Non ignoramus, attribuée à Jean VIII et félicitant Photius de son attitude dans l’affaire du Filioque. Jaffé, n. 3369. Au point de vue des critères externes, elle ne se présente pas du tout dans les mêmes conditions. Elle n’est pas, même sous une forme aberrante, au registre de Jean VIII ; dans les mss. qui donnent les vi « et viie sessions du concile, elle ne figure pas, ou n’est pas mise en relation avec celui-ci : elle n’est pas citée au concile : elle n’est pas citée par Photius dans la fameuse lettre à Jean d’Aquilée, ci-dessus, col. 1542 sq., ni dans la Mystagogie. L’auteur de ce faux n’est d’ailleurs pas Photius, et la pièce est d’origine beaucoup plus tardive. Elle apparaît pour la première fois, semble-t-il, dans le recueil de Panarétos. Voir son article, t. xi, col. 184L 2° Description sommaire du concile.

Les séances

du concile s’échelonnèrent de la mi-novembre au début de mars. L’épiscopat grec y était très largement représenté, puisqu’on y aurait compté jusqu’à 350 évêques. Bien que les légats romains aient figuré à toutes les séances, Photius ne laisse pas de jouer le rôle de président ; la présence du basileus et de ses fils n’est mentionnée qu’à la vie session. Comme le concile de 869-870, d’ailleurs, celui-ci est d’ordre purement disciplinaire, l’on pourrait dire personnel : il s’agit de réhabiliter Photius et de prononcer contre ses adversaires irréductibles de sévères condamnations.

Dès la première séance, Pierre, le chef de la légation romaine, déclare que le pape veut considérer Photius comme un frère ; les légats sont venus pour rétablir la paix religieuse, en contraignant les schismatiques, qui se réclament vainement de Rome, à revenir à l’unité. Et, pour témoigner des bonnes dispositions du pape à l’endroit du patriarche, les légats remettent à celui-ci les cadeaux de Jean VIII, l’étole, l’omophorion, la tunique, les sandales, signes non équivoques que la réhabilitation de Photius est d’ores et déjà chose faite.

— Toutefois, à la iie séance, où figuraient les représentants de Jérusalem et d’Alexandrie, il fallut bien parler des conditions mises par Jean VIII. Les lettres du pape au basileus et à Photius furent lues, cf. ci-dessus, col. 1588. Elles posaient comme première condition que Photius ferait la paix avec les dissidents qui se soumettraient ; le patriarche répondit qu’il fallait, sur ce point, s’arranger avec l’empereur qui avait exilé deux des ignaciens. Quant à la question bulgare, elle ne présentait aucune difficulté ; avant même l’injonction pontificale, Photius s’était abstenu de faire, en ce pays, acte de juridiction : il voulait la paix, peu lui’importait cette question de frontières. Restait à préciser la manière dont Photius avait été réinstallé. C’avait été, fut-il répondu, par le consentement des trois sièges patriarcaux d’Orient et par celui de l’épiscopat relevant de Constantinople. Et Photius d’insister sur le fait qu’il n’avait pas agi tyranniquement, et que, dans les dernières années d’Ignace, ses relations avaient été courtoises avec celui-ci. Le cardinal Pierre n’avait donc plus qu’à reconnaître officiellement Photius. Par leurs lettres ou leurs représentants, les