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2917 PRÉDESTINATION. INTERVENTION DE L’ÉGLISE DE LYON 2918

t’ « . il mfaut pas, pour établir la prédestination, s’appuyer seulement sur les passages où ces mots se trouvent, mais faire aussi état « le ceux qui, sans contenir le mot, expriment nettement la chose, comme l’a fait saint Augustin. Col.’.)’.)" H.

7. Régula est… « ut neque de electis Dei ullum perire posse credamus, neque de reprobis aliquem salvari ullatenus existimemus. Ce n’est pas parce que ces derniers ne peuvent changer du mal au bien, mais parce qu’ils ne le veulent pas et persévèrent jusqu’au bout dans leurs œuvres mauvaises.

Et quia hoc (Deus) verissime pra-scivit, juste omnino taies perditioni a-terme prsedestinavit. Quod ergo non possunt salvari eorum est vitium, quia nolunt, non Dei (quod absit) aliqua iniquitas qui erga illos et veraxsemper exslitit in prsescientia sua et jus tus in judicio suo. Pour les enfants qui mourront sans baptême, Dieu n’est pas injuste en les réprouvant, car Dieu ne condamne pas en eux la nature humaine qu’il avait bien faite, mais la faute originelle.

Ces règles posées, le Liber examine l’une après l’autre les propositions de Gotescalc, sur la double prédestination, la volonté salvifique restreinte, la valeur de la mort du Christ, le libre arbitre.

Il y a bien deux prédestinations : au salut et au châtiment. Que si quelqu’un s’en scandalise, comme si cela mettait les réprouvés dans la nécessité de pécher, il faudrait seulement leur expliquer qu’il n’en est rien. El si qui sunt, qui ex hoc scandalizari videantur, lanquam per islud prxdestinationis verbum nécessitas maie agendi cuiquam imposita esse signi/ïeetur, instruendi poiius fuerunt et breviler ac lucide doeendi, quod Deus neminem prædeslinaveril ad peccatum, sed ad luendum supplicium pro peccalo. Nec ista prsedestinatione aliquem cogat ad maie agendum, sed poiius declaret judicem juslum qui et peccala ficri noluil et facla juste se punittirum esse pnvscivil, juste se puniturum et esse prsedesiiuwit. C. viii, col. 1002-1003.

Il ne fait pas de doute pour l’auteur que cette doctrine de la double prédestination soit la vraie pensée des Pères et il conclut après avoir rappelé des témoignages de Léon et Grégoire : Ecce beatissimi Patres Ecelesiæ uno sensu, uno ore, quia et uno spiritu divinee præscientise et prædeslinationis immobilem verilaletn in utraque parte, eleclorum scilicet et reproborum prwdicanl et c.ommendanl. Electorum utique ad gloriam, reproborum vero, non ad culpam sed ad peenam. lit ce sont là des dispositions éternelles et immuables. Aucun élu ne peut donc périr ; aucun réprouvé ne peut être sauvé à cause de la dureté de son cœur. L’Écriture dit la même chose : « Qu’on blâme la légèreté, la témérité, le bavardage inopportun de Gotescalc, ce n’est pas une raison pour nier la vérité… Quajiropler et si illius <> miserabilis monachi » improbatur levitas, … lemerilas, culpatur importuna loquacilas, non ideo neganda est verilas… et il reprend à peu près les deux premières propositions imputées à Gotescalc. Col. 1004-1005.

Son troisième principe, que Dieu veut seulement le salut de ceux qui, effectivement, se sauvent, n’est pas non plus une hérésie, les Pères ayant déjà parlé à peu près de même pour expliquer que, de fait, tous ne se sauvent pas. Le texte de Timothée est difficile à expliquer. Tous doivent respecter les diverses interprétations qu’on en propose dans l’Église à la suite de saint Augustin (Dieu prend ses élus partout : personne n’est sauvé que par lui ; Dieu nous inspire de vouloir le salut de tous les hommes), pourvu qu’on rejette l’explication pélagienne : Dieu veut également sauver tout le monde, mais ne prédestine qu’en raison des bonnes œuvres qu’il prévoit. Col. 1010. Il faut s’en tenir à ce qui est certain, ne pas condamner sévèrement les esprits contentieux qui parlent d’une manière choquante, mais tâcher de les calmer. C’est un reproche discret à Hincmar et aux membres du synode de 849.

Ce que dit Gotescale de la mort du Christ peut s’entendre : Le Christ n’est certainement pas mort pro omni illa innumerabili et infinila multitudine impiorum

qui ab exordio mundi usque ad passionem iJotiiini … in sua impielate inortui sunt. Il est mort pour tous ceux qui croient et persévèrent dans la foi qui agit par la charité. Il est mort aussi pour ceux qui, à un moment ou à l’autre, ont été appelés à la foi, mais n’ont pas persévéré. Mais c’est là encore un point délicat. Les Pères ne s’expriment pas tous de la même façon. Certains préfèrent dire qu’il est mort pour tous : qu’on respecte leur manière de parler. C. xiv-xx, col. 10131022 ; cf. De tenenda veritate, c.xii, col. 1110.

Au sujet du libre arbitre, il est invraisemblable que Gotescale soutienne la proposition que lui attribue Rémi, à savoir qu’après la chute personne ne peut plus user du libre arbitre pour faire le bien, mais seulement pour faire le mal, en sorte que le bien ne puisse jamais être attribué à la coopération de la volonté humaine, mais à la grâce seule et que les fidèles eux-mêmes ne coopèrent pas au bien que la grâce leur donne d’accomplir. C’est une incroyable énormité qu’aucun catholique n’a jamais soutenue : Quod est utique non solum mirabile et inauditum sed quantum nobis videtur, eliam incredibile, ut omnes inter fidèles et a fidelibus nutrilus et eruditus et in ecclesiaslicorum Palrum scriplis, non parum e.vercilatus hoc dicere vel senlire potuerit.

S’il avait dit que personne ne peut user de sa liberté pour le bien sans la grâce, ce serait une affirmation catholique. Si enim dixisset generaliler : « nemo l.ominum », et addidissel « sine gratia Dei >, et ila subjungeret « libero bene uli potest arbitrio » csscl catholicus sensus et catholica omnino assertio. Col. 1023. Notre libre arbitre, sain en Adam, est malade du fait c’e la chute. Il était vivant, il est mort, mais cette mort n’est pas une destruction substantielle : Son perdidil naturam, sed bonum naturæ, non perdidil velle, sed bonum velle. L’âme qui meurt par le péché ne perd pas sa nature : moritur, non abolilione subslanliæ sed amissione verse vilse quod illi Deus est. Col. 1024.

Mais le Christ nous a guéris et libérés en nous arrachant à la servitude du péché. Idipsum namque liberum arbitrium, id est ipsa humanæ mentis bona et recta volunias, cum qua homo bonus et reclus conditus /ueral, … ipsa erat ante peccatum libéra, ipsa facla est per peccatum serviluti obnoxia, ipsa fit per justificantem gratiam liberala… Vraiment perdu et vraiment restauré, il se renouvelle de jour en jour. Il est incapable d’œuvres vives chez les infidèles et les bonnes actions de ceux-ci peuvent, à certains égards, être appelés des péchés. Col. 1024-1025.

Passant à la seconde partie de la lettre d’Hincmar, le Liber blâme sévèrement les rigueurs dont on a usé envers Gotescalc. Il n’appartenait pas à des moines mais aux seuls évêques de le condamner. Il était à demi-mort (pêne emoriens) quand on le força à jeter son écrit au feu. Pourquoi avoir agi autrement qu’avec les autres hérétiques qu’on s’efforce de persuac’er ? Il fallait réprimer ses excès de langage, mais en respectant la vérité divine. Et, sauf la dernière sur le libre arbitre, les docttines exprimées dans le libelle ne sont pas des opinions personnelles hasardeuses mais l’enseignement reçu ; maxime cum illi sensus’qui ipso conlinebantur libelle, exceplo uno qui extremus ponitur, non essent sui, sed ecclesiaslici… On devrait adoucir sa détention ou y mettre lin. Tant de rigueurs et de si longues, ne sont lionnes qu’à le désespérer. Col. 1030.

Hincmar avait formulé dans sa lettre la doctrine qu’il opposait comme vérité catholique aux excès de Gotescalc, le Liber en fait maintenant l’examen. L’archevêque de Reims veut absolument que le Christ soit mort pour tous, alors que l’Écriture dit simplement plusieurs ou beaucoup. C. xxvii. Il ne veut pas entendre parler d’une double prédestination, cependant il est constant que Dieu prédestine les méchants à la mort, interitum, c. xxviii, col. 1035, sans d’ailleuis les