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    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. LE CONCILE DE THUZEY

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mis en vivant plus longtemps ; 2. le baptême ne les purifie pas du péché originel ; 3. prescience et prédestination sont une seule et même chose ; 4. les réprouvés sont prédestinés ad inleritum et ad peccalum, professent du moins quant au tond la quatrième. Ils se contentent de la déguiser, quarlum colore mutant, en disant prædestinalio ad inleritum, au lieu de prædeslinatio ad peccalum, mais c’est tout un. C. xv. La doctrine de l’unique prédestination est fortement appuyée par l’Écriture et les Pères, en particulier par V Hypomnesticon que Gotescale utilise de son côté. C. xv-xvii. Si l’on tient à parler d’une double prédestination, le seul sens acceptable de la seconde est celui-ci : Pœna prxdestinata est reprobis, sed non reprobi ad pœnam. C. xix, xx.

Le can. 2 de Quierzy est dirigé contre l’erreur qui nie le libre arbitre et qui affirme que Dieu inspire aux méchants leurs volontés mauvaises. Prudence, après l’avoir signé, a eu tort de le combattre.

Le can. 4 de Toul se tait sur les chapitres de Quierzy condamnés à Valence. Cette modification est insuffisante ou superflue. C. xxx. Hincmar ne veut pas se prononcer sur les 19 propositions de Scot jusqu’à plus ample information. Mais il blâme avec aigreur les sept règles sur la prédestination ajoutées au concile de Langres. C. xxxii. Avant comme après le Christ, c’est parla foi en Lui qu’on a été sauvé ; les Pères enseignent qu’il est mort pour tous, quoique tous ne soient pas passionis ejus mysterio redempli. Tous sont appelés au bonheur ; ceux qui n’y parviennent pas n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes. C. xxxiv. Le can. 5 de Toul, identique au can. 5 de Valence, sauf une citation scripturaire omise à Toul, ne saurait atteindre Hincmar. C’est Gotescalc, dans le Pittacium, qui soutient que ceux qui ne sont pas prédestinés à la vie n’obtiennent pas le pardon de leurs péchés. C. xxxv. Il faut condamner les modernes prédestinatiens, comra 1 on a condamné leurs précurseurs et punir ceux qui, après avoir professé l’orthodoxie, l’abandonnent. C. xxxvii. Le dernier chapitre, xxxviii, résume et conclut.

Cette rapide analyse ne donne pas une idée du ton, mais suffit à montrer combien vive était encore la controverse, même après la résolution prise en commun à Toul de chercher à s’entendre dans une prochaine réunion. Quiconque, déclarait l’archevêque de Reims, ne se range pas aux capitula de Quierzy se sépare de l’unité de l’Église. Et pourtant l’entente si désirable n’était pas loin. Ce fut l’œuvre du concile de Thuzey.

V. LE CONCILE DE THUZEY (TULLENSE SECUSDUM) (860). — Le 22 octobre 860, un concile national réunit à Thuzey (tout près de Vaucouleurs) les trois rois Charles le Chauve, Lothaire II de Lorraine et Charles de Provence, douze métropolitains et des évêques de quatorze provinces. Les collections conciliaires l’appellent le Concilium Tullense secundum.

Des actes de ce concile, seul nous intéresse le second, une longue lettre synodale rédigée par Hincmar et adressée Ad rerum ecclesiaslicarum pervasores et ad pauperum prædalores (Mansi, Concil, t. xv, col. 563 ; Hincmar, dans P. L., t. cxxvi, col. 122-132) et datée du 22 octobre 860. Le concile avait à mettre au point la question de la prédestination. Au lieu de reprendre les formules qui avaient divisé, on trouva plus opportun de ne pas mentionner les points de dissentiment et de se borner à indiquer les principes sur lesquels tout le monde se rencontrait ; il s’ensuit que les opinions divergentes sont plutôt juxtaposées que synthétisées, et qu’il n’est pas facile de voir sur quels points on était arrivé à se mettre d’accord.

Cette lettre est adressée à tous les fidèles, sa suscription le montre, ainsi que le contenu ; son but pra tique est de réprouver les voleurs de biens d’Église, pervasores rerum ecclesiaslicarum, mais sa première partie est dogmatique et contient une sorte d’aperçu des grandes vérités du christianisme, d’ailleurs assez mal ordonné, mais plein d’heureuses formules sur lesquelles l’accord se faisait spontanément.

On y trouve d’abord de belles considérations sur les attributs divins et notamment l’immutabilité divine (que Gotescale croyait compromise, si on niait la prédestination éternelle des réprouvés). Le Dieu immuable a créé toutes choses ; il a doté du libre arbitre deux sortes de créatures, duas quoque harum creaturarum suarum rationales creaturas, scilicet angelicam et humanam, imaginis et similitudinis suée dote dilatas, cum libero arbilrio condidit, pour qu’elles soient bonnes par choix, comme il est bon par nature et par essence. Elles peuvent pécher, ce que Dieu ne peut pas. Elles n’en sont pas moins à son image mais ne sont pas son image, ce qui est réservé à son Fils. Dieu ne veut pas, ne peut vouloir mourir, ni être injuste, ni faire le mal, ni le faire faire. Il n’en est pas moins tout-puissant ; au contraire, quiconque peut tout cela est nécessairement dépourvu de la toute-puissance. Au ciel et sur terre, Dieu fait tout ce qu’il veut et rien n’arrive, sinon ce qu’il fait par bonté ou permet par justice : nisi quod ipse aul propitius facit, aul fieri juste permittil. Il veut que tous soient sauvés : qui vult omnes homines salvos fieri et neminem vult perire. Il ne leur a pas retiré le libre arbitre, même après la chute : sed juslus Dominus justitiam diligens et iniquilalem non volens, eis quos ad imaginem et similitudinem suam fecit, nec post primi hominis casum vull tollere violenter suse voluntatis arbilrium liberum, quibus reddere paralus est merilum. Les textes de l’Écriture prouvent qu’il guérit, délivre et aide le libre arbitre et, par la grâce, le met à même de vouloir, de commencer, de continuer et d’achever le bien : Post casum primi fwminis inest homini ad volendum et ad bonum incipiendum et perficiendum atque in bono perseverandum liberum arbilrium gratia liberatum et gratia de corruplo sanalum, gratia præventum, adjulum et coronandum. Après la chute, l’homme qui s’écarte du bien et progresse dans le mal possède le libre arbitre ; mais libre de la justice et esclave du péché. Par le péché, périront ceux qui s’éloignent de Dieu lequel veut rassembler les fils de Jérusalem. Le salut est l’effet de la grâce, mais la condamnation, le fait de la liberté : Unde, quia gratia Dei est, salvatur mundus, et quia inest liberum arbilrium hominis judicabitur mundus. Des deux sortes d’êtres intelligents qu’il avait faits, Dieu mit au ciel les anges, pour le connaître et le louer. Mais une partie d’entre eux, dans l’ivresse et l’orgueil de leur liberté, tombèrent et leur chute les réduisit à ne plus pouvoir ni vouloir être bons, ut non velinl nec possinl esse boni, tandis que les autres, demeurant librement dans la volonté de leur Créateur, reçoivent en présent par grâce et par justice ce que Dieu a par essence, de ne pas vouloir ni pouvoir être mauvais : Sicul et illi qui per liberum arbilrium in voluntate Conditoris permanseruil, ipsius gratia et relributione juslitiæ, acceperunt in munere, quod Creator, cujus signaculum similitudinis sunt, habel essenlia, ut non velinl, nec valeant esse mali. La lettre parle ensuite de la nature humaine composée d’âme et de corps ; de la création de l’homme du limon de la terre ; de la femme, tirée de l’homme ; en le formant ainsi, Dieu faisait voir que l’auteur de toute chair s’incarnerait un jour dans le sein d’une vierge. Celui qui est mort sur la croix pour tous ceux qui étaient voués à la mort, quoiqu’il fût seul à ne pas être tributaire de la mort, celui qui est le fils prédestiné de Dieu et le chef de tous les prédestinés, a voulu constituer son Église avec tous ceux qui croiraient en lui, qu’ils eussent vécu avant ou après sa venue, car telle est