Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/734

Cette page n’a pas encore été corrigée

2 s ; » :.

    1. PRÉDESTINATION’##


PRÉDESTINATION’. S. AUGUSTIN, CONCLUSION

2896

mm qualis in » rima conditione donala est, sire oitiata aaturx qualescumaue reliquias, nùnis quantum existimo, absurdum est. De præd. sanet., v, 10. t. xi.iv, col. 967. Paul ne parle-t-U pas d’un discernement ? Or, les dons naturels, que tout le monde possède, ne peuvent y servir, mais seulement les dons surnaturels comme la foi. la justice et autres. L’Apôtre prévient l’arrogance de ceux qui s’en prévaudraient : Talibus occurrens cogitationibus bonus doclor : « Quid aulern habes, inquit, quod non accepisti ? > Ibid. Ils les ont reçus de celui-là même qui discerne en les distribuant à son gré.

Et le théologien, en saint Augustin, de donner raison à l’exégète par une distinction ; ce qui est essentiel à la nature, c’est de pouvoir avoir la foi, comme de pouvoir avoir la charité, mais non de les avoir de fait : Proinde posse habere /idem, sicut posse habere charitatem naturæ est hoihinum, habere autem [idem, quemadmodum habere charitatem gratin est ftdelium. Ce n’est donc pas la possibilité naturelle d’avoir la foi qui peut être une base de discernement, tandis que la foi du fidèle le distingue d’avec l’infidèle : Ipsa vero fldes discernil ab infideli fidelem. Ibid.

Sur les difficultés enfin que pouvait créer le passage paulinien sur la volonté salvitique universelle, nous nous sommes expliqué, plus haut.

2. Contradictions.

Enfin les semi-pélagiens allaient jusqu’à opposer à saint Augustin ses propres paroles. Expliquant la venue apparemment tardive du Christ dans le monde, Episl., en, 14, 15, le saint docteur avait fait appel à la prescience divine : Tune faillisse hominibus apparere Christum, apud eos prsedicari doctrinam suam, quando sciebat et ubi sciebat esse qui in eum (itérant credituri. De præd. sanct.. ix, 17, t. xliv, col. 973. Pourquoi donc refusait-il d’expliquer par elle la prédestination des élus ? Mais le saint docteur de remettre les choses au point, ’fout d’abord, en invoquant la prescience divine, il n’avait point prétendu épuiser la question : Sine priejudicio eliam aliarum forte causarum, quee a prudentibus vestiqari queunl. De plus cette explication laissait intacte la question de la gratuité de la foi et de la prédestination. Rien de plus vrai que la prescience du Christ relative à ses futurs fidèles : Quid enim est vertus quam prsrscisse Christum qui et quando et quibus locis in eum /ueranl credituri. Mais restait à savoir si ces fidèles auraient la foi par eux-mêmes ou la recevraient de Dieu comme un don. Augustin n’avait pas cru nécessaire, à ce momentlà, de l’élucider : Sed ulrum. prædicato sibi Christo, a se ipsis habituri essent fidem, an Deo douante sumpturi, id est utrum tantummodo eos prwscierit (de cette prescience qui est étrangère à la prédestination), an eliam prsedestinaveril Deus, quærere utque disserere tune necessarium non pulavi. Ibid.

.Même insuccès de l’objection qui se fondait sur ces autres paroles : « le salut est pour ceux qui en sont dignes ». Le saint docteur n’avait eu qu’à préciser d’où venait cette dignité pour affirmer, une fois de plus, la gratuité absolue de la prédestination qui est l’alpha et l’oméga de son inébranlable doctrine : Si disculiatur et qiueratur unde quisque sit dignus, non desunt qui dicant voluntate humana : nos autem dicimus, grutiu uel prsedestinalione divina. Ibid., x, 19, col. 974.

VI. Conclusion : la définition augustinienne de la prédestination. — Nous avons déjà rencontré plusieurs définitions de la prédestination par saint Augustin. Celle dont nous allons montrer la richesse, il la formula, en bon philosophe, presque à la fin de l’ouvrage qui devait la légitimer, comme le fruit mûr de ses longues investigations. Seul le génie du grand docteur pouvait suppléer aux siècles de labeur philosophique et théologique que suppose une définition, digne de ce nom, c’est-à-dire compréhensive, en sa brièveté, d’une science tout entière. Augustin écrivait

donc dans le De dono perseverantiw : Hicc est priedestinatio sanctorum nihil àliud ; preescientia scilicet et prseparalio benefteiorum bei. quibus certissùne liberantur quicumque liberantur. xiv, 35, t. xlv, col. 1014. Connaissant le caractère de son enseignement, nous serions vains de voir là, exprimés en forme, un genre prochain et une différence spécifique. Augustin définit ainsi non l’imperium de l’acte divin, mais la prédestination globale, adeequale sumpta, dira-t-on plus tard.

Nous retrouvons l’idée du choix, en tant que point précis du mystère de la prédestination dans l’indétermination intentionnelle du pronom quicumque, qui fait songer au quos » ra’scivit de saint Paul.

L’ordre éternel est impliqué dans le caractère d’antériorité que revêtent la prescience et la pnvparatio benefteiorum. On remarquera qu’Augustin ne mentionne pas l’élection comme appartenant à cet ordre, mais nous avons vu que la prescience, celle qui intègre la prédestination, est une prescience élective.

L’ordre de la réalisation dans le temps est notifié par le résultat même de la prédestination : quibus certissime liberantur. îl s’agit d’une libération de fait.

Le principe augustinien de la permission divine du mal, ainsi que la maleria circa quam de la prédestination, sont suggérés par cette libération, cet affranchissement qui évoquent la marsa darhnationis. Nous avons vu. en effet, que l’action de la grâce dans la réalisation de la prédestination, allait à rendre à elle-même la liberté humaine, victime au moment du péché originel, de sa propre abdication.

La transcendance de l’action divine et la subordination de l’action humaine, en un mot l’efficacité non nécessitante de la grâce, tiennent merveilleusement dans ce mot liberantur. Il indique, certes, une passivité et, pour autant, affirme l’action divine, mais en quoi consiste pour l’homme cette passivité, sinon à recevoir de Dieu l’exercice même de sa propre liberté : Agit Omnipotens in cordibus hominum eliam motum voluntatis eorum. De grat. et lib. urb., xxi, 42, t. xliv, col. 908.

L’infaillibilité de la prédestination est expressément signifiée : certissime liberantur. Il faut en chercher la raison, comme nous l’avons établi longuement, dans l’infaillibilité de la prescience, ayant elle-même pour objet l’action de Dieu : Quse danda essent et quibus danda essent Deum non præscire non potuisse, De dono pers., xvii, 43, t. xlv, - col. 1020, et nullement l’action de l’homme ni ses mérites futurs, qui, en tant que futurs, seraient pour Dieu contradictoires : in præscientia Dei non fuluris.

Enfin l’absolue gratuité de la prédestination envahit la définition augustinienne tout entière. Elle est liée à l’impossible détermination par l’homme des prédestinés : quicumque. L’homme ne saurait en effet donner des raisons du choix divin. L’action divine qui a toute initiative dans l’ordre d’intention ( prwscientia et prœparalio), une efficacité intrinsèque dans l’ordre d’exécution (quibus certissime liberantur). en un mot. la grâce (benefteiorum Dei), qui réalise la prédestination, ne laisse aucune place aux mérites antécédents de l’homme et rend absurde leur prévision comme règle du plan divin.

Ajoutons que la définition de saint Augustin perd toute cohérence, si la libération dont elle parle n’est pas définitive, et les bienfaits de Dieu sans repentanec, bref si Augustin n’entend pas définir exclusivement la prédestination gratuite et infaillible des élus ad gloriam. Htec est prædestinatio sanctorum, nihil aliud : preescientia scilicet et prasparatio bar l’iciorum Dei, quibus certissime liberantur, quicumque liberantur,

.]. Saint-Martin.