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PRÉDESTINATION. LE CONCILE DE OUIEHZY


contraindre ouïes nécessiter au mal.C. xxix.col. 1 1° 3ti. Hincmar accepte la prédestination de la peine aux méchants. La logique veut qu’il confesse la prédestination corrélative des méchants à la peine. C. xxx, col. 1037, Gotescale a raison contre Hincmar dans l’interprétation de nombreux passages de l’Écriture. Hincmar veut que saint Augustin se soit rétracté dans VHypomnesticon sur le point de la prédestination des impies à la peine ; cet ouvrage est apocryphe. Hincmar a tort de dire qu’Augustin ne parle pas de la prédestination des réprouvés dans le De dono perseveranlise, et le De prædestinalione sanctorum. C. xxxvi, col. 1067. Il explique mal en quoi consiste le dommage subi par le libre arbitre. Le libre arbitre, c’est-à-dire la volonté du bien, est mort par le péché comme l’âme elle-même : Xullutenus crederutam est quod, in primo Iwmine, nwrlua anima per peeeatum, non fuerit voluntas morlua eodem pecealo. C. xxxvii. Mais cette bonne volonté revit, comme on l’a expliqué. Pour Hincmar, le bien que nous faisons est à Dieu et à nous. Le Liber, qui comprend qu’Hincmar établit je ne sais quel partage, rectifie : « Pas de partage. Tout notre bien est de Dieu. Rien ne vient de nous comme de nous. » Bonum ilaque nostrwm lolurh Dei est, quia totum ex Deo est : et nihil boni nostrum est quia nihil boni nostri ex nobis est. Et ideo muni/este, ut juxla formant patentée doetrinæ potins loquamur, omne bonum nostrum et totum Dei est donundo et totum nostrum aecipiendo.

Le Liber répond ensuite à Pardulus, auxe. xxxix-xl. Il conteste l’authenticité hiéronymienne d’un livre De induralione cordis pharaonis, mais lui-même cite comme de saint Jérôme un texte de Pelage dans sa profession au pape Innocent I er. Col. 1053. Il déplore que des évêques se soient fait injure à eux-mêmes en faisant écrire sur des sujets si hauts Amalaire et Scot : le premier a infecté de ses erreurs, autant qu’il a pu, toute la France et même d’autres contrées. Au lieu de l’interroger sur la foi, on aurait dû brûler ses livres. Mais Scot est pire encore. Col. 1054-1055.

Enfin est abordée la lettre de Rhaban à Noting. Elle est en dehors de la question. Il veut prouver que Dieu ne prédestine pas les impies à être impies, qu’il ne les met pas dans la nécessité d’être tels ; mais qui a jamais soutenu pareil blasphème ? Par où l’on voit que Rhaban qui accusait Gotescale d’enseigner cette horrible doctrine n’en imposait pas à l’archevêque de Lyon. Le point est de savoir si Dieu prédestine au châtiment ceux dont il prévoit l’obstination dans le mal. Rhaban Maur ne s’en occupe pas. C. xli. Il perd son temps à montrer, par VHypomnesticon, qu’il ne saurait être question, en bonne doctrine augustinienne et catholique, de prédestination pour les réprouvés. Rhaban a tort de déclarer hérétique le principe de Gotescale : aucun des prédestinés à la vie ne peut périr. C. xlii. Au contraire, les réprouvés peuvent faire leur salut, car la réprobation n’entraîne pas la nécessité du péché. (Le Liber n’a pas ici des notions très homogènes. Le réprouvé peut se sauver, mais aussi bien le prédestiné peut se perdre in sensu diviso. Mais ni l’un ni l’autre ne peuvent in sensu composilo mettre en échec l’infaillible prédestination. Tandis que le Liber déclare : il est très vrai que le prédestiné ne peut se perdre ; au contraire, le réprouvé peut se sauver.)

La suite présente moins d’intérêt. L’aut’ur s’y met parfois dans son tort, par exemple en prétendant, c. xi. iii, que Dieu imputera aux damnés jusqu’aux fautes qui leur auront été remises par le baptême. Il répond finalement à sept objections de Rhaban. C. xi.vii, col. 1064.

A peu près au même moment un auteur inconnu composa un traité : De gênerait per Adam damnatione omnium et speciali per Christum ex eadem ereptione elerlorum. P. L., t. cxxi, col. 1067-1084.

Plus tard, après le concile de QuierZy de 853, l’auteur du Liber de tribus epislolis écrivit encore un Libellus de tenenda immobililer Scriplurse veritate et sanctorum orthodoxorum Patrum auctorilale fldeliter seclanda. P. L., t. cxxi, col. 1083-1184. Nous en parlerons en son lieu, après avoir analysé les canons de ce concile.

Pour le moment, qu’il sullise de remarquer combien vive était l’opposition entre les deux partis. Les questions de personnes engagées nuisaient certainement à la sérénité de la discussion théologique. Los caractères et les tempéraments se heurtaient plus encore peut-être que les doctrines proprement dites.

II. Les conciles du ix 1 siècle. — A partir de 853 ce ne furent plus seulement les théologiens qui s’opposèrent les uns aux autres ; les assemblées conciliaires vont elles-mêmes entrer en lutte.

I. LE CONCILE 1>E QUIERZY (853). — Le concile tenu à Soissons en avril 853 ne s’occupa pas de l’affaire de Gotescalc, sans doute parce qu’il y avait assez d’autres affaires à régler. La réponse de l’Église de Lyon n’était probablement pas encore parvenue à Hincmar et à Pardulus. Mais une nouvelle réunion se tint peu de temps après à Quierzy. A l’issue, le roi Charles le Chauve publia, en les contresignant, les quatre eapilula qu’Hincmar avait très rapidement élaborés et fait souscrire par les évêques : Karolus inde (de Soissons) ad Carisiacum (Quierzy) veniens cum quibusdam episcopis et abbatibus monasticis qualluor eapilula edidit et propria subscriplione roboravit. Quorum primum est : a Deo neminem prædestinalum ad peenam, unamque Dei esse pnedeslinalionem, qux ad donum pertinel gratiæ qut ad relributionem justitise, Seeundum : liberum arbilrium, quod in primo online l>erdidimus, nobis pnvvenicnle et adjuvante Christi gralia reddilum. Tertium : relie Deum generaliler omnes homines suli’os fleri, lieel non omnes salventur. Quartum : Christi sanguinem pro on -ni bus fusum, licet non omnes passionis mijslcrio redimantur. Annales ISerliniani, an. 853, P. L., t. cxv, col. 1408.

Ce résumé est fidèle : voici le texte et la traduction de ces canons (Denzinger, n. 316-319 ; Cavallera, Thésaurus, n. 681) :

1. (Quod tantum sit una pnedestinatio Dei.)

Deus omnipotens homiLe Dieu tout-puissant créa nem sine peccato rectum l’homme sans péché, droit, et

cum libero arbitrio condidit, et in paradiso posuit, quem in sanctitate justifia 1 permanere voluit. Homo libeio arbitrio mate utens peccavit et cecidit et factus est massa perditionis totius generis humani. Deus autem bonus et justus elegi ! ex eadem

le plaça au paradis. Il voulait qu’il y demeurât dans la sainteté de la justice. L’homme, usant mal de son libre arbitre, tomba et devint la masse perdue du genre humain tout entier. Mais le Dieu bon et juste choisit, de cette masse de perdition.

massa perditionis. seeundum selon sa prescience, ceux qu’il

prœscientiam sinon, quos lier gratiam prsedestinavit (Rom., viii, 29 ; Eph., i, 1 1 lad vitam, et vitam illïs prsed «  tinavit a>ternam ; ceteros autem. quos justifia’judicio in massa perditionis reliquit, perituros prsescivlt, sed non ut périrent prsedestinavit ; ’pœnam autem illis, quia just us est. prsedestinavit aeternam. Ac per hoc iinani Dei prédestinât ionem tantummodo dicimus, quæ aul ad donum pertinel gratiæ, aul

prédestine par grâce à la vie ; et à ceux-D, il prédestina la vie éternelle. Les autres que, par te jugement de sa justice, il laissa dans la masse de perdition, il prévit qu’ils périraient, mais il ne les prédestina pas à périr ; cependant, parce qu’il est juste, il leur prédestina la peine éternelle. Ainsi nous ne parlons que d’une sente prédestinai i"i de I lieu, qui s.’rai laclie soit au don de la grâce, soit a la rétribution de la justice.

ad letributionem justitise.

2. (Quod Liberum homlnis arbitrium per gratiam sanetur.)

Libertatem arbitrii in Nous avons perdu la

1 rimo homtne perdidimus, liberté dans le premier

quam per Christum Domihomme, nous l’avons [à nou-