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IMIOTIUS. LA RESTAURATION


d’Antioche et de Jérusalem ; vinrent ensuite Basile et ses deux fils aînés, enfin les 37 archevêques ou métropolites el les 65 évêques qui avaient figuré à la dernière séance. Un accord parfait semblait à nouveau réalisé entre l’Ancienne et la Nouvelle Home. Qui pouvait, douter de sa solidité, alors qu’on lisait au canon 2 e que, le concile tenait le pape Nicolas pour l’organe du Saint-Esprit, aussi bien que son successeur, le pape Adrien : tov [xocxapicoTOCTOV rabrav Nix6Xaov à>ç ôpyzvov toû àyîou IIvéu[AaTOÇ s/ovtsç xal tov èxetvou StàSoxov -rôv àyiwraTOv Ttàncuv’ASpicwôv.

Pour qui néanmoins eût été au courant de divers incidents qui se passèrent autour du concile, il n’eût pas été difficile de voir quels germes de mésintelligence avaient été déposés. D’une part, la tension avait grandi entre les 1 représentants de Rome et le basileus ; d’autre part, la question bulgare venait de surgir à nouveau, qui allait contribuer à détacher lentement de Rome le patriarche Ignace.

Renvoyant à un peu plus tard l’étude de l’incident bulgare, nous allons poser ici la question des démêlés qui éclatèrent entre les légats et l’empereur. Ils nous sont connus exclusivement par les deux sources romaines : le Liber pontificalis, Vita Hadriani, t. ii, p. 181-182, et par une note qu’Anastase a insérée, vers la fin du procès-verbal de la i re session. Hardouin, t. v, col. 775 ; Mansi, t. xvi, col. 29 ; P. L., t. cxxix, col. 3839. Il faut d’abord distinguer cet incident d’un autre que le Liber pontificalis rapporte en premier lieu. Avant la signature, les légats romains, profitant de la présence d’Anastase et de sa connaissance du grec, font reviser par lui les procès-verbaux, auxquels devaient être apposées les signatures ; y ayant constaté des omissions relatives surtout au titre impérial de Louis II, ils s’en plaignent très vivement et déclarent qu’ils ne signeront que ad référendum. C’est après cela, his expletis, que se place une affaire beaucoup plus grave : Les libelli satisfactionis qu’avaient dû signer les prélats grecs pour avoir le droit de siéger au concile et que les légats conservaient par devers eux pour les rapporter à Rome leur furent volés, pendant leur absence, par les gens du basileus chargés de leur garde. Le coup avait été fait à la demande des intéressés, fort mécontents de laisser entre les mains de la curie la preuve de leur soumission. L’affaire, on s’en doute, fit beaucoup de bruit ; les légats protestèrent avec vigueur contre ces procédés et, dit le Liber, encoururent de ce chef la colère du basileus, imperaloris iram vehementer incu.rru.nt. Anastase s’interposa et essaya d’arranger les choses. Les papiers volés furent rendus ; mais de tels incidents en disent long sur l’état d’esprit tant du basileus que de l’épiscopat grec. En somme, on se pliait pour l’instant aux exigences de Rome, mais c’était de très mauvaise grâce. Malgré l’apparent succès que constituait la dernière séance du concile, de part et d’autre, l’on était aigri.

M. Vogt, Basile I", p. 225, essaie de mettre le dernier incident dans la longue interruption qui sépare la vme de la ixe session. Il faut, pour cela, solliciter énergiqUement le texte du Liber pontificalis et même le texte d’Anastase qui place l’affaire des libelli après que tous eurent signé leurs déclarations : postquam omnes chirographa sua scripserunt, ce qui suppose une date assez tardive. Néanmoins, comme nous l’avons insinué ci-dessus, col. 1580, il n’est pas impossible que des incidents analogues aient eu lieu pendant les trois mois d’interruption, de novembre à février. Le 29 octobre, à la seconde comparution de Photius, le basileus, qui était présent à la séance, a demandé sur l’affaire un débat contradictoire ; celui-ci a été refusé par les légats, Photius a été anathématisé. Mais, sans doute, les conversations auront continué dans les couloirs sur le différend qui sépare les légats et le basileus.

Finalement, on tient encore la séance du 5 novembre ; mais, après cela, la tension est si violente que le concile est ajourné sine die. Ne faudrait-il pas rapporter à cette période un incident qui ne nous est connu, et fort mal d’ailleurs, que par une de ces pièces qui figurent dans la IIP partie des actes grecs du VIIIe concile ? Ci-dessus, col. 1552. Il s’agit d’une lettre du pape Etienne V (885-891), écrite sans doute en 885 et où celui-ci se plaint vivement de l’attitude de Basile I er à l’endroit du pape Marin I er, que l’empereur avait refusé de reconnaître. D’où vient cette animosité du basileus contre Marin ? « C’est pour avoir pensé comme le pape Nicolas, pour avoir voulu exécuter les prescriptions de celui-ci que le pieux Marin est tombé chez vous dans une telle mésestime et, comme on l’a dit (remarquer cette incise, Etienne V n’est pas très sûr de ce qu’il avance), pour s’être joint aux opposants, pour avoir détruit et annulé ce qui avait été fait en synode par lui en présence de votre majesté, Stà to… zà 7T0cp’aÙTOÛ èvw7Uov ttjç (îaaiÀeîaç û|xcôv Trpa/fJcvra xaTaXûcrai. xal àxupwaat. (Le 7tap’auToû fait difficulté ; à qui se rapporte aù-rôç, pas à Nicolas certainement ; à Photius dont il est question beaucoup plus haut ? à Marin, en comprenant roxp’aÛToû ?) Et donc Marin, à cause de cela même, fut gardé aux arrêts pendant trente jours, ce qui est plutôt un honneur pour lui. » Le texte n’est pas limpide. On l’entend d’ordinaire d’une seconde mission de Marin à Constantinople, sur laquelle, d’ailleurs, nous n’avons pas d’autres renseignements. Voir ci-dessous, col. 1592 sq. Serait-il interdit de le rapporter à cette période de 869-870, pour laquelle nous savons avec certitude que Marin était dans la capitale, et précisément à cette époque de tension entre le Sacré Palais et les légats romains ? Jusqu’à quel point, d’ailleurs, les faits sont-ils déformés et grossis à quinze ans d’intervalle, c’est ce que l’on peut se demander et l’on aura remarqué qu’Etienne V ne prend pas la responsabilité de l’affirmation. C’était un « on dit » qui courait à la curie, en 885, et qui était destiné à expliquer l’attitude de Basile I er à l’endroit de Marin. Restons-en sur un non liquel.

Mais retenons que le VIIIe concile ne fut pas pour l’Église" de Rome une joie sans mélange. Bien des indices montraient que, si Basile I er avait écarté Photius, celui-ci n’avait pas dit son dernier mot.

III. La restauration de Photius. Sa réconciliation avec Rome. — 1° Causes qui amènent la tension entre Ignace et Rome. 2° La réintégration de Photius. 3° Sa reconnaissance par Jean VIII. 4° Le concile de 879-880.

I. LA TENSION CROISSANTE ENTRE IGNACE ET HOME.

— Si l’on veut comprendre pleinement l’attitude que Rome prendra le jour où elle apprendra que Photius est pacifiquement remonté sur le trône patriarcal, il est impossible de négliger le revirement qui s’était produit, dans les dispositions de la curie, à l’endroit d’Ignace. Entre 862 et 869, les papes ne voient, ne jurent que par lui ; en 878, une sommation péremptoire lui est adressée, le menaçant d’excommunication. Comment en était-on venu à cet état d’esprit ? on ne le comprendra qu’en suivant le développement de l’affaire bulgare.

1° Le revirement du roi de Bulgarie, Boris. Les Bulgares au VIIIe concile. — Nous avons laissé, col. 1572, en Bulgarie, la deuxième mission envoyée en 867 par le pape Nicolas et dirigée par les deux évêques, Dominique de Trévi et Grimoald de Polimarti. Ce dernier devait demeurer dans le pays, tandis que Formose, pour les raisons que nous avons dites, était prié de quitter les lieux. La Vita Hadriani, dans le Liber pontificalis, raconte en détail les allées et venues qui eurent lieu entre Rome et la Bulgarie, au cours des années 868 et 869. Boris s’obstinait à ne vouloir comme patriarche